Pierre Pezzin et Yvan Cujious étaient emballés à l’idée de débattre de thèmes d’actualité nationale. Rendez-vous a donc été pris lundi 1er septembre à La Table du Belvédère. Les hommes ne se connaissent pas… A l’ordre du jour : Le remaniement ministériel, les candidats français au djihad, la fronde des intermittents du spectacle et la rentrée scolaire. Par Aurélie Renne et Séverine Sarrat.
Présentations :
Pierre Pezzin : Ingénieur financier de la société éponyme « Pierre Pezzin Patrimoine », spécialisée en conseils et services d’affaires, il est également consultant marketing de l’entreprise Pierre&Partners dédiée à la communication globale. Acteur du monde de demain, Pierre Pezzin est également membre du Complexe Baron Riquet, premier site consacré au développement durable et à l’innovation. Il s’agira d’un laboratoire géant dans lequel Pierre Pezzin et ses collaborateurs cherchent à préparer l’avenir des citoyens.
Yvan Cujious : Artiste toulousain au parcours atypique, Yvan Cujious côtoie d’abord le milieu scientifique en enseignant la physique-chimie au lycée Fermat. En 2001, il décide de se consacrer exclusivement à sa passion, la musique. Sa rencontre avec Claude Nougaro lance sa carrière qu’il parsème d’hommages à son mentor comme l’organisation du 14 juillet à Toulouse. Yvan Cujious est également un homme des ondes puisqu’il a œuvré pendant dix ans sur Sud Radio avant de créer Toulouse FM. Aujourd’hui il gère une société de production « Passerelle Production ».
A La Table du Belvédère, l’ambiance est légère. C’est une belle journée d’été – indien – et la rentrée se présente sous ses meilleurs auspices. Notre premier invité : Pierre Pezzin apparaît, du pas assuré du chef d’entreprise. Costume-cravate de rigueur, il annonce la couleur par la distribution de cartes de visite. Yvan Cujious ne tarde pas à nous rejoindre, un quart d’heure (toulousain) plus tard, barbe de trois jours et jean-chemise parfaitement assumés. Le contraste est saisissant mais non moins agréable. L’apéro entamé, place au débat.
Et – une fois n’est pas coutume – la politique semble provoquer le consensus. Car nos invités s’entendent clairement sur le message d’instabilité que véhicule le tout récent remaniement ministériel. Mais si pour Pierre Pezzin « tout cela devient folklorique », notre chanteur local avoue que cela a au moins le mérite de clarifier la situation, car « l’hypocrisie de cette politique combinant autant de courants différents, était simplement insupportable. » Pierre Pezzin surenchérit : « Ce ne sont que des enfants gâtés qui se chamaillent le pouvoir.» Pour Yvan, c’est clair : « Il faut remettre en question le statut de l’homme politique.» Pourtant du côté du chef d’entreprise, le débat est ailleurs : « La dette est bien trop avancée, il n’y a plus de marge de manœuvre. On est face à l’échec total de notre économie.» Notre transition est toute faite vers la nomination du nouveau ministre de l’économie. Alors Quid d’Emmanuel Macron, le nouvel homme pressé du gouvernement ? « Je regrette qu’on se retrouve avec des jeunes qui n’ont pas connu la réalité. Il nous faut des personnes aguerries », lance Pierre. Yvan de son côté, va droit au but : « On peut très bien être de gauche et libéral et de toute façon celui qui sera capable de remettre le train sur les rails aura droit au tapis rouge ! » Mais au-delà des nouveaux minois à la tête du gouvernement, ce qui intéresse nos gourmets du jour, est surtout la tournure que prennent les événements. « S’il y a tant de changements, c’est qu’ils ne savent plus quoi faire », tranche Pierre. En face, Yvan regrette ce qui lui apparaît comme une évidence : « En 2017, on va tout droit vers un duel Sarkozy-Le Pen. » Ils s’entendent bien sur ce point : Le remaniement ministériel, c’est un peu la chronique d’une mort annoncée. Désabusés nos invités ?
« Les nouveaux rythmes scolaires, ce n’est que du blabla, chacun veut donner son nom à une loi ! »
Cette entrée en matière entamée, nous nous régalons à lancer le second sujet sur la table. Ces Français qui partent faire le djihad, que faut-il en penser ? Yvan prend la parole sur fond d’explication sociétale et porte un regard « compréhensif » sur le sujet : « On est face à une jeunesse en perdition, pour qui le djihad devient noble. Elle est en recherche d’existence, de revalorisation. » Pierre attend son tour pour donner son point de vue : « Il y a une ingérence totale de la part des gens dans les pays concernés par le djihad. » Les avis divergent, notre chef d’entreprise évoque une meilleure négociation économique avec les pays concernés, tandis qu’Yvan s’agace devant la solution trop facile de l’excès de sécurité pour réguler cette problématique aujourd’hui mondiale.
Nos invités ne s’arrêtent plus. Nous tentons pourtant de les faire plancher sur une nouvelle copie… afin d’évoquer le thème de la rentrée scolaire et des nouveaux rythmes imposés : Pierre ne mâche plus ses mots : « Ce n’est que du blabla pour satisfaire des egos, chacun veut donner son nom à une loi. » Les deux hommes également pères de famille, sont unanimes : « Les rythmes scolaire ça change tout le temps et ça ne sert à rien ! » Il n’en fallait pas plus à notre Yvan local pour crier sa colère face à une école finalement « old school » : « Les gamins débarquent avec un Ipad et on leur apprend la flute à bec ! Idem pour le tableau noir alors qu’ils sont scotchés aux écrans ! » Pierre corrobore ces propos évoquant une fuite des cerveaux qui semble immuable… « Nos enfants subissent l’école et partent étudier à l’étranger à la première occasion. » Un pavé dans la marre jeté entre le fromage et le dessert…
« La culture c’est tout sauf donner ce à quoi on s’attend »
Et bien qu’à la Table du Belvédère, l’heure du café soit largement dépassée, nos invités en redemandent. Qu’à cela ne tienne, ils se mettent l’ultime sujet sous la dent : Les intermittents ont largement fait parler d’eux ces derniers mois. Comment envisager ce statut si particulier ? Ni une ni deux, Yvan présente sa défense active de l’exception culturelle française, expliquant en quoi il faut ménager et rendre attirante la culture. Il se dit « conscient du statut finalement un peu privilégié de certains intermittents face à cette aide », mais rappelle que l’on assiste davantage à un mouvement de la précarité qu’à autre chose. Il poursuit : « D’un autre côté, c’est une bonne manière de donner sa chance à chacun, car tout le monde n’est pas Depardieu… » Mais se retrouve face à un Pierre Pezzin plus radical sur le sujet : « On a habitué des gens à boire le biberon et à recevoir des fonds mal répartis. L’artiste ne doit être rémunéré qu’en fonction d’une chose : son talent. Je préconise la récompense au mérite et non à la quête opportuniste. » Il n’en fallait pas plus pour déchaîner nos invités pourtant très conciliants jusqu’alors.
Yvan -« Aujourd’hui il n’existe pas d’aide qui maintienne en vie un artiste qui ne fait rien. »
Pierre -« Je suis un financier, les petits Bruel et les petits Brassens doivent choisir un chemin adapté au marché. »
Yvan –« La culture, c’est tout sauf donner ce à quoi l’on s’attend… Il faut trouver un modèle économique pour faire vivre ça. »
Pierre-« Mais si on paye les intermittents pour les moments où ils ne sont pas sur scène, alors ils deviennent des permanents du spectacle ? »
Yvan -« On ne peut pas comparer un travail purement manuel à un travail de création.»
Pierre -« Mais le talent doit un jour se transformer en business ! »
Yvan -« La culture ne doit surtout pas se mêler ni de politique ni d’économie ! »
Pierre -« Pourquoi ne pas supprimer le ministère de la Culture alors? »
Vient l’heure de clore la discussion et c’est emplis de regrets que nos deux intervenants mettent fin au débat, se promettant mutuellement qu’avec joie, on les y reprendra !
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