Expéditeur :
Laurence Massat Guiraud-Chaumeil : Cette ancienne directrice de cabinet de Philippe Douste-Blazy est aujourd’hui la secrétaire départementale de l’UDI. D’ici quelques semaines elle deviendra conseillère régionale du fait de la démission de Laurence Arribagé, devenue députée. Mère de famille accomplie, elle n’en oublie jamais ses ambitions politiques.
Destinataire :
Manuel Valls : Il est premier ministre de François Hollande depuis le 31 mars dernier. Il fut auparavant le ministre de l’Intérieur du gouvernement Ayrault. Il est espagnol de naissance.
Monsieur le Premier ministre,
Votre gouvernement semble passer à côté de toutes les réformes structurelles dont la France a besoin et qui auraient pu voir le jour sous votre majorité. Pacte de responsabilité, réforme fiscale, réforme territoriale sont autant d’enjeux majeurs pour sortir notre pays de la profonde crise dans laquelle il est plongé. Force est de constater que vous avez multiplié les effets d’annonce mais que les réalisations concrètes et les mesures efficaces tardent à voir le jour.
Le meilleur exemple est sans nul doute celui de la réforme territoriale : on ne pouvait rêver pire méthode pour vouer à l’échec une réforme qui fait pourtant largement l’unanimité.
Une majorité de français et d’élus s’accordent en effet sur la nécessité d’une remise à plat de notre système territorial: ce fameux mille-feuille de collectivités locales complexe, lourd, illisible, de plus en plus couteux et inefficace. La France ne peut plus continuer à représenter à elle seule 40% des collectivités locales des 28 états membres de l’Union Européenne. Vous donnez depuis 5 mois un coup d’accélérateur sur ce sujet, sans doute pour rattraper le temps perdu pendant 2 ans lorsque votre prédécesseur n’avait pour unique ambition que de défaire ce que la précédente majorité avait tenté d’instaurer. Face à ces défis de taille, vous semblez confondre vitesse et précipitation. Et les propositions faites jusqu’à présent rendent le dispositif encore plus complexe. Les objectifs prioritaires de la réforme devraient être de faire des économies, de simplifier le système territorial et de le rendre plus efficace.
Quelle urgence y avait-il à fusionner les régions alors qu’elles ne représentent que 12% de la dépense publique locale et que les leviers d’économie et de simplification se situent au niveau des communes et des conseils généraux ? Pourquoi avoir commencé par dessiner la carte de ces méga régions avant même d’avoir décidé quels seront leurs compétences et moyens budgétaires ? Pourquoi avoir imposé ce redécoupage incohérent sans aucune concertation avec les populations et les élus concernés par pur calcul électoral ? Pourquoi annoncer la suppression logique des conseils généraux en 2020 pour finalement envisager d’en maintenir certains, pourtant vidés de leurs compétences au profit des régions et des intercommunalités ? A quoi serviront ces coquilles vides si ce n’est à maintenir de la complexité et non de la proximité ?
Ainsi, à 6 mois des élections départementales qui seront faites sur un nouveau découpage et un nouveau mode de scrutin, nous ne connaissons ni la date précise des élections, ni les compétences des futurs-ex conseils généraux, ni même la liste de ceux qui seront amenés à disparaître. A 14 mois des élections régionales nous n’avons pas d’idée précise de leur périmètre d’interventions. De quoi accroître encore le désintérêt de nos concitoyens pour ce type de scrutins.
Pourtant Monsieur le Premier Ministre, cette réforme, la France en a besoin, nos citoyens l’attendent, un consensus politique peut la soutenir.
Il serait dommage pour notre pays de rester sur cette impression de rendez-vous manqué.
Il n’est pourtant pas trop tard pour sortir de la communication politique et des postures électoralistes et envisager une remise à plat cohérente, structurée, ordonnée, apaisée, organisée sur le long-terme, qui associe les citoyens, les élus et les territoires.
Au-delà du courage politique, c’est bien la méthode utilisée qui sera la clé de la réussite !
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