Avenir. En pleine crise, notre métropole tente de résister. Avec le concours de plusieurs acteurs de la vie politique et économique locale nous avons tenté de fixer un cap pour 2015.
Par Coralie Bombail et Thomas Simonian
Jean-Michel Lattes, premier adjoint au maire de Toulouse et président de Tisséo
Le bras-droit de Jean-Luc Moudenc au Capitole est enthousiaste en ce début d’année. Il s’apprête à lancer le top départ des premiers gros dossiers structurants de la mandature : « 2015, une année ou l’on va devoir trancher sur un certain nombre de dossiers. Passionnant, non ? » Jean-Michel Lattes annonce la couleur avec la fameuse troisième ligne de métro : « Je lance les études », nous dit-il. Il présentera même lors du prochain comité syndical de Tisséo une feuille de route pour les années à venir ou le métro sera la priorité… Au-delà du tracé de cette ligne qui fait encore débat avec le Sicoval (Labège), le président de Tisséo précise qu’il travaille à un financement innovant qui alliera public et privé. Autres chantiers importants pour lui en 2015, celui de la multiplicité des lignes de bus Linéo (10 sont désormais prévues) et les choix qui devront être faits ou non concernant l’Aérotram qui pourrait relier l’université Paul Sabatier à Basso-Cambo. Dernier point concernant les transports, « le métro étant notre priorité nous allons travailler à l’extension de certaines stations. Aux heures de pointe, notre réseau est saturé. » L’année sera donc pleine pour le monsieur Transports du Capitole.
Jean-Paul Makengo, conseiller régional PS
L’ancien adjoint de Pierre Cohen, toujours élu régional, voit dans la future fusion Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon l’enjeu majeur pour l’année à venir : « Nous avons un impératif de réussite car les conséquences pour nos territoires seront importantes dans les mois qui viennent. Nous devons notamment travailler la question des compétences.» Pour Jean-Paul Makengo, le devoir de responsabilité prime : « Nous savons que du côté Languedoc-Roussillon il y a beaucoup de défiance devant cette fusion annoncée. Il est de notre rôle d’élu de contacter et de dialoguer avec nos collègues de la région voisine. Il faut les rassurer et avancer ensemble. » Par ailleurs, l’élu socialiste se dit inquiet suite à l’attentat qui a touché la rédaction de Charlie Hebdo. La dérive actuelle l’inquiète, et la liberté d’expression sera à défendre en 2015 : « Ce qui s’est passé est très grave, car cela bafoue le travail de tous ceux qui militent pour le vivre ensemble. Par ailleurs, cela jette l’opprobre sur toute une communauté… C’est inacceptable ! » Jean-Paul Makengo se dit d’ailleurs prêt au combat pour 2015 : « Nous devrons tous nous battre pour garantir la liberté d’expression dans notre pays. »
Serge Cambou, secrétaire général FO Toulouse
En 2015, Serge Cambou va être particulièrement attentif à la réforme territoriale et notamment à la fusion Midi-Pyrénées – Languedoc-Roussillon. Il attend des réponses sur un certain nombre d’inquiétudes : « On ne voit pas quelles économies d’emploi pourront être réalisées car les fonctionnaires ne peuvent pas être licenciés. Des personnes seront réaffectées sur d’autres administrations, ce qui pose des problèmes de compétence et de mobilité. Et que vont devenir les structures régionales, comment tout cela va fonctionner ? » La loi Macron va également être un enjeu majeur. L’ouverture du travail le dimanche, par exemple, impacte directement la Haute-Garonne : « Depuis 20 ans, un accord est conclu entre les syndicats patronaux et salariaux qui autorise l’ouverture des magasins deux dimanches et trois jours fériés par an. Aujourd’hui, certaines grandes enseignes ont profité de ce projet de loi pour rompre l’accord », explique-t-il. La loi va être présentée à l’Assemblée nationale à la fin du mois. Autre dossier chaud, la privatisation de l’aéroport, « un accord politique pour booster les commandes d’Airbus en Chine » selon lui. « Quand on connaît la puissance de la capacité d’espionnage industriel de la Chine, c’est inquiétant. » Si le recours au Conseil d’Etat a été rejeté, le combat continue au niveau local : « On verra ce que ça va donner… »
Thomas Fantini, vice-président de la CGPME Haute-Garonne
« 2014 a été économiquement catastrophique et je crains que 2015 soit encore plus difficile », lance Thomas Fantini. Pour lui, la relance ne pourra passer que par « la baisse des charges et la simplification des démarches pour les entreprises afin de favoriser l’embauche, car aujourd’hui on essaye de préserver les emplois existant plutôt que d’embaucher», remarque le patron des restaurants La Pergola. La CGPME de Haute-Garonne est particulièrement mobilisée sur la question « délicate » du compte pénibilité : « C’est un très gros risque pour les entreprises qui vont devoir détailler tout ce qui peut être pénible pour leurs salariés. Je vais bientôt devoir calculer le poids des assiettes portées par mes serveurs ! Déjà que les chefs d’entreprise sont débordés par la paperasse, ça va rajouter de la complexité et des conflits entre les équipes et les patrons », estime-t-il. La loi doit passer au Parlement dans les prochains mois. « On va continuer à se battre », annonce Thomas Fantini. Au niveau local, il s’alarme du plan social lancé par l’entreprise Pierre Fabre « qui aura des répercussions sur tout l’environnement de la société et sur le moral des gens ». Un point positif tout de même dans ce sombre tableau, le Small Business Act mis en place par Toulouse métropole (qui permet de simplifier les démarches des PME toulousaines et favorise leur accès aux marchés publics) : « C’est une démarche intéressante qui va permettre de souffler un peu ! »
« Au 1er janvier 2015, Toulouse a pris une autre dimension en devenant une métropole. Ses pouvoirs vont être étendus, alors que le périmètre d’action des communes va diminuer. Comment Jean-Luc Moudenc va-t-il donner un sens, une identité à cette métropole ? Va-t-il parvenir à la personnifier ? Un « effet Moudenc » pourrait jouer sur les départementales et les régionales, dont les deux grandes figures, Pierre Izard et Martin Malvy ne se représentent pas. Le Conseil général pourrait basculer plutôt facilement à droite. Quant à la Région, il faudrait une droite unie et un candidat qui a de l’étoffe… Mais pour l’instant aucune personnalité ne se dégage. En face, la secrétaire d’Etat Carole Delga parait être un bon choix de la gauche, elle a du talent en communication. Mais le risque d’abstention est fort pour ces deux échéances : abstention par désenchantement de la politique, par incompréhension de la réforme territoriale, par la méconnaissance des candidats et l’absence de charisme des successeurs de Malvy et Izard. Ces élections seront surtout l’occasion pour le FN de s’implanter davantage sur le territoire. »
« 2015 va continuer à être une catastrophe sur le plan de l’emploi et je ne vois pas comment ça pourrait aller mieux avec les mesures qui sont prises. A Toulouse, l’aviation a toujours été un moteur car les commandes passées sur le long terme permettent d’alimenter ce secteur. Mais quand la production va se développer en Asie, on va perdre des emplois. Et aujourd’hui nous n’avons toujours pas d’autres ressources pour rebondir. De plus, les entreprises locales sont étouffées par les taxes. Notons que notre région fait partie des plus taxatrice de France, qui elle-même un pays avec énormément d’impôts. Il faut libérer l’entreprise, seule génératrice d’emploi productif ! »
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