Montpellier accueille depuis peu une entreprise à but d’emploi dans le cadre de la démarche Territoire zéro chômeur de longue durée. Celle-ci a déjà permis de sortir 20 personnes du chômage. Les détails.
Sylvie, Muguette, Jordan, Rachida… Ils sont une vingtaine à avoir retrouvé le chemin de l’emploi grâce à une structure totalement inédite au sein de la métropole de Montpellier : Hauts Val & Co, une association conventionnée entreprise à but d’emploi. Celle-ci a vu le jour dans le cadre de la démarche Territoire zéro chômeur de longue durée (TZCLD). Les communes de Montpellier et Grabels se sont effectivement portées candidates à cette expérimentation « qui vise à apporter une solution à toutes personnes privées durablement d’emploi sur un territoire donné ». En juillet dernier, elles ont obtenu l’officialisation de l’habilitation de leur candidature par décret du Conseil d’État et ainsi pu lancer la démarche sur leur territoire avec l’inauguration des locaux de Hauts Val & Co dans le quartier des Hauts de Massane à Montpellier.
Cette dernière se différencie donc des autres entreprises à bien des égards. « Hauts Val & Co a pour objectifs de créer des emplois supplémentaires, non concurrentiels et nécessaires au territoire, c’est-à-dire qui ne font pas concurrence à l’économie locale classique et qui répondent à des besoins des habitants et des entreprises du quartier des Hauts de Massane, mais également de la Valsière à Grabels », explique Bérénice Mey, sa présidente. Il s’agit des deux secteurs choisis pour la démarche Territoire zéro chômeur de longue durée. Et pour cause. « Sur ces deux quartiers, il y a 9 500 personnes, un taux de chômage de plus de 26% et des besoins non satisfaits qui peuvent se transformer en futurs emplois. Nous estimons qu’à peu près 980 de potentiels candidats pourraient être éligibles au dispositif », indique Bérénice Mey.
Peut postuler « toute personne d’au moins 18 ans, habitante d’un de ces quartiers et qui, depuis un an ou plus, est sans activité ou travaille de manière discontinue ou se trouve dans l’incapacité d’obtenir une situation d’emploi au volume horaire souhaité », détaille-t-elle. Ainsi, parmi les 20 salariés de l’entreprise, dont l’âge moyen est de 45 ans, on retrouve des personnes qui ont été en arrêt à la suite d’un accident de travail, d’autres qui alternaient des contrats courts ou encore des mères de famille qui n’ont jamais travaillé. D’ailleurs, aucun diplôme, ni expérience n’est demandé. Il suffit simplement d’être volontaire. « Il n’y a aucune sélection à l’embauche », précise la présidente de Hauts Val & Co. En fait, comme elle le souligne, « le schéma de recrutement est inversé ». « Nous recensons les compétences des personnes volontaires et les positionnons sur des activités que nous allons créer », informe Bérénice Mey.
L’entreprise vise le recrutement de « 200 personnes d’ici à cinq ans ». Pour cela, elle prévoit d’en embaucher 30 par an. « La deuxième salve de recrutement aura lieu entre février et mars », prévient-elle. Les habitants des quartiers des Hauts de Massane et de la Valsière qui seraient intéressés doivent se rapprocher du Comité local pour l’emploi (CLE). « Il faut tout d’abord s’inscrire en tant que volontaire bénévole pour rejoindre le projet », mentionne Bérénice Mey. Une liste d’attente est d’ores et déjà établie. Il faut dire que 974 personnes sont éligibles à la démarche sur le territoire et que 414 devraient être volontaires. Autant de personnes qui pourraient donc bénéficier « d’un retour à l’emploi pérenne », espère la présidente de l’association. Les salariés sont effectivement tous embauchés en CDI et à temps choisi.
Selon leurs compétences, les salariés sont répartis au sein de quatre pôles d’activité. « Un dédié aux services aux habitants et aux entreprises présentes au sein du Biopôle Euromédecine de Grabels. Ce pôle comprendrait de la coiffure à domicile, de petites réparations ou du dépannage informatique, et de l’entretien de vélo, de la livraison de repas ou de l’aide à l’organisation d’événements. Un autre pôle se compose d’un café solidaire et d’une épicerie qui ouvriront en janvier dans le quartier des Hauts de Massane. Nous avons aussi un pôle recyclerie et ressourcerie qui proposera de la réparation de vélos. Et puis, un pôle nature qui aura notamment pour projet la remise en production de deux oliveraies présentes sur la commune de Grabels », liste-t-elle.
Des activités qui pourraient s’étoffer avec le temps et l’arrivée de nouveaux salariés afin de « révéler les compétences et les talents de chacun » des volontaires. Ces derniers, pour le moment, « travaillent à la mise en place des activités, à la communication et à l’information aux habitants et aux entreprises, et à l’étude du marché », déclare Bérénice Mey. Celle-ci consiste en un sondage mené auprès des entreprises des quartiers concernés. « Cela nous permettra de savoir quels types de services semblent prioritaires et ne sont pas proposés actuellement dans le secteur », spécifie-t-elle. Et il vaut mieux viser juste, car Hauts Val & Co cherche à générer du chiffre d’affaires. « L’objectif est d’être en capacité de s’autofinancer », précise la présidente de l’association qui bénéficie actuellement de financements publics.
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