Le projet de rendre plus écologiques les blocs opératoires de Toulouse, intitulé “Green Bloc” a été lancé il y a deux ans par le docteur Charlotte Martin, responsable de l’unité des blocs aux urgences de l’hôpital Pierre Paul Riquet. Aujourd’hui, il s’étend dans tous les établissements du CHU de la ville.
« Si nous trions nos déchets à la maison, pourquoi ne pas le faire dans les blocs ? », s’est questionnée Charlotte Martin, médecin anesthésiste réanimateur en neurochirurgie et responsable de l’unité des blocs des urgences.
Il y a près de trois ans, une équipe de 15 professionnels des blocs opératoires de l’hôpital Pierre Paul Riquet de Toulouse ont fait un constat : 20 à 30 % de la production de déchets d’un établissement de santé sont générés par les salles d’opération. Pilotée par le docteur Charlotte Martin, une réflexion a donc été lancée. Elle a donné lieu à l’opération “Green Bloc”. « Celle-ci se concentre sur trois axes principaux : la gestion des déchets, la consommation d’eau et l’économie d’électricité », explique Charlotte Martin. Aujourd’hui, l’ensemble des blocs opératoires du CHU de Toulouse participent à la démarche. On vous explique.
Si l’initiative émane de l’Hôpital Pierre Paul Riquet, tous les blocs opératoires du CHU de Toulouse sont désormais concernés. « Après Purpan, ce sont Rangueil, Larrey, l’Hôpital des enfants et l’ensemble des maternités de Toulouse qui ont commencé à intégrer la démarche à partir de 2020 », indique le médecin anesthésiste.
Dans chacun d’entre eux, des “Green Team” se sont créées pour mettre en place les recommandations. « Il était essentiel pour nous qu’il s’agisse d’agents de terrain qui développent le projet sur les différents sites », souligne le docteur Martin. « Qui de mieux que celles et ceux qui travaillent chaque jour dans un bloc pour imaginer la meilleure organisation possible ? » poursuit le CHU de Toulouse.
La première étape de l’opération “Green Bloc” a été de se concentrer sur la gestion des déchets. Dans un hôpital, il en existe deux types : les déchets assimilés aux ordures ménagères (DAOM) et les déchets d’activités de soins à risque infectieux (DASRI). « L’incinération de ces derniers est extrêmement polluante », explique Charlotte Martin. Pourtant, ils représentaient près de 40 % des détritus des services opératoires.
Alors, une mise à jour des recommandations a été réalisée par le Comité de lutte contre les infections Nosocomiales (CLIN). Aujourd’hui, ils ne représentent plus que 20 % des ordures générées par les blocs de Toulouse. « Pour ce qui est des 80 % de DAOM, nous avons mis en place des systèmes de poubelles qui permettent de les trier directement dans les salles d’opération », développe-t-elle. Quatre autres poubelles ont donc été installées pour le recyclage : plastiques, papiers, cartons et métaux précieux. Au total, cinq tonnes de déchets sont désormais revalorisées chaque mois.
« Une grande quantité d’eau est utilisée pour le lavage des mains », explique le médecin anesthésiste. Les débits dans les blocs opératoires ont donc été revus à la baisse. « Au quotidien, cela ne change rien, mais sur l’année, nous faisons plus de 500 000 litres d’économies d’eau. Cela représente aussi une certaine économie financière », poursuit-elle.
Pour améliorer leurs performances énergétiques, l’ensemble des blocs du CHU de Toulouse va prochainement être équipés de leds. « Les travaux ont pris du retard à cause de la pandémie », justifie le docteur Martin.
Un dispositif de contrôle de consommations d’électricité est également en train d’être étudié. Des interrupteurs en minuteur et des détecteurs de présence vont être proposés pour éviter que certaines salles du service ne restent allumées lorsqu’elles sont inoccupées. Dans les couloirs, la lumière sera aussi tamisée la nuit.
Les “Green Team” ont engagé une réflexion autour des dispositifs à usage unique. Un test est actuellement en cours sur le site de Larrey pour l’utilisation de tenues vestimentaires et de calots en tissu dans les blocs. De plus, les anesthésistes sont formés à réduire le débit de gaz anesthésiants dits “halogénés”, utilisé avant les opérations. « Il est très polluant et engendre une grande quantité de gaz à effet de serre », explique Charlotte Martin. Les efforts se poursuivent donc dans l’ensemble du CHU, qui a pour objectif de mettre en place des solutions de manière pérenne.
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