Au lendemain du premier tour des élections départementales, l’heure est au calcul et aux tractations, notamment rue Gabriel Péri, au QG de l’UMP31. Car si la victoire de la droite est plutôt nette au niveau national, en Haute-Garonne, le bilan est plus mitigé : « sur tout le territoire, la sanction vis-à-vis de la politique du gouvernement est claire car, même si Marine Le Pen fanfaronne, le premier opposant est maintenant identifié, c’est Nicolas Sarkozy. En revanche, dans le département, la gauche parvient à se hisser en tête… mais nous ne sommes jamais bien loin, à 5% tout au plus », affirme Xavier Spanghero, secrétaire départemental adjoint de l’UMP. Après réflexion, il y voit deux explications. D’abord le phénomène des “primes auxsortants” où les personnalités en exercice ont un avantage sur leurs adversaires, mais aussi l’apparition de triangulaires, pas du tout prévues côté UMP : « cela nous complique la tâche car le FN redevient ainsi le meilleur allié du PS. » Mais avec ou sans Front national, la gauche semble en passe de garder la Haute-Garonne. Objectivement, les résultats sous les yeux, Xavier Spanghero reconnaît qu’il s’agit « de l’hypothèse la plus plausible ! » Cependant, il émet deux bémols : « nous avons une réserve d’abstentionnistes qui iront voter au second tour, et, force est de constater que la gauche a du mal à mobiliser de son côté ! » Pour lui, la politique d’Emmanuel Macron et Manuel Valls a réveillé les colères, pendant que la privatisation de l’aéroport et l’absence d’Agenda 21 en Haute-Garonne participe à la désunion de la gauche. Quant à la stratégie de Jean-Luc Moudenc de présenter des maires de quartiers pour municipaliser les débats, le résultat ne semble pas concluant, tout du moins vu de l’extérieur car au sein même de l’UMP, l’analyse est plus nuancée : « je n’ai pas l’impression que ça fonctionne si mal ! Nous avons pris la mairie l’année dernière et avons réussi à accrocher des primes aux sortants comme sur le canton Toulouse 10 où Alain Fillola ne fait que 35% face à Jean-Baptiste de Scorraille qui en fait 38%. De même, sur Toulouse 9, Jean-Jacques Mirassou ne totalise que 35.5% des voix quand Christine Gennaro-Saint le talonne avec 30%. » Ainsi, le PS ne serait pas systématiquement en ballottage favorable, selon le secrétaire départemental adjoint de l’UMP, « pour preuve sur les cantons Toulouse 8 et 11 » où les candidats UMP/UDI sont à moins de 2% du PS arrivé en tête.
L’UMP mise donc clairement sur les voix des abstentionnistes et le report des votes FN sur les cantons où il ne se maintiendra pas. Et lorsque la question du “siphonnage” des voix de droite par le Front national est abordée, Xavier Spanghero estime de son côté que « si le FN est aujourd’hui aussi fort, c’est parce qu’ils ont capté des voix de gauche dans les cantons désignés comme des fiefs du PS comme Portet, Plaisance, Cazères ou encore Auterive. »
Alors que les esprits sont maintenant tournés vers le second tour, l’union UMP/UDI est en pleine discussion quant aux consignes de vote. « Nous souhaitions nous exprimer rapidement à ce sujet mais la surprise des triangulaires, nous amènent à de plus amples concertations. Dans tous les cas, les consignes seront souples afin de respecter les positions de chacun. »
Pour l’UDI, la gauche est responsable de la montée du FN
Pour l’UDI, le constat est beaucoup plus amer et le président départemental du Nouveau centre, Jean-Pierre Albouy, met clairement en cause la politique de gauche pour expliquer une telle montée du Front national : « c’est le gouvernement qui a créé toutes les conditions pour que le FN soit fort ! » Celui qui est aussi membre du bureau national de l’UDI, constate que les discours de Manuel Valls et Jean-Chistophe Cambadélis ne traitent que du FN et plus du contenu de leur programme. « Au niveau local, le comportement est le même. Les Haut-Garonnais saturent ! Georges Méric et Emilienne Poumirol, les candidats PS sur le canton d’Escalquens, totalisent 80 ans de mandat à eux deux », précise-t-il, sans manquer de rappeler « que Mme Poumirol se présente aujourd’hui aux élections alors qu’elle a voté pour la suppression des départements lorsqu’elle était Député. Quelle ironie ! » Sur ce canton par exemple, tout est encore jouable selon Jean-Pierre Albouy qui ne comprendrait pas comment les électeurs pourrait voter pour une candidate qui se positionne contre les départements et un candidat qui y est élu de père en fils.
Commentaires
BL le 12/12/2024 à 20:16
L'UMP et le PS sont lamentables dans leurs manières de"jouer" avec le FN.
Pem le 12/12/2024 à 18:24
Bien dit Monsieur Albouy! Place au changement et à l'honnêteté en politique!