Avec des vœux à la presse très offensifs, le groupe écologiste des conseils municipal et métropolitain de la ville de Toulouse a placée l’année 2022 sous le signe d’une farouche opposition à Jean-Luc Moudenc. « Déloyal », « immobiliste » et stratège du « pourrissement »… les hostilité sont lancées.
À Toulouse, l’opposition est attachée aux bonnes manières. Lors de sa traditionnelle conférence de début d’année, le groupe Toulouse (et Toulouse Métropole) écologiste, solidaire et citoyenne s’est livré à un exercice de décryptage, très offensif, du discours de vœux 2022 du maire et président de la métropole, Jean-Luc Moudenc. L’occasion pour les élus du groupe d’opposition écologiste de multiplier les amabilités d’usage envers l’actuel locataire du Capitole, qu’ils qualifient de « déloyal », « immobiliste » et stratège du « pourrissement ».
Premier des élus du groupe à s’exprimer, Antoine Maurice, a tout d’abord souligné son attachement à la liberté de la presse. Une manière de rappeler les récentes difficultés rencontrées par la mairie dans l’affaire ”Médiacités” avant de s’attaquer à la critique de la politique municipale.
« Jean-Luc Moudenc est resté coincé dans les années 1970 »
Une politique qu’il décrit comme passéiste, élitiste, contraignante et immobiliste. « Jean-Luc Moudenc est resté coincé dans une vision de la ville des années 1970 qui oppose ville et campagne. Mais nous devons sortir du mythe de l’attractivité et de la compétition des métropoles qui ne produit que des villes étouffantes, polluées et dont les loyers flambent. Nous devons plutôt promouvoir des villes ”à habiter”, accessible à tous et où il fasse bon vivre. Et pas uniquement des villes à visiter ou admirer », attaque Antoine Maurice. Une mise au point qui vient répondre au procès en ”city bashing”, intenté à l’opposition par Jean-Luc Moudenc lors de ses vœux à la presse, le 6 janvier dernier.
« Jean-Luc Moudenc est en panne », confirme Isabelle Hardy. Pour elle, le maire de Toulouse se contente d’entretenir l’illusion de l’action en relançant, années après années, les même projets. « Comme chaque année, nous constatons un manque d’ambition et de vision. Tous les grands projets sont à l’arrêt et Jean-Luc Moudenc veut faire croire que c’est la crise sanitaire et son impact sur les finances de la ville qui en est la cause. Mais, aujourd’hui, nous avons besoin d’une plus grande radicalité, sur des questions comme la restriction des émissions de Gaz à effet de serre (GES), la mobilité ou l’inclusivité de la ville », défend-elle avant de présager un enlisement de la situation. « J’ai bien peur qu’on dise encore la même chose en 2025 ».
« Il y a bien des projets qui vont se faire… Mais de quelle manière ? », concède Thomas Karmann qui évoque l’entrée en vigueur imminente de la Zone a faible émission (ZFE). Favorable à cette mesure, l’élu écologiste regrette toutefois que son élaboration n’est pas fait l’objet d’une concertation élargie. Que ce soit avec les habitants concernés ou avec les communes périphériques, pourtant exposées au risque d’un report de trafic.
« Une ZFE punitive et résolument de droite »
Le conseiller métropolitain dénonce également l’absence d’alternatives de transports et de visibilité pour les riverains. « Il faut donner aux gens une vision sur cinq ou dix ans, notamment sur la date de sortie du diesel. De manière à ce qu’ils puissent se positionner et anticiper au moment d’acheter un véhicule. Dans l’état, cette ZFE ne présente pas clairement ses objectifs et apparaît comme uniquement contraignante. Elle est punitive et résolument de droite », déplore-t-il.
Enfin, la conseillère municipale et métropolitaine Michèle Bleuse, donne la dernière touche au portrait acide de Jean-Luc Moudenc ébauché par ses camarades. « Jean-Luc Moudenc est un mauvais chef d’entreprise, pour reprendre sa propre image. Nous avons vu, dans le conflit des éboueurs, qu’il réduit le dialogue social à un monologue directif où il emploie les pires des leviers : le chantage à la privatisation, ce qui est déloyal, et le pourrissement », dénonce-t-elle.
En effet, celle-ci accuse le maire d’avoir attendu le déclenchement d’une grève et l’amoncellement des déchets sur la voie publique pour entamer des négociations avec les agents de sa commune. Une stratégie de clivage qui visait, selon elle, à opposer artificiellement les intérêts des agents et des Toulousains.
Par ailleurs, rappelant le précédent de la régie de l’eau, confiée à l’entreprise privée Véolia, Michèle Bleuse fait part de son inquiétude de voir Jean-Luc Moudenc mettre à exécution sa menace de privatisation de la collecte des déchets, malgré la résolution du conflit avec les éboueurs.
« Un chantage infâme à la privatisation »
« Ce serait la continuité de ce qu’il a fait dans d’autres services », justifie-t-elle. Une crainte qu’elle exprime également pour les crèches collectives, dont la gestion a récemment été reprise par la ville de Toulouse. Quoi qu’il en soit, « ce chantage infâme laissera des traces parmi les habitants et les agents de la ville », ajoute-t-elle pour clore cette critique en forme de peinture acerbe de Jean-Luc Moudenc et de sa politique.
Réaffirmant leur volonté de conquête pour les prochaines élections, locales comme nationales, les élus écologistes ont promis de suivre attentivement tous les sujets mentionnés. Rendez-vous est donc donné aux prochains conseils municipaux et métropolitains où il faudra certainement s’attendre à de nouveaux échanges de vues et d’amabilités entre Jean-Luc Moudenc et son opposition.
Commentaires