« Des annonces publiques frauduleuses », « des alliances pour défendre le libéralisme », « une majorité sourde aux revendications du peuple »… Autant de griefs nourris par le Parti socialiste à l’encontre du gouvernement, jugé arrogant face aux mouvements sociaux.
« Il y aura un avant et un après Gilets jaunes », estime Sébastien Vincini, premier secrétaire fédéral du PS en Haute-Garonne. Selon lui, la colère ambiante pourrait bien se concrétiser par un vote contestataire lors des prochaines élections européennes. « Et si nous ne voulons pas que ce dernier bascule en faveur du populisme et de l’extrémisme, nous devons porter une alternative politique franche », poursuit-il. C’est le message que souhaitait délivrer la fédération départementale du Parti socialiste lors d’une conférence de presse tenue ce lundi.
« Ce que demandent les Français est clair : de la justice fiscale et sociale », lance Sébastien Vincini, qui s’indigne d’une incompréhension totale et d’une rupture consommée entre le gouvernement et la population. « Ils sont complètement perdus », commente Joël Aviragnet, député de Haute-Garonne. « Ils payent leur arrogance. Ils pensaient tout savoir et n’ont écouté personne, et surtout pas l’opposition ». L’élu se rappelle pourtant avoir prévenu d’une tension sociale importante. « Mais ils sont passés outre », regrette-t-il.
« Mieux, nous avons fait des propositions, d’abord balayées par la majorité, puis finalement reprises par le gouvernement », observe le sénateur Claude Raynal, énumérant le rehaussement du seuil d’exonération de la CSG, la suppression des taxes sur le carburant, l’augmentation de la prime d’activité… Mais ces signaux, qui semblaient aller dans le sens d’un apaisement social, sont pour l’élu un double langage : « Dans le même temps, le Sénat a voté un allègement de l’Exit tax (destinée à lutter contre l’évasion fiscale, ndlr), malgré l’amendement que j’ai déposé. »
À l’inverse, le PS propose de rétablir l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), « ou du moins un impôt sur le patrimoine, peu importe son nom », lance Claude Raynal. Mais aussi d’abandonner la flat tax (prélèvement forfaitaire unique sur les revenus des capitaux mobiliers, ndlr) et de renoncer au doublement du crédit d’impôt compétitivité-emploi. « Cela permettrait de financer un plan d’urgence, que nous chiffrons à 25 milliards d’euros, et qui seraient mobilisables immédiatement », complète Sébastien Vincini, opposant le délai de six mois finalement annoncé par le gouvernement pour la mise en place des nouvelles mesures.
À plus long terme, les socialistes estiment que c’est un changement de modèle de société que les Français désirent, et assurent travailler en ce sens : « Nous participerons à la fameuse grande concertation nationale mais, de façon plus générale, nous lançons un vaste chantier de réflexion visant à repenser la démocratie locale et institutionnelle », déclare le premier secrétaire fédéral du PS 31. Nul besoin de préciser qu’il devra être achevé avant les élections municipales de 2020.
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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