CONVICTIONS. Enseignante de formation et récemment élue coprésidente du PRG 31, Françoise Laborde se consacre entièrement à la politique depuis son accession au Sénat en 2008. Mais avant tout pour défendre ses sujets de prédilection, la laïcité et l’égalité homme/femme.
« J’ai un nom qui trompe l’ennemi », avance malicieusement Françoise Laborde. Non seulement la sénatrice de Haute-Garonne n’a rien à voir avec l’ancienne présentatrice de la météo, mais ce patronyme typique du sud-ouest ne traduit pas non plus son origine. C’est celui de son ex-mari qu’elle a gardé par commodité. Françoise Laborde est née dans le Val-de-Marne de parents bretons et picards. « Des provinciaux du nord qui ont émigré dans la région parisienne. Mon père était un dessinateur industriel devenu ingénieur grâce aux cours du soir, à la force du poignet », raconte la parlementaire. Un père gaulliste qui fut prisonnier de guerre en Allemagne et dont le « parcours à l’ancienne » explique sûrement en partie les engagements tenaces de celle que certains décrivent comme une hussarde de la République. Assez tôt, Françoise Laborde se découvre une vocation d’enseignante, fait partie de la dernière promo à faire l’École Normale en deux ans et débute à Paris dans des quartiers difficiles. C’est en 1984 qu’elle débarque à Blagnac pour suivre son mari de l’époque embauché chez Airbus. « La politique est venue progressivement avec la prise de conscience que derrière ce que proposent les associations ou les communes, il y a le travail de gens engagés. Je me suis dit qu’il fallait à mon tour participer ». Ainsi quand un de ses deux fils se met à pratiquer le tennis, Françoise Laborde finit présidente du club. Elle prend sa carte au PRG en 1992. « Je me suis toujours sentie de gauche, mais pas socialiste. Je me suis reconnue dans ce petit parti très présent dans le sud-ouest et qui met en avant les valeurs humanistes », explique celle qui vient d’être élue coprésidente de la fédération haut-garonnaise.
« On me dit intransigeante, mais je suis capable de reconnaître certaines choses »
Plus tard, Jacques Puig, ancien Maire de Blagnac lui demande d’être sur sa liste lors des élections municipales. Peu rompue aux joutes politiques et encore étonnée par certaines pratiques, elle hésite avant d’opter pour une place non éligible. Suite aux ennuis judiciaires de Jacques Puig, c’est avec son successeur Bernard Keller qu’elle saute vraiment le pas et devient adjointe à la culture. L’occasion déjà de plancher sur ses grands combats ; la laïcité et l’égalité homme/femme, « deux sujets qui se rejoignent et permettent de ne pas aborder la laïcité uniquement sur le plan religieux ». Des thèmes défendus de manière acharnée une fois élue au Sénat en 2008 et qui lui valent une certaine notoriété. Après l’affaire de la crèche Baby-Loup, Libération lui consacre notamment un portrait intitulé « La nounou de la laïcité ». « En faisant trop d’accommodement déraisonnable, nous avons accentué le communautarisme. On me dit intransigeante, mais je suis capable de reconnaître certaines choses comme le menu sans porc à la cantine. En revanche je suis contre le halal et le casher à la cantine, là on rentre dans un système de subventions des religions », détaille Françoise Laborde. Récemment, elle a tout de même pris du recul sur sa participation à l’Observatoire de la laïcité en raison de fortes divergences de visions avec Jean-Louis Bianco notamment. Bref, elle fait partie de ces politiques qui n’ont pas peur d’aller au combat et avance sans plan de carrière malgré les apparences. « Vu mon parcours de vie, on pourrait croire que j’aime le pouvoir, mais je sais très bien par exemple que je dois mon poste au Sénat aux quotas. La prochaine échéance pour moi c’est 2020 et vu les branlées que prend la gauche, je pense que le parti a un rôle à jouer. Mais peut-être que d’ici là j’en aurais plein le dos », assure-t-elle avec un franc-parler rafraîchissant.
3 années phares
1984 : Arrive dans la région toulousaine
1992 : S’engage au PRG
2008 : Est élue sénatrice de Haute-Garonne
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