Après 3 mois de tractations pour élaborer un groupe unitaire d’opposition au conseil de Toulouse métropole sous l’étiquette Archipel Citoyen, les membres d’Europe Écologie Les Verts se désolidarisent de la démarche. Rôle des partis, stratégie d’opposition et avenir du mouvement citoyen, quelles sont les conséquences de ce coup de canif dans l’union de la gauche locale à l’approche des élections régionales.
Le divorce n’est pas encore officiel. Mais, au sein du Conseil de la Métropole, les élus issus de la liste Archipel Citoyen feront bel et bien chambre à part. En effet, après trois mois de tractations pour constituer un groupe unitaire, une dizaine d’élus, dont les représentants d’Europe-Écologie-Les Verts, a annoncé sa volonté, ce lundi 28 septembre, de former un groupe automne. Une décision qui déçoit et surprend Marc Péré, pressenti pour coprésider le groupe unitaire d’opposition. « Je regrette le départ d’Europe-Écologie Les Verts qui a préféré jouer la carte de l’autonomie. Alors qu’il n’y avait pas de véritable point de désaccord. Tous les feux étaient au vert », développe le maire de l’Union.
En effet, les causes du désaccord ne sont pas tant à chercher sur le plan politique que sur des problèmes de méthode ou de représentativité. « EELV a exprimé plein de petites raisons, mais aucune ne justifiait un départ », estime, pour sa part, Caroline Honvault, conseillère métropolitaine non encartée d’Archipel citoyen. D’ailleurs, celle-ci n’exclut pas que les véritables motifs de ce départ se trouvent plutôt « du côté des prochaines échéances électorales ».
Du côté des élus écologistes, c’est la lourdeur du processus qui est pointée comme raison principale de l’échec de l’élargissement. « Cela fait trois mois que l’on travaille, sans y arriver, à la constitution de ce groupe Archipel élargi au niveau de la métropole. D’une part, nous n’avons pas réussi à nous mettre d’accord sur l’intégration de certains élus dont la personnalité politique soulevait des questions éthiques. Et d’autre part, la France Insoumise demandait plus de représentation et de visibilité, notamment en briguant la coprésidence. À quinze jours du prochain Conseil métropolitain, il fallait prendre une décision et arrêter de tourner en rond », justifie Hélène Cabanes, élue Archipel Citoyen avec l’étiquette EELV, qui a rejoint le nouveau groupe.
Des difficultés avérées, mais surmontables, selon Caroline Honvault. « Effectivement, EELV et LFI se disputaient le deuxième fauteuil de la coprésidence. Mais Agathe Roby (LFI) avait accepté de se retirer au profit d’Hélène Cabanes (EELV) », confie-t-elle avant de déplorer les tractations entre partis. « Les rapports de force sont une réalité en politique. Dès l’origine, notre mouvement s’est appliqué à éviter que la logique des partis ne prenne le dessus. Mais ces travers ont été plus forts qu’Archipel », déplore l’élue qui s’inquiète de l’effet catastrophique qu’aura le fait de se présenter en ordre dispersé au conseil métropolitain. Même si, pour elle, le processus Archipel citoyen n’a pas encore atteint ses limites, celui-ci va devoir se réinventer.
Les 10 élus dissidents, parmi lesquels on compte notamment Antoine Maurice (EELV), Hélène Cabanes (EELV), Romain Cujives (ex-PS), Isabelle Hardy (Generation.s) ou Albert Sanchez (maire de Cugnaux, non encarté), appellent ainsi à « la création d’un intergroupe, de sorte de coordonner nos positions et notre opposition à Jean-Luc Moudenc et au service de nos idéaux communs ». Une manière d’acter l’incapacité d’élargir du mouvement Archipel Citoyen au niveau métropolitain sans consommer totalement la rupture.
« Cette solution permet de continuer à travailler ensemble, car nous nous retrouvons sur le fond. Archipel Citoyen était un projet municipaliste qu’il était difficile d’étendre à la métropole », précise Hélène Cabanes qui assure que cette situation ne remet pas en cause l’avenir du groupe d’opposition au sein du conseil municipal. Une alliance toutefois fragilisée qui va bientôt être mise à l’épreuve de nouvelles élections.
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