Située au cœur de la vallée d’Aure, l’église romane Notre-Dame–Saint-Laurent de Jézeau, inscrite à l’UNESCO et classée Monument historique, s’apprête à être totalement restaurée, grâce à la Mission Patrimoine. Ce chantier d’envergure vise à préserver ce joyau des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle et à valoriser le patrimoine des Hautes-Pyrénées.
Accrochée aux pentes verdoyantes de la vallée d’Aure, dans les Hautes-Pyrénées, la petite commune de Jézeau (environ 100 habitants), connue dans la région pour sa fête de la pantoufle, s’apprête à écrire un nouveau chapitre de son histoire. Son église romane Notre-Dame–Saint-Laurent, classée Monument historique et inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1998 au titre des Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, fait l’objet d’une campagne de restauration d’envergure. Grâce à sa sélection par la Fondation du Patrimoine dans le cadre de la Mission Patrimoine, elle va bénéficier des fonds du Loto du Patrimoine pour terminer les travaux. Objectif : sauvegarder un témoin rare de l’art religieux médiéval et redonner à ce sanctuaire son éclat d’autrefois.
Bâtie au XIIᵉ siècle, l’église de Jézeau incarne l’architecture romane typique des vallées pyrénéennes. Son plan simple et harmonieux révèle toute la sobriété du style : nef rectangulaire voûtée en berceau, chevet en cul-de-four et mur clocher composent un ensemble d’une remarquable cohérence.
Au fil des siècles, le lieu de culte a évolué sans jamais perdre son authenticité. Des peintures à la détrempe (les pigments sont liés par des colles restant solubles à l’eau après séchage), réalisées entre le XIIIᵉ et le XVᵉ siècle, ornaient autrefois les murs de l’église. Quelques fragments subsistent encore derrière le retable, témoins discrets de cette époque.
Mais la destinée de Notre-Dame–Saint-Laurent a été marquée par la tragédie : au XVIᵉ siècle, un incendie, probablement déclenché lors d’une tentative de désinfection pendant une épidémie de peste, a ravagé une partie du village et endommagé sérieusement l’édifice. Malgré ces destructions, l’église conserve un élément majeur : son retable Renaissance, unique dans la région. Ce chef-d’œuvre est décoré de statues du XVe siècle et de 15 panneaux peints illustrant notamment le miracle de Saint-Jacques-le-Majeur “le pendu-dépendu”, une scène rarement représentée dans l’iconographie chrétienne.
Aujourd’hui encore, ce sanctuaire attire pèlerins et randonneurs parcourant le GR 105, l’un des itinéraires secondaires vers Compostelle, et demeure un symbole fort de la spiritualité montagnarde.
Depuis plusieurs années, la municipalité de Jézeau s’investit dans la préservation de son patrimoine. Une première phase de restauration a déjà permis de consolider certaines parties fragiles du bâtiment. La seconde tranche, visera à compléter ce vaste chantier patrimonial.
Le programme portera sur la réfection des maçonneries et des enduits, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, notamment sur la sacristie et le bas-côté Nord. Les travaux comprendront également la restauration du mobilier ancien, des vitraux, ainsi que la remise en état du retable et des peintures murales. Ces interventions, garantiront la pérennité de l’édifice tout en respectant les matériaux et techniques d’origine. Selon la Fondation du Patrimoine, partenaire du projet, « la restauration de l’église Notre-Dame et Saint-Laurent de Jézeau est nécessaire pour assurer la conservation de l’édifice et de son mobilier et sauvegarder ainsi sa valeur exceptionnelle. »
L’église Notre-Dame–Saint-Laurent s’inscrit au cœur des vallées d’Aure et du Louron, labellisées “Pays d’art et d’histoire” pour leur richesse architecturale et culturelle. Situé à 820 mètres d’altitude, dans un environnement naturel préservé, le village de Jézeau profite de la fréquentation croissante des randonneurs, visiteurs et pèlerins en quête d’authenticité.
La restauration de l’église dépasse donc la seule dimension patrimoniale. Elle s’intègre dans une stratégie de développement culturel et touristique qui valorise le bâti ancien tout en dynamisant l’économie locale. À terme, la commune espère faire de son église un pôle d’attraction majeur pour les amateurs de vieilles pierres, d’art sacré et de spiritualité. Lorsque les travaux seront achevés, Jézeau pourra de nouveau accueillir le public dans une église restaurée, témoin de neuf siècles d’Histoire des Hautes-Pyrénées.
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