Dans la rue, ils sont souvent inséparables : un maître et son chien. Pour les personnes sans domicile fixe, ce compagnon est bien plus qu’un animal, c’est un soutien moral. A Toulouse, l’association Gamelles Pleines l’a bien compris. Elle agit pour que jamais un maître ne soit contraint d’abandonner son chien pour se mettre à l’abri.
Bernard D, 56 ans, a dû faire ce choix : se sauver de la rue ou sauver son chien. En plein hiver, alors que les températures tombaient en dessous de zéro à Toulouse, il a accepté une place dans un centre d’hébergement d’urgence à Toulouse. Mais sa chienne, Cauzette, son seul repère en trois ans de rue, n’y était pas la bienvenue. « Je ne voulais pas la laisser. C’était mon pote, mon seul pote.» Bernard l’a confiée à un refuge, à contrecœur. «Je lui ai dit que je reviendrai… mais je ne sais même pas si elle est encore là. »
Aujourd’hui, Bernard est de retour dans la rue. Mais il n’est plus seul. Il a trouvé un nouveau compagnon à quatre pattes. Cette fois, il n’est pas question de s’en séparer. Grâce à l’association Gamelles Pleines, il reçoit croquettes, soins, couvertures et soutien. «Sans eux, je serais encore obligé de choisir entre moi et mon chien. Maintenant, on avance ensemble».
L’année dernière, l’association Gamelles Pleines a accompagné 196 sans abris et leurs 437 chiens à Toulouse. Lors de 52 maraudes, les bénévoles ont distribué 11 tonnes de nourriture animale et 458 colis alimentaires pour les maîtres. « On ne peut pas sauver un humain en laissant son animal derrière lui », martèle Aline Meilleurat, présidente de l’association. Alors chaque maraude est pensée en double : repas pour le maître, croquettes pour le chien. Couverture pour l’un, couverture pour l’autre.
Les bénévoles ne comptent pas leurs heures. Car pour beaucoup de sans-abri, leur chien est plus qu’un compagnon. C’est un enfant. Le lien est si fort qu’il devient impensable de l’abandonner.
Avant cela, il faut collecter : auprès de partenaires, de grandes surfaces, ou lors de journées dédiées, où croquettes, boîtes de pâtée, vêtements et denrées sont récupérées. Des entreprises locales et des mécènes apportent aussi leur soutien sous forme de subventions ou de dons alimentaires. « Nous voulons faire plus mais nous n’avons pas assez de fonds », déplore Aline Meilleurat, présidente de l’antenne de Toulouse, une des quatorze de l’Hexagone.
L’association assure également des livraisons dans les logements mis à disposition gratuitement par la mairie de Toulouse pour certains sans-abri. À cela s’ajoutent des frais vétérinaires importants : vaccins, soins, stérilisations… Aline Meilleurat le répète : « On ne peut pas laisser un chien souffrir parce que son maître est à la rue ».
Meïssa Hadjeb
Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse
Cet article a été écrit par des élèves de l'Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse dans le cadre d'un partenariat avec le Journal Toulousain.
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