Marc Péré et François Lépineux, élus métropolitains et maires de communes périphériques, souhaitent rendre plus juste et démocratique le fonctionnement de la Métropole. Pour cela, ils ont rédigé un manifeste qu’ils vont soumettre à l’ensemble des candidats des 37 villes concernées.
La Métropole, grande oubliée des élections municipales ? Depuis plusieurs mois, les débats se concentrent sur des thématiques propres à chaque commune. Pourtant, en mars prochain, c’est aussi le sort de Toulouse Métropole qui se joue. Une entité de plus en plus incontournable, à la tête d’un budget de près de 2 milliards d’euros, mais dont les conseillers ne sont élus qu’indirectement, par un système de fléchage. « C’est un déficit démocratique terrible. La loi devait changer pour mettre en place dès 2020 un scrutin au suffrage universel direct, mais cela n’a pas été fait », déplore Marc Péré, maire de l’Union.
Avec François Lépineux, son homologue de Brax et membre, comme lui, du groupe Métropole Citoyenne au sein de l’intercommunalité, il est à l’initiative d’un manifeste ayant pour objet de « refonder totalement le fonctionnement actuel de la métropole ». Avec le concours de représentants de listes citoyennes en course à Aussonne, Cugnaux ou Tournefeuille, ils ont défini 14 engagements à prendre, destinés à rompre avec les pratiques en cours.
Parmi les recommandations, le manifeste évoque notamment l’instauration de la parité au sein de l’exécutif (présidence et vice-présidences) tout comme la juste représentation des petites communes dans ces mêmes instances. Les signataires devront également s’engager à profondément modifier les pratiques de gouvernance.
« Aujourd’hui, le maire de Toulouse est d’office président de la Métropole. Et le responsable des finances de la ville-centre est aussi celui de Tisséo et de l’intercommunalité, c’est d’une opacité totale », poursuit Marc Péré.
Fruits de l’observation des dysfonctionnements au cours du mandat actuel, plusieurs engagements visent à « sortir du microcosme politicien ». Il est ainsi suggéré de rendre possible l’intervention de personnes non élues, physiques ou morales, durant le conseil métropolitain. Ou de mettre en place un Référendum d’initiative citoyenne délibératif qui permettrait aux citoyens de mettre à l’ordre du jour des sujets comme la gestion de l’eau ou de la troisième ligne de métro.
« De même, nous avons un outil, le CODEV (Conseil de développement, ndlr), qui produit énormément de contributions très intéressantes, mais dont on ne fait rien. Nous proposons de renforcer son budget et qu’il obtienne un siège permanent dans toutes les commissions », explique François Lépineux.
En outre, le manifeste préconise la création d’une nouvelle autorité organisatrice des mobilités incluant le département, la région, la SNCF et l’État. L’application de la charte de l’association Anticor « pour des communes plus éthiques ». Ou encore, des mesures prônées par le Pacte Toulousain pour le climat, comme la sanctuarisation des terres agricoles.
« Enfin, nous nous engageons à œuvrer pour revenir à la maîtrise publique de l’Aéroport et de la gestion de l’eau, ainsi qu’à rester vigilants sur celle des transports, à propos desquels nous craignons fortement qu’une privatisation soit dans le viseur », développe Marc Péré.
D’ici le mois de mars, le document sera soumis à l’ensemble des candidats des 37 communes de la Métropole. À Toulouse, la liste Archipel Citoyen devrait figurer parmi les premiers signataires. Et dans les prochains jours, le site Internet Pourunenouvellemetropole.fr verra le jour, destiné aussi à informer les citoyens sur les enjeux métropolitains. « Quand nous discutons avec les habitants, ils ont l’impression que tout se décide là-haut, à Toulouse. Il faut que les communes périphériques reprennent leur place », assure Stéphane Mériodeau, candidat à Tournefeuille.
Un sentiment partagé par les autres rédacteurs du manifeste, nombreux à déplorer que les investissements de la Métropole, financés à 40 % par les citoyens hors ville-centre, servent de manière disproportionnée, selon eux, les intérêts toulousains.
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