Au sommet du Pic du Midi, l’installation d’un nouvel équipement de haute technologie marque une avancée majeure dans la recherche d’exoplanètes. Cet instrument d’exception permettra de repérer des mondes habitables autour d’étoiles proches.
Perché à près de 2 900 mètres d’altitude, l’observatoire du Pic du Midi de Bigorre accueille un nouvel instrument astronomique d’exception : SPIP, pour “Spectropolarimètre infra-rouge pyrénéen”. Installé sur le télescope Bernard Lyot, cet outil de haute précision marque une étape majeure dans l’exploration des exoplanètes et la compréhension de la formation des systèmes planétaires.
Conçu par les ingénieurs et chercheurs de l’Observatoire Midi-Pyrénées (OMP) et de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (IRAP), SPIP bénéficie du soutien du CNRS, de l’Université de Toulouse et de la Région Occitanie. Il s’inscrit dans une démarche scientifique ambitieuse : observer et analyser des planètes rocheuses situées autour d’étoiles proches du Soleil, un enjeu clé pour identifier d’éventuels mondes habitables.
Fonctionnant à -200°C, dans des conditions de stabilité extrême, SPIP peut mesurer les minuscules variations de la lumière infrarouge émise par les étoiles. Cette prouesse permettra aux scientifiques de détecter la présence de planètes rocheuses, notamment autour des étoiles naines rouges, réputées pour être des candidates idéales à l’habitabilité.
L’appareil ne se limite toutefois pas à la recherche d’exoplanètes : en tant que spectropolarimètre, il sera également capable d’étudier les champs magnétiques et les processus de formation stellaire, offrant un regard inédit sur la genèse des systèmes planétaires.
Le développement de SPIP a mobilisé plus de sept années de travail et réuni une équipe d’ingénieurs, de techniciens et de scientifiques. L’instrument, composé de plus de 10 000 pièces, pèse près de quatre tonnes. Son installation au sommet du Pic du Midi a nécessité une logistique exceptionnelle. « Transporter, intégrer et valider un instrument cryogénique de haute précision dans un environnement de haute montagne a nécessité des compétences très spécifiques et une organisation extrêmement détaillée », précise Marielle Lacombe, ingénieure de recherche au CNRS et cheffe de projet SPIP.
Une fois les tests terminés, SPIP travaillera en synergie avec son jumeau SPIRou, installé à Hawaï. Cette collaboration entre les deux hémisphères permettra une observation continue des mêmes cibles, indispensable pour repérer les infimes fluctuations lumineuses trahissant la présence d’exoplanètes.
Le coût total du projet atteint 7,2 millions d’euros, dont 3,6 M€ apportés par la Région Occitanie, 470 000 € par l’Université de Toulouse et 270 000 € par l’IRAP-OMP et ses partenaires. Par ailleurs, la Région a financé 3,5 M€ supplémentaires, dont 3 M€ de fonds FEDER, pour l’extension des bâtiments d’accueil et des laboratoires.
Ces investissements consolident la position du Pic du Midi comme centre scientifique d’excellence. Au-delà de la recherche astronomique, ils participent à la transition environnementale et à la compréhension des phénomènes climatiques, deux priorités pour la région et pour la communauté scientifique.
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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