Les véhicules les plus polluants interdits dans le Grand Paris, les transports en commun gratuits à Dunkerque, la piétonnisation en marche à Grenoble… Quelle que soit la taille ou la densité des métropoles, elles cherchent à réduire leur dépendance à la voiture. En la matière, Toulouse fait encore figure de grand toxicomane.
Dans la métropole toulousaine, près des deux-tiers des déplacements sont effectués en voiture. Selon les derniers chiffres de l’Insee, nous parcourrons en moyenne 19 kilomètres en 29 minutes pour nous rendre au travail, ce qui nous situe en queue de peloton parmi les métropoles européennes.
« Le réseau dense de transports en commun interurbain, constitué de nombreuses lignes de bus, et les mises en service progressives depuis plus de 20 ans du métro et du tram n’ont pas suffisamment influé à la baisse l’utilisation de la voiture », constate l’institut. Résultat : chaque Toulousain perd une journée par an dans les bouchons.
Pour décongestionner un trafic qui devra absorber 500 000 déplacements supplémentaires d’ici 2025, la Métropole a décidé d’investir, sur 20 ans, 1,8 milliard d’euros pour des projets routiers. Pour inciter à laisser la voiture au garage, le plan de mobilité 2020-2030 s’élève, lui, à 4,3 milliards d’euros, dont 2,7 seraient consacrés à la troisième ligne de métro Toulouse Aerospace Express. Cette infrastructure doit relier Colomiers à Labège, officiellement à partir de fin 2025. « Tout cela va dans la bonne direction, mais je crois qu’il faut penser la politique des transports sur un périmètre plus large, de Castelnaudary à Montauban, en intégrant les trains régionaux, les autoroutes ou le covoiturage », propose Philippe Dugot, professeur en géographie et aménagement à l’université Toulouse Jean-Jaurès.
« Il faut penser la politique des transports sur un périmètre plus large »
Cet expert appelle de ses vœux l’installation d’une étoile ferroviaire autour de l’agglomération, qui relierait le réseau des Ter à celui de Tisséo. « Cela nécessite de revoir la gouvernance et de mettre d’accord les différentes collectivités », prévient-il, en imaginant d’adapter la billetterie afin qu’un seul ticket permette de profiter de tous les moyens de locomotion.
Avec ses élèves de master 2, Philippe Dugot a réalisé l’an dernier une étude sur la zone aéroportuaire : « 70 % de ceux qui vont travailler chez Airbus sont seuls à bord de leur véhicule. Un “autosolisme” dominant et étouffant. » Pour en venir à bout, le spécialiste préconise d’enrichir les offres alternatives, notamment en matière de pistes cyclables : « L’exemple des Pays-Bas nous montre que, lorsqu’elles sont continues et sécurisées, elles ne sont pas du tout rebutantes et les gens les empruntent facilement. » Le professeur insiste enfin sur ce qui, à ses yeux, constitue le facteur le plus important pour améliorer la mobilité : la gestion du foncier. « Parler transport, c’est parler urbanisme. Nous devons avant tout lutter contre l’étalement de la ville. »
Pourquoi ne pas créer une autorité organisatrice des mobilités unique, en relation avec la Région et la SNCF, pour développer une politique des trains du quotidien ?
Pourquoi ne pas rechercher, par exemple, une meilleure adéquation entre le projet urbain et le plan de déplacements urbains (PDU) de la Métropole, afin que de nouveaux territoires éloignés du centre-ville soient à la fois plus densifiés et mieux desservis ?
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