Sécheresse : les Pyrénées-Orientales pourraient être alimentées en eau par le Rhône

Alors que le département des Pyrénées-Orientales fait face depuis deux ans à des difficultés liées à la sécheresse, la Région Occitanie réfléchit aux différentes solutions possibles pour soulager le territoire, parmi les idées avancées, celle de puiser l’eau du Rhône…

Les Pyrénées-Orientales font face depuis deux ans à d’importantes difficultés liées à la sécheresse, et le phénomène ne cesse de s’aggraver. Le département manque d’eau, ce qui impacte notamment l’agriculture locale, laissant certains exploitants sans solutions. Pour pallier cette problématique, la Région Occitanie étudie toutes les solutions possibles, jusqu’aux plus surprenantes : puiser l’eau du Rhône pour alimenter les Pyrénées-Orientales.

Puiser dans le Rhône, comme le font déjà l’Aude, l’Hérault et le Gard

Cette idée aussi étonnante soit-elle, n’est pas si insensée qu’elle n’en a l’air, puisque depuis quelque temps, l’eau du Rhône sert déjà à alimenter les départements de l’Aude, de l’Hérault et du Gard, via le réseau hydraulique Aqua Domitia de la Région Occitanie. Mis en service en 2016, après près de 10 ans de travaux, cet aménagement permet de sécuriser les besoins en eau d’une grande partie du littoral. Ainsi, 40% sont destinées à alimenter les habitants en eau potable, 40% au soutien à l’agriculture, et les 20% restants sont reversés dans le milieu naturel.

Seulement, dans ce dispositif, les Pyrénées-Orientales ne figuraient pas. Les élus ont donc voté, en assemblée plénière du Conseil régional le 28 mars dernier, le lancement des études de faisabilité de l’extension du Réseau hydraulique régional jusqu’aux Pyrénées-Orientales. Ce projet devra à termes se raccorder au réseau hydraulique déjà existant ainsi qu’aux infrastructures du traitement des eaux.

Reste à déterminer comment toute cette eau sera acheminée jusqu’aux Pyrénées-Orientales. Elle empruntera le réseau hydraulique régional par des canaux déjà existants ou à créer. Des infrastructures pourraient également voir le jour avec la création de barrages et de retenues, d’usines d’eau potable, ou encore de stations de pompage.

Le projet contre la sécheresse dans les Pyrénées-Orientales

Pour l’heure, ce projet n’en est qu’à l’étude. Étude qui commencera au mois de septembre, lorsque la Région Occitanie aura choisi la société qui en sera responsable. Cette étape permettra de définir la faisabilité technique et financière de l’acheminement de l’eau du Rhône vers les Pyrénées-Orientales. En effet, cette idée soulève de nombreuses questions. Pourquoi le Rhône ? Fabrice Verdier, conseiller régional en charge du dossier explique : « Le Rhône est une ressource abondante, 54 milliards de mètres cubes sont rejetés dans la mer chaque année. Nous pouvons donc en utiliser une partie. »

Il précise alors : « C’est déjà le cas dans l’Aude, le Gard ou encore l’Hérault. Au total, 5% du débit du Rhône est prélevé chaque année par les départements jouxtant le fleuve. Nous considérons qu’il nous reste une marge d’utilisation de cette eau pour pouvoir répondre à des difficultés des Pyrénées-Orientales. Toutefois, nous utiliserons ce potentiel avec rigueur, sobriété et parcimonie. » Pour le seul projet Aqua Domitia, l’élu estime le prélèvement de l’eau du Rhône à hauteur de 0,3%, soit 100 millions de mètres cubes par an. « Quand bien même nous doublerions cette quantité, il resterait encore énormément d’eau qui se jetterait dans la mer. Nous ne déséquilibrons donc pas l’équilibre naturel », ajoute Fabrice Verdier. Pour lui, acheminer l’eau d’un endroit à un autre, même très distant, n’est pas une prouesse technologique, « puisque les Romains le faisaient déjà, il y a plus de 2000 ans, avec des viaducs. »

L’étude en cours, permettra à la Région Occitanie de définir la quantité exacte d’eau à puiser dans le Rhône, les différents tracés possibles du nouveau réseau ou encore le coût du projet. Elle devrait durer environ six mois et sera ensuite suivie d’une enquête publique, d’une concertation, de procédures d’acquisition foncière… Et enfin, des travaux, dont la durée est estimée à 10 ans.