FUSION. Alors que la campagne régionale va débuter, il reste encore de nombreux doutes et réticences quant à la fusion entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon … Votre hebdo a choisi de collaborer avec Le Journal Catalan pour offrir une vue d’ensemble. Voici donc la seconde partie de notre dossier commun avec cette fois-ci les enjeux vus du côté de Languedoc-Roussillon.
Jordi Vera
Président de CDC Catalogne Nord (Convergencia Démocratica de Catalunya)
Etiez-vous favorable à la fusion avant qu’elle ne soit entérinée ?
Sans y être favorables, nous sommes assez indifférents car que ce soit le Languedoc-Roussillon ou Midi-Pyrénées, ce sera la même chose, peut-être en pire ! Nous, les Catalans, étions les laissés pour compte de la région actuelle. Nous risquons d’être davantage immergés dans une identité occitane. Cependant, dans ce nouveau contexte, le Pays catalan peut tirer son épingle du jeu en se positionnant en trait d’union, en maillon essentiel entre la Generalitat de Barcelone et la future région.
Ces deux régions vous paraissent-elles complémentaires ?
Elles le sont ! Cette fusion de régions remembre le Languedoc historique en un territoire homogène avec Toulouse en capitale, car à ce jour, Montpellier n’était qu’une capitale artificielle. De ce point de vue, pour les Languedociens, c’est une bonne nouvelle. Reste qu’une anomalie demeure, dans ce contexte-là : c’est nous, le Pays catalan !
Quels seront, selon vous, les grands thèmes de la future campagne régionale ?
Le sujet majeur doit être ce chômage endémique qui affecte le Pays catalan, résultant d’une situation d’abandon de nos territoires. Cette future région peut saisir une chance historique. Le Roussillon, par sa situation, pourrait se muer en une tête de pont de la région vers la Generalitat de Catalunya. Le Pays catalan devrait jouer un rôle important par la recherche de complémentarités avec Barcelone concernant la logistique ferroviaire, maritime, aérienne ; les fonds européens, la culture, le développement régional… Si nous ne saisissons pas cette opportunité, c’est à désespérer ! Je me pose aussi la question, dans ce contexte de fusion, quels seront les réels pouvoirs des départements ?
Alexis Melidonis
Président de l’UPE 66 (Union Patronale pour l’Entreprise)
Avoir deux métropoles : Atout ou inconvénient ?
Avoir deux métropoles sera indéniablement un atout. Toulouse et Montpellier ont respectivement une attractivité déterminante. Cependant, la complémentarité dans l’action des politiques de développement économique sera la clé de voûte de la réussite des grands challenges. Une politique globale de marketing territorial est indispensable pour l’ensemble des départements ainsi nouvellement réunis.
Nos deux régions sont-elles complémentaires ou concurrentielles ?
Elles doivent devenir complémentaires. Midi-Pyrénées s’ouvrira de fait vers la Méditerranée et toutes les perspectives aéronautiques communes pourraient être envisagées. Un audit complet des forces et faiblesses de chacun des 13 départements de la future grande Région est indispensable pour ne pas commettre d’impair concurrentiel.
Quels sont les atouts économiques qu’il va falloir mettre en avant pour les Pyrénées Orientales?
Nous devrons capitaliser sur notre positionnement géostratégique exceptionnel. Nous sommes situés à équidistance de vortex économiques tels Barcelone, Toulouse, Montpellier et nous avons des atouts. Même si la question n’est pas de rivaliser, il s’agit de tirer notre épingle du jeu en jouant sur nos savoir-faire et ils sont nombreux. De la logistique aux énergies renouvelables, du viti-vinicole au loisir et au tourisme, nous sommes une destination où il fait bon entreprendre. Il fait également, ici, bon vivre. A nous d’être pertinents, vus et entendus et d’être au plus près des centres de décision qui, vraisemblablement, seront massifiés et régionalisés pour que nous soyons aussi une destination où il fait bon investir.
Jacques Cresta
Vice-président PS du conseil régional Languedoc-Roussillon / Député des Pyrénées-Orientales
Etiez-vous favorable à la fusion avant qu’elle ne soit entérinée ?
Favorable je ne l’étais pas. D’ailleurs, avec d’autres parlementaires de la Région, nous avons déposé des amendements afin que la région Languedoc-Roussillon perdure. Je me suis également abstenu par deux fois lors des votes sur la fusion à l’Assemblée Nationale. Mais aujourd’hui la loi a été votée, en tant que républicain je me dois de la respecter. D’autant que le ticket réalisé par Carole Delga et Damien Alary est un gage que les intérêts de notre région seront défendus.
Ces deux régions vous paraissent-elles complémentaires ?
Oui, (à condition de travailler à des pôles d’équilibre), tant par leur poids démographique, la qualité de leur économie, de leur agriculture. La façade maritime du Languedoc-Roussillon permet d’avoir un débouché naturel à Midi- Pyrénées. Nous sommes toutes les deux frontalières avec l’Espagne. Nous avons une économie du tourisme importante. Et les avancées de Georges Frêche et de Christian Bourquin, comme la marque Sud de France, LoRdi, le train à 1€ et bien d’autres choses, sont des réussites qui doivent être dupliquées dans la prochaine Grande Région. Je suis convaincu que nous avons mutuellement énormément de choses à nous apporter et qu’ensemble réunies et unies nous pèserons face aux grandes régions qui nous entourent comme la Catalogne, PACA, Rhône-Alpes-Auvergne et Aquitaine-Poitou Charente – Limousin.
Quels seront, selon vous, les grands thèmes de la future campagne régionale ?
Aujourd’hui je suis totalement impliqué dans la campagne des départementales et mobilisé derrière tous les candidats afin de conserver le département à Gauche. La campagne des régionales et des priorités viendra plus tard.
Par Jean-Michel Martinez
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