Il y a quarante-sept ans jour pour jour, le candidat de gauche, François Mitterrand, s’exprimait devant plusieurs dizaines de milliers de personnes, au Stadium de Toulouse.
C’était une tradition pour lui : terminer sa campagne à Toulouse. Lui, c’est François Mitterrand, le candidat socialiste que presque cinquante mille toulousains sont venus écouter tard, le soir du 3 mai 1974, au Stadium de Toulouse. L’attente s’est faite dans la pluie et le froid, sur fond de Dalida, en regardant les cinq écrans géants qui diffusaient des montages vidéos. Puis à 23h, il arrive. Tous ne pouvaient pas le distinguer, mais ses mots les ont fait vibrer, avec une allocution qui “exprime publiquement ce qu[‘ils] ressent intimement” comme le couchait Le Monde, dans son papier du lendemain. Des mots qui ont conquis, quelques heures avant que le pays tout entier ne se dirige vers les urnes pour élire les candidats qui seraient présents au second tour.
Mais 1974 ne sera pas son année et il faudra attendre 1981 pour le voir succéder à Valéry Giscard d’Estaing. Une campagne qu’il achèvera avec un ultime discours, dans la Ville Rose, quelques jours avant de devenir le premier Président socialiste de la Cinquième République.
Un dernier discours à Toulouse, qui “est devenu un rite” pour les candidats socialistes comme le précise Sébastien Vincini, Premier secrétaire fédéral du Parti Socialiste en Haute-Garonne. “Tous les candidats viennent chercher la ferveur et la force des terres jaurésiennes. Mitterrand, Jospin, Royal, Hollande… et même aux dernières élections, Hamon, si bien qu’il avait rempli le Zénith de Toulouse à quelques jours du premier tour [en 2017]”.
C'est à Toulouse qu'on vient chercher l’ultime énergie avec laquelle on remporte les victoires pour lesquelles on se bat! #BHToulouse pic.twitter.com/5EISmBxY0S
— Benoît Hamon (@benoithamon) April 18, 2017
François Mitterrand, c’est quatre campagnes présidentielles, toutes clôturées à Toulouse. Lors de son discours du 3 mai 1974, le socialiste disait de la Ville Rose, qu’il “l’aime et la retrouve avec sérénité”. Un amour que ses habitants lui ont toujours rendu, et pour cause, depuis 1965, les toulousains votent majoritairement à gauche aux élections présidentielles. En 1974, François Mitterrand avait obtenu 53.75% des votes, contre 46% pour Valéry Giscard d’Estaing.
Une donnée étonnante au vu des couleurs de la mairie. Toulouse est traditionnellement à droite de l’échiquier politique, à la différence des autres institutions politiques à laquelle elle appartient. Pour Sébastien Vincini, le Premier secrétaire fédéral du Parti Socialiste de Haute-Garonne, “c’est un paradoxe qui s’explique par le fait qu’à Toulouse, il y a une vraie diversité de gauches qui ne fédère pas assez pour convaincre un électorat modéré et ainsi gagner la mairie”. Mais cela ne s’applique pas au département de la Haute-Garonne, qui lui, est un bastion de gauche depuis 1965, avec des présidents qui ont toujours été membres du Parti Socialiste. Quant à l’Occitanie, si elle est dirigée par la gauche depuis la fusion entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, ces deux anciennes régions n’ont pas les mêmes traditions. En effet, si Midi-Pyrénées est une terre de gauche, Languedoc-Roussillon penche aujourd’hui plus à droite.
Guillaume Chambon
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