Stoppée en raison des fortes chaleurs, la centrale nucléaire de Golfech a déjà été arrêtée plusieurs fois l’an passé, et a fait l’objet de multiples contrôles de l’autorité de sûreté nucléaire. Observations renforcées, inspections inopinées et vigilance sur les rejets d’eau chaude : l’ASNR veille à la conformité de l’installation d’EDF.
La centrale nucléaire de Golfech est à l’arrêt depuis ce lundi 30 juin, et le restera au moins jusqu’à dimanche prochain. Il s’agit là d’un acte volontaire de la part d’EDF, en réaction à la vague de fortes chaleurs que subit la région actuellement. En effet, sous l’effet des températures exceptionnellement élevées, l’eau de la Garonne s’est réchauffée. Un phénomène qui impacte directement l’établissement tarn-et-garonnais.
Chaque centrale dispose d’un système qui lui est propre, conditionné par son environnement immédiat. A Golfech, le refroidissement des réacteurs est assuré par une tour réfrigérante dans laquelle passe de l’eau. Celle-ci est puisée en amont de la centrale dans la Garonne, et y est rejetée en aval. « Pour garantir le bon fonctionnement du processus et pour préserver l’environnement en général, et le milieu aquatique en particulier, les recommandations sont strictes : l’eau rejetée par la centrale ne doit pas excéder 28°C. Or, actuellement, les mesures réalisées en amont font déjà état d’une température de l’eau supérieure à 28°C », explique Paul De Guibert, chef de la division de Bordeaux à l’Agence de sûreté nucléaire et de la radioprotection (ASNR). EDF, exploitant de la centrale de Golfech, a donc été contraint de stopper ses réacteurs, faute de pouvoir les refroidir.
Un arrêt non-programmé qui, selon toute vraisemblance, devrait être amené à se répéter, au vu des impacts du réchauffement climatique. Un scénario qu’observe l’ASNR, agence indépendante, mandatée par l’État pour contrôler les activités nucléaires civiles, principalement l’exploitation de centrale pour la production de l’électricité, tant sur les aspects matériels qu’organisationnels et humains. « Nos missions consistent aussi a définir des programmes de recherche, notamment pour innover en matière de maîtrise de la qualité et des températures de l’eau rejetée par Golfech. Nous nous assurons ensuite qu’EDF déploie les moyens nécessaires pour intégrer ces innovations et respecte les règlementations en vigueur », précise Paul De Guibert.
Pour cela, l’ASNR multiplie les contrôles. En 2024, la division de Bordeaux, de laquelle dépend la centrale de Golfech, a mené 20 inspections, dont trois inopinées. Ces dernières ont permis de relever plusieurs défaillances : « Des défauts dans la maîtrise du risque d’explosion interne et la gestion des moyens de crise. Et si l’agence a mis en évidence des améliorations intervenues dans le domaine de la protection de l’environnement, et notamment dans la maîtrise du risque d’écoulement de substances dangereuses dans l’environnement, le site n’est pas encore totalement à l’attendu, en particulier dans la gestion des effluents rejetés dans le bassin d’orage (ouvrage recueillant les eaux pluviales du site, NDLR) ».
Toutefois, dans l’ensemble, « les performances sont désormais à un niveau satisfaisant », conclut l’agence. Elle relève que les arrêts non programmés, comme celui qui touche la centrale en ce moment, et les redémarrages qui en ont résulté, ont été bien gérés. Des “stop and go” notamment « dus à des aléas techniques en lien avec des automatismes, responsables de trois arrêts automatiques de réacteur », explique Séverine Lonvaud, cheffe du pôle “réacteurs à eau pressurisée” de l’ASNR. Seuls deux événements ont été jugés “significatifs” (mais sans conséquence) en 2024, et ont été classés “niveau 1” sur l’échelle internationale des événements nucléaires (INES) qui en compte sept.
Une bonne appréciation pour la centrale de Golfech, dont l’examen des réacteurs est actuellement en cours : « Nous effectuons la visite décennale du deuxième réacteur, celle du premier ayant déjà été réalisée », confirme Séverine Lonvaud. En 2033 et 2035, auront lieu les derniers contrôles de ce type, à l’issue desquels l’ASNR émettra un avis quant à la poursuite de l’exploitation de l’établissement, qui aura alors 40 ans. Déjà, une consultation du public a été menée sur les modalités de continuation des réacteurs nucléaires de 1 300 MWe d’EDF après leur quatrième et dernière visite décennale, à l’image de ceux de Golfech.
Commentaires