Alors que les travaux de l’autoroute A69 sont sur le point de reprendre après plusieurs mois d’arrêt, une nouvelle controverse enfle autour du viaduc de l’Agout, en plein cœur d’une zone classée Natura 2000. Le collectif La Voie est Libre alerte sur des effondrements de berges qu’il juge catastrophiques pour l’environnement et attribue à des « malfaçons ». Atosca, le concessionnaire, répond en pointant du doigt un chantier inachevé et désorganisé par l’arrêt brutal imposé par la justice. Voici ce qu’il se passe.
Le chantier de l’A69, qui permettra de relier à terme Toulouse à Castres, est toujours au cœur des débats. Cette fois-ci, c’est le viaduc de l’Agout qui est pointé du doigt par les militants écologistes du collectif La Voie est Libre. Au cœur des préoccupations : l’état des berges de ce viaduc situé dans une zone écologiquement sensible. Alors que les premiers parlent de « saccage », les seconds défendent une situation « inédite » causée par l’arrêt du chantier. Les accusations fusent.
Dans son dernier communiqué, La Voie est Libre parle sans détour de la « pire bévue du concessionnaire depuis le début du chantier ». Le collectif affirme avoir constaté l’effondrement de berges sous le viaduc, en zone Natura 2000, conséquence selon lui d’installations « posées à la va-vite » par NGE, l’opérateur du chantier.
Selon ses observations : « Ces matelas de gabions, un procédé à bas coût censé limiter l’érosion, ne sont plus qu’un champ de ruines […] glissant inexorablement vers l’Agout, détruisant ce milieu fragile. »
Les militants écologistes pointent alors du doigt une cascade d’irrégularités techniques : absence de géotextile, ancrage insuffisant, positionnement en haut de berges pentues… autant d’éléments qu’ils jugent contraires aux préconisations habituelles. Le collectif ne manque pas non plus de rappeler les « 14 mises en demeure » et les « 43 rapports en manquements administratifs » déjà adressés au chantier, estimant que ces nouveaux faits confirment une gestion globale « défaillante ».
Le plaidoyer va plus loin. Le collectif y voit une illustration du mépris du concessionnaire pour l’environnement et des failles du contrôle public : « L’État doit sanctionner fermement le concessionnaire et exiger des mises en conformité urgentes. »
La question de la réparation de la zone touchée est posée, mais les écologistes se montrent inflexibles : « Hors de question que de nouveaux arbres et espèces protégées soient détruits pour réparer ces agissements inqualifiables ! »
De son côté, Atosca rejette la responsabilité de ces dégradations : « C’est une conséquence directe de l’arrêt brutal de ce chantier, qui nous a empêchés de poursuivre le travail correctement. »
En effet, le concessionnaire insiste : le viaduc n’était pas terminé, notamment son système d’étanchéité et d’assainissement. Ce dernier point serait à l’origine de ruissellements mal canalisés ayant pu détériorer certaines zones : « Nous avions un système d’assainissement provisoire […] mais comme nous avons dû arrêter brutalement les choses, nous nous sommes retrouvés face à une situation où les eaux ont ruisselé de manière anormale. »
Atosca indique également qu’une large phase d’inspection est en cours sur l’ensemble des 53 kilomètres du chantier. Selon le concessionnaire, ces vérifications doivent permettre d’évaluer précisément l’impact de l’arrêt, notamment sur la faune : « La nature a repris le dessus en trois mois d’arrêt. […] Nous devons vérifier par exemple qu’il n’y a pas d’œufs de grenouilles dans les bassins de rétention, ainsi que l’état des infrastructures mises en place temporairement avant l’arrêt du chantier. »
Enfin, il affirme qu’aucune reprise des travaux de génie civil ne sera effectuée avant la fin de ces inspections environnementales et conclut en rappelant : « Un chantier qui s’arrête comme ça trois mois, c’est une situation inédite. »
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