Pendant un an, ils ont conservé des fragments d’écorce de platane chez eux. 90 citoyens volontaires, à Toulouse et Balma, ont participé au projet de recherche ”NanoEnvi” sur la pollution aux nanoparticules liée à la circulation automobile. Les scientifiques chargés de l’analyse de ces échantillons livrent leurs premiers résultats.
© CNRS – laboratoire Géosciences environnement de ToulouseUne guirlande composée de trois fragments d’écorce de platane suspendue dans la cuisine ou à la façade de la maison… Un curieux petit mobile qui est en fait une station d’analyse de l’air rudimentaire constituée de bio-capteurs passifs. Un dispositif que 90 habitants de Toulouse et Balma ont hébergé à l’intérieur et à l’extérieur de leur logement pendant un an. Les chercheurs du laboratoire Géosciences environnement de Toulouse (GET) ont dévoilé les premiers résultats de ce projet de recherche participatif, baptisé NanoEnvi, dont le but est d’étudier la pollution aux particules produite par la circulation automobile à Toulouse.
La première originalité de ce projet de recherche réside dans le mode de collecte des données. « L’utilisation d’écorce de platane nous permet de disposer de capteurs sans impacter l’environnement. Elle présente de nombreux petits canaux et anfractuosités qui piègent les particules qui nous intéressent et les retiennent même en cas de pluies abondantes. Par ailleurs, c’est un arbre courant en ville. Il nous est donc très facile de trouver des spécimens sur place pour prélever des échantillons et cartographier la rue », explique Mélina Macouin, chercheuse au CNRS rattachée au GET. Après un an d’exposition dans plusieurs lieux de Toulouse et de Balma soumis à différentes configurations de circulation automobile, les scientifiques ont commencé l’analyse de ces échantillons.
© CNRS – laboratoire Géosciences environnement de ToulouseDioxyde de carbone, monoxyde, oxydes d’azote, métaux lourds, suies issues de la combustion des moteurs… La circulation automobile produit tout un cortège de particules polluantes. Les plus petites d’entre elles, les nanoparticules, ne dépassent guère quelques millionièmes de millimètre. « Aujourd’hui, les études épidémiologiques démontrent que plus les particules sont fines, plus elles ont un effet néfaste sur la santé. Principalement parce que leur taille minuscule leur permet de franchir les barrières corporelles, comme les tissus cérébraux ou les muscles cardiaques. Elles affectent les poumons et augmentent les risques de pathologies cardiaques et de cancers », détaille la chercheuse. Pour évaluer l’exposition des personnes à ces éléments nocifs, les scientifiques du GET ont mesuré la concentration de particules magnétiques, particulièrement facile à discerner au microscope électronique. « C’est un traceur qui met en évidence la présence de l’ensemble des composants polluants », ajoute-t-elle.
Les premiers résultats mettent en évidence que les principaux facteurs d’exposition sont liés à l’aménagement et au mobilier urbain. « Ces particules sont produites par les moteurs, mais aussi par l’abrasion de l’embrayage, des freins et des pneus. L’intensité du trafic, la présence d’un carrefour ou de feux de circulation sont déterminants. Mais nous avons également démontré qu’un muret ou une barrière végétale protégeaient significativement les habitations », précise Mélina Macouin. Par ailleurs, son laboratoire a mis en évidence une nette différence de concentration de ces particules entre l’extérieur et l’intérieur des logements. « Ce qui ne doit pas pour autant pousser les gens à se calfeutrer, car il existe beaucoup d’autres sources de pollution intérieure », rappelle la scientifique.
Une première série de résultats qui devra-être affinée pour déterminer de manière plus précise l’impact de l’aménagement urbain, et notamment l’effet de la végétalisation sur l’exposition à la pollution automobile. Ce projet de recherche participative a donc été reconduit pour trois ans.
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