La réhabilitation de la caserne Vion à Toulouse va pouvoir commencer puisque la vente est désormais actée. Seulement, elle ne satisfait pas les élus de l’opposition municipale. Ils dénoncent notamment le programme immobilier qui y est prévu.
Dans quatre ans, la caserne Vion, située dans le quartier Saint-Cyprien à Toulouse, arborera un tout nouveau visage. Quand les pompiers l’auront quittée, à la fin de l’année 2025, des travaux de reconversion vont effectivement y démarrer. Un projet de réhabilitation porté par Sporting Promotion et Vinci Immobilier à qui la Ville de Toulouse vient de céder la caserne pour un montant de 14 millions d’euros. Sa vente a en effet été soumise au vote des élus du conseil municipal le 26 juin dernier. Et certains n’ont pas manqué de rappeler leur désaccord à ce sujet. « Je ne vous surprendrai pas en vous disant que nous regrettons cette vente », déclare Isabelle Hardy, membre du groupe d’opposition Toulouse écologiste, solidaire et citoyenne (TESC).
Elle ajoute : « Il faut arrêter de vendre Toulouse. Il est important pour une ville comme la nôtre de pouvoir maitriser son foncier, surtout quand il est dans un endroit stratégique et qu’il a un intérêt patrimonial. » Sur ce dernier point, Isabelle Hardy salue d’ailleurs l’inscription au titre des monuments historiques du site par un arrêté préfectoral au mois de septembre dernier. Grâce à cela, seront notamment conservés et valorisés le garage de la caserne Vion qui deviendra un lieu de restauration, l’ensemble administratif qui fera office d’espace de coworking, l’auditorium qui accueillera une salle de spectacles et de conférences ou encore le gymnase qui sera converti en complexe sportif.
« Si nous avions mené ce projet sous maîtrise publique, en partenariat avec des acteurs privés, nous aurions fonctionné différemment. Là, le gymnase va être une salle privée, la salle de spectacles aussi et le garage va devenir un restaurant, alors que le lieu aurait pu accueillir un projet culturel qui avait du sens et était attendu dans le quartier », déplore Isabelle Hardy. Sacha Briand, adjoint au maire chargé notamment du patrimoine communal et immobilier, de lui répondre : « Vous répétez inlassablement que la caserne doit être transformée en équipement culturel, mais vous n’avez jamais été capable d’apporter des précisions sur le périmètre de celui-ci, d’évoquer le moindre porteur de projet qui pourrait avoir une idée pour une telle réalisation », dénonce l’élu.
Selon Isabelle Hardy, Sacha Briand « mélange les choses ». « C’est vous qui êtes aux affaires. Vous pouviez monter un groupe de travail pour nous associer et alors, nous aurions été force de propositions », affirme l’élue d’opposition. De son côté, Jamal El Arch, membre du groupe d’opposition Alternative municipaliste citoyenne (AMC), se demande « pourquoi il n’a pas été envisagé un projet ou un équipement public dans cette caserne » ? Sacha Briand rappelle alors que « nous avons, comme à chaque fois, diagnostiqué l’équipement pour vérifier ce que nous pouvions en faire pour nos propres besoins ». « Nous avions la volonté d’y installer le poste de police municipale, mais cela nous a été refusé par les services préfectoraux », informe-t-il.
Isabelle Hardy pointe par ailleurs du doigt le programme immobilier prévu. Dans le détail, les logements existants de la caserne Vion, au nombre de 96, vont être réhabilités et 25 nouveaux vont être construits à l’arrière du site. Certains seront proposés en accession classique, en accession aidée et en locatif social. Mais pour l’élue d’opposition, ce programme immobilier manque « de logements très sociaux ». « Il y en aura seulement 25%. Sur les 121 logements, 31 seront en prêt locatif aidé d’intégration (PLAI) et en Prêt locatif à usage social (PLUS) », estime-t-elle avant de demander : « Pour compenser le manque de logements sociaux, avons-nous prévu de réinjecter une partie de l’argent de la vente dans du logement social ? »
Jamal El Arch la rejoint. « Il faut des logements sociaux dignes de ce nom. D’autant plus que vous en détruisez au Mirail au nom de la fameuse mixité sociale, alors pourquoi ne pas en créer à Saint-Cyprien au nom de celle-ci ? » questionne l’élu. Mais pour Sacha Briand, « le programme de logements de ce projet est équilibré ». « Il y a 31 logements en PLAI et PLUS, 10 en Prêt social location accession (PSLA), 6 en Prêt locatif social (PLS) et 6 logements locatifs intermédiaires (LLI). Le programme propose du logement social dans toute sa diversité », déclare l’élu qui regrette « les arguments faibles » de l’opposition municipale au sujet de ce projet de réhabilitation. La délibération a été adoptée par les élus du conseil municipal de Toulouse.
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