Dernier député socialiste en Occitanie, Joël Aviragnet laboure autant ses terres commingeoises que les couloirs de l’Assemblée. Persuadé et fier d’être utile.
© Antoine LamielleIl revient de loin. Après l’invalidation d’une première élection en juin 2017, le socialiste Joël Aviragnet a été réélu en mars député du Comminges et du Savès, avec plus de 70% des suffrages : « Ce score est ma plus grande fierté politique, car on m’avait traité de fraudeur, de beaucoup de choses qui m’avaient atteintes… » Membre du groupe Nouvelle Gauche à l’Assemblée nationale, il apprend à travailler dans l’opposition, après avoir suppléé à Carole Delga durant la législature précédente, quand elle fut nommée secrétaire d’État au Commerce, à l’artisanat et à l’économie solidaire.
Son crédo, c’est le terrain : « Je n’ai jamais tenu de permanence derrière un bureau ! Si vous n’allez pas voir les gens, vous ne pouvez pas savoir ce dont ils ont besoin. » Des bergers luchonnais aux céréaliers rieumois, l’homme laboure donc inlassablement ses terres, qui s’étendent sur 183 communes. Il s’oppose bien sûr à la réduction de 30% du nombre de parlementaires voulue par Emmanuel Macron, car « les circonscriptions s’agrandiront mécaniquement et cela deviendra ingérable ». D’autant que Paris l’accapare. N’allez pas lui faire remarquer qu’on ne l’a pas vu dans l’hémicycle lorsqu’ont été repoussés les amendements interdisant l’usage du glyphosate d’ici à 2021, car il vous répondra qu’il siégeait au même moment à la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. Projet d’exonération des heures supplémentaires ou d’adaptation de la société au vieillissement, ses tâches y sont aussi variées que prenantes : « Je n’ai plus de vie à moi et je ne dors pas beaucoup ! Mais je ne me plains pas, c’est passionnant », confie le sexagénaire, qui ne s’accorde que trois jours de repos par mois.
Il est parallèlement maire depuis dix ans de Encausse-les-Thermes, le village de 700 âmes où il a grandi, au sein d’une famille très modeste : « Je viens du monde ouvrier, mais mon père me disait que mon avenir n’était pas à l’usine ». Il ne croyait pas si bien dire. Éducateur spécialisé puis directeur d’établissement pour les jeunes en difficulté jusqu’en 2014, Joël Aviragnet passe manifestement le plus clair de son temps à s’occuper des autres : « Vous vous rendez compte de la chance que j’ai ! »
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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