Nous sommes à Montaren-et-Saint-Médiers, un petit village du Gard de 1 400 âmes, à mi-chemin entre Alès et Avignon. Depuis 2008, les habitants vouent un culte quasi religieux à une légumineuse : le pois chiche. Une fête insolite le célèbre désormais pendant trois jours au détour de concerts, spectacles vivants et défilés.
Le pois chiche était cultivé dans la région au début du XXe siècle, selon les archives locales. À Montaren, les graines poussaient si facilement que les fondateurs de la fête (un groupe d’amis musiciens) s’en sont inspirés pour créer le mythe, sur le modèle de carnaval. Lors de la “fèsta del Céser” (en occitan), la légumineuse est personnifiée sous les traits du “Pois chiche masqué”, qui impose alors un nouveau langage avec des terminologies en -iche.
Réunis au sein du KPCM, le “Kollectif du Pois chiche masqué”, les créateurs de cette fête totalement insolite ont inventé des rites humoristiques, farfelus, parfois paillards, voire scatologiques. Tout au long de la célébration, la “Confrérie des frères péteurs”, en tunique rose pimpante, vante les mérites des gaz provoqués par l’ingestion de pois chiches.
Au début du week-end, le totem “poischichesque” est dévoilé, puis voué à être brûlé le dimanche, alors que les organisateurs passent le flambeau à la nouvelle équipe. La crémation vient ainsi honorer la fin de la fête du pois chiche. Véritable moment d’émotion, c’est aussi l’occasion pour toutes les générations d’enjamber le feu lors d’un ultime rite de transmission presque expiatoire.
La fête du pois chiche met aussi en avant les langues et les cultures locales. La programmation riche d’une trentaine de propositions artistiques est orientée vers l’occitan avec chaque année, des têtes d’affiches de la musique trad’, à l’image de CXK ou encore Feràmia. Le site est également disponible en bilingue français-languedocien. “Sem Fier, lo Fuoc de la Convivença”, (le feu de la convivialité), était le thème en 2024.
Mais à l’heure où la question du bilan carbone d’un festival se pose de plus en plus, à Montaren, les organisateurs mettent en place des actions vertueuses. Tri et recyclage des déchets, circuit court, toilettes sèches, covoiturage et transport collectif, le KCPM a reçu « le 1er prix national d’éco responsabilité » en 2018, selon le site Internet de l’événement.
Tout comme les fêtes de l’Ours du Haut Vallespir, cette manifestation populaire, qui attire pas loin de 10 000 personnes chaque année, a été reconnue en 2022 à l’Inventaire national du patrimoine culturel de l’Unesco au titre des “chefs-d’œuvre du patrimoine culturel immatériel”. Cette année, le rendez-vous est donné du 23 au 25 mai 2025. Chiche de s’y rendre ?
Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse
Cet article a été écrit par des élèves de l'Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse dans le cadre d'un partenariat avec le Journal Toulousain.
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