CONVIENCIA – Conseiller régional entre 2010 et 2015, Guilhem Latrubesse est l’un des neuf responsables du Parti occitan. Aux dernières élections régionales, le parti pro-autonomiste a tout de même conservé son unique fauteuil à la Région.
Veste sombre à rayures, chemise bleue ciel et sacoche en bandoulière, Guilhem Latrubesse correspond à l’archétype vestimentaire du « quadragénaire actif ». Sur la table, plusieurs feuilles dactylographiées où est listé son argumentaire et quelques dates-clés.
Comme un clin d’œil à son avenir, le jeune Guilhem Latrubesse est scolarisé à Pau dans la toute première Calendreta de France. Dans cette école associative, l’enseignement est dispensé en Français et en Occitan. Bordelais de naissance, mais Béarnais de cœur, il est issu d’une famille de classe moyenne. De ses parents, l’un est enseignant et l’autre travaille « dans un bureau d’études industriel », il hérite d’un environnement familial non encarté, mais où le cœur penche à gauche. Tendance « socialiste-écolo » pour son père et « gauche plus revendicative » pour sa mère.
Avec une maîtrise de maths, Guilhem Latrubesse avait « plutôt vocation » à devenir professeur de mathématiques. Mais près avoir validé une première année de Capes à Toulouse, il renonce et choisi « au final » de partir dans le secteur privé, « trop rebuté par l’organisation lourde et hiérarchique de l’éducation nationale », juge le quadragénaire. Également titulaire d’un DESS « orienté informatique » à Rennes, il devient consultant dans plusieurs sociétés dont la dernière en date évolue « dans le secteur de l’aéronautique ».
« Un système électoral mal fichu »
En passant entre « sept et huit années à voyager en France » pour des raisons professionnelles, son retour dans la Ville rose en 2005 est comme une évidence. Il s’encarte au Parti occitan fin 2005. Un mouvement politique qui réunit aujourd’hui environ un millier d’adhérents. Comme une justification nécessaire, Guilhem Labrutesse « aime » rappeler qu’il est petit-fils de paysan pour démontrer son « ancrage à la terre ». Autre déclic, l’année 1999 avec « l’image [médiatique] de José Bové » qui saccage avec d’autres agriculteurs un McDo en construction à Millau. Il garde aussi en tête les images vues à la télévision des « manifestations de Seattle » menées par des altermondialistes lors d’un sommet de l’Organisation mondiale du commerce. C’est « la vision qu’un autre monde possible et d’un petit groupe de personnes bien organisé pouvant s’établir comme un contre-pouvoir » qui bouscule « les grands de ce monde », poursuit encore le militant politique. Sur un terrain plus local, « le connecteur entre le parti occitan et l’agriculture » s’explique par un attachement « à la préservation de la terre » symbolisé par des luttes comme celle sur le plateau du Larzac ou de Val Tolosa.
Tout en préservant « une identité, une langue et une région », Guilhem Latrubesse a choisi de « s’engager pour un projet de société » qui répond aux « besoins différents » de la population. Tourné vers « le progrès », il défend également les valeurs de La Convivencia comme principe ancré dans l’Occitanie.
En 2007, il se présente pour la première fois au suffrage universel direct. Non pas aux élections présidentielles, mais aux législatives. S’en suivront six autres campagnes électorales, dont celle de 2010 où il devient l’unique conseiller régional occitan de Midi-Pyrénées.
Non réélu en décembre 2015, Guilhem Latrubesse dénonce « un système électoral mal fichu » et plaide pour une dose de proportionnelle. Sur la fusion des listes de deuxième tour, si elle ne s’est pas faite de « façon idyllique », il tient à « tirer [son] béret » à Gérard Onesta qui a su réaliser « un rassemblement très large ». Une situation qui permettra de peser dans « les négociations » politiques à la Région.
Kevin Figuier
3 dates :
1979-1982 : Scolarité à la calendreta de Pau.
1999 : Manifestations de Seattle pendant le sommet de l’OMC.
2010 : Elu conseiller régional.
Commentaires