À l’aune de la crise sanitaire du Covid 19, que doit-on retenir des résultats du premier tour des élections municipales de ce 15 mars 2020 à Toulouse ?
Impossible de faire abstraction des circonstances exceptionnelles qui ont entouré ce premier tour des élections municipales à Toulouse. La crise sanitaire liée au coronavirus ayant manifestement eu un impact important sur les résultats. Recueillant plus de 36 % des voix, Jean-Luc Moudenc arrive en tête, mais avec cinq points de moins que ce que lui prédisait le sondage Ifop Fiducial publié le 24 février dernier. Un demi-revers que le maire sortant attribue en premier lieu aux conséquences de l’épidémie : “L’élection est faussée”, réagissait-il ce dimanche 15 mars, après avoir retardé son intervention auprès des médias. Plus tard, dans un communiqué, il rajoutait : “Nous sommes la liste qui subit le plus l’effondrement de la participation”. En effet, deux électeurs toulousains sur trois ne sont pas allés voter : un taux d’abstention record qui a pu handicaper Jean-Luc Moudenc, dans la mesure où les pouvoirs publics ont recommandé de ne pas se déplacer aux personnes âgées, qui constituent une part non négligeable de son électorat. “Elles ont reçu une injonction contradictoire avec un mélange des genres qui est sans précédent dans les anales de la Ve République. Et entre rester chez elles et aller dans l’isoloir, elles ont choisi de s’abriter derrière le risque sanitaire”, confirme le politologue Stéphane Baumont.
Additionnés, les résultats des trois principales listes de gauche, Archipel Citoyen (EELV, FI), Une (PS-PC-PRG) et Pour la Cohésion (Génération.s) dépassent ainsi les 50 % des suffrages exprimés : “De mémoire, cela ne s’est jamais passé à Toulouse et c’est un signal très fort”, selon Pierre Cohen, à la tête de la liste Pour la Cohésion. Une percée que Stéphane Baumont associe également à “un besoin d’être rassuré”, en ces temps incertains. “Il n’y a pas eu, comme on l’attendait, un vote conservateur, mais conservatoire : les figures de gauche ont été confortées.”
Les mêmes motifs pourraient expliquer la réélection, dès ce premier tour, de près de 60 % des 37 maires de la métropole : “La raison locale l’a emporté dans les petites communes, contrairement à ce que l’on a constaté dans une grande ville comme Toulouse, où c’est la raison d’État qui semble avoir pris le dessus, avec un vote plus axé sur des préoccupations nationales”, analyse encore le politologue. La perspective de l’annonce d’un report du second tour du scrutin l’inquiète : “Ce faisant, le président de la République violera la Constitution. Mais personne n’osera le contester. Les pandémies sont la voie qui mène tout droit à un régime totalitaire”.
La rédaction
Le Journal toulousain est un média de solutions hebdomadaire régional, édité par la Scop News Medias 3.1 qui, à travers un dossier, développe les actualités et initiatives dans la région toulousaine. Il est le premier hebdomadaire à s'être lancé dans le journalisme de solutions en mars 2017.
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