La fonte du glacier d’Ossoue atteint un niveau critique en 2025, égalant le triste record de 2023. Ces nouvelles mesures confirment l’extinction imminente des glaciers pyrénéens. Entre alerte scientifique et expédition de terrain, chercheurs et écoaventuriers rappellent l’urgence d’agir face au réchauffement climatique.
Les dernières observations menées les 11 et 12 octobre derniers sur le glacier d’Ossoue, niché au pied du Vignemale dans les Hautes-Pyrénées, confirment une fonte estivale exceptionnelle, comparable à celle enregistrée en 2023. Ces résultats, parmi les plus alarmants depuis le début des relevés en 2002, témoignent de l’agonie rapide des glaciers pyrénéens et d’une mutation irréversible du paysage français.
Plus vaste glacier français de la chaîne pyrénéenne, Ossoue s’étendait encore récemment sur 22 hectares. Les dernières données collectées par Pierre René, glaciologue et fondateur de l’association Moraine, indiquent une perte moyenne de 3,25 mètres d’eau en un an, soit presque deux fois la moyenne annuelle enregistrée depuis deux décennies. Ce recul place 2025 parmi les années les plus déficitaires jamais mesurées.
Depuis le début des suivis systématiques, le glacier a perdu 220 mètres de longueur, 50 mètres d’épaisseur et près de 60% de sa surface. Pour Pierre René, le constat est sans appel : « Nous pouvons aujourd’hui estimer qu’il aura totalement disparu non pas d’ici 2050, mais dès 2034. »
Cette accélération traduit l’impact direct d’étés de plus en plus chauds, où les températures records deviennent la norme. Or, les glaciers jouent un rôle clé dans la régulation thermique et hydrologique du massif. Leur disparition fragilise durablement les sols, les écosystèmes et les ressources en eau. Comme le souligne le glaciologue, « leur disparition, c’est la perte d’un climatiseur naturel et la déstabilisation des affleurements rocheux mis à jour ».
Dans le cadre de l’année internationale de la préservation des glaciers, Florian Fiquet, écoaventurier et ambassadeur du Pacte européen pour le climat, a entrepris un périple de 17 jours à travers les Pyrénées. Son objectif ? Documenter les effets du changement climatique et mobiliser le public autour de la disparition de ces géants de glace. Son parcours, mêlant randonnée en solitaire, rencontres locales et actions sur le terrain, s’est achevé aux côtés de Pierre René sur le glacier d’Ossoue. Ensemble, ils ont mené une opération de collecte de déchets anciens et réalisé les dernières mesures glaciologiques. « Cette fonte est une réalité visible et mesurable. […] Les Pyrénées, à court terme, seront dépourvues de glaciers. C’est un signal d’alarme pour nous tous », alerte Florian Fiquet.
Si la disparition totale des glaciers pyrénéens semble désormais inévitable à moyen terme, les scientifiques insistent sur la nécessité de préserver les zones en transition. Environ 90% des surfaces glaciaires ont déjà disparu, laissant place à de nouveaux écosystèmes en formation. L’État français prévoit d’atteindre 100% de protection de ces espaces (glaciers restants ou zones déglacées) d’ici 2030. Des discussions sont notamment en cours en Haute-Garonne pour créer un espace protégé dédié aux glaciers, même après leur disparition. « Même sans glace, ces territoires restent essentiels ; ils abritent des écosystèmes en formation et méritent une protection forte », rappellent conjointement Pierre René et Florian Fiquet. Selon eux, la fonte rapide des glaciers n’est pas seulement un phénomène géographique : c’est le baromètre d’un dérèglement climatique global, une alerte venue des sommets sur la nécessité d’agir avant qu’il ne soit trop tard.
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