À deux jours du conseil municipal de Toulouse, qui aura lieu ce jeudi 28 novembre, les élus d’opposition du groupe Alternative Municipaliste Citoyenne (AMC) demandent à Jean-Luc Moudenc, qu’ils accusent de jouer double jeu, de clarifier ses positions quant aux efforts exigés aux collectivités par le gouvernement. Des efforts dont ils dénoncent les conséquences sur les associations et sur les agents municipaux.
Le 7 novembre dernier, de nombreux maires et élus de la métropole, tous bords politiques confondus, s’étaient donnés rendez-vous devant la préfecture de Haute-Garonne, à l’appel de Jean-Luc Moudenc, pour protester contre les restrictions budgétaires imposées par le gouvernement Barnier aux collectivités locales. Le maire de Toulouse, dans une lettre ouverte adressée à ses homologues de la Métropole, écrivait alors : « L’annonce par le gouvernement d’un déficit aggravé et de son intention de solliciter un effort financier supplémentaire des collectivités locales, pour pallier l’incurie structurelle des finances de l’État, va engendrer un nouveau tour de vis financier à notre détriment, immédiatement et pour les années à venir. » Ce jour-là, les élus toulousains d’opposition étaient « raccord avec cette protestation contre l’État, qui ne comprend pas le rôle ni le fonctionnement des collectivités », précise Caroline Honvault du groupe Alternative Municipaliste Citoyenne (AMC). Mais ce front anti-Barnier n’aura duré que quelques heures.
En effet, ce mardi 26 novembre, les élus AMC accusent Jean-Luc Moudenc de duplicité : « Il dénonce un jour ce qu’il a soutenu depuis toujours, à savoir la politique d’Emmanuel Macron ! Il décrie après avoir largement salué ! » lance Caroline Honvault. Selon l’élue, les cris ne sont en plus que de façade. Pour preuve, une délibération qui sera présentée au conseil municipal de ce jeudi 28 novembre et qui entérine une baisse, d’au moins 20%, des subventions dédiées aux associations pour 2025. Plus précisément, « 60% des enveloppes de 2024 seront attribués ; pour le reste, on verra après », commente-t-elle.
Outre la réduction des montants alloués aux associations, les élus AMC déplorent le manque de transparence des critères : « Les organisations culturelles ou de santé n’ont une garantie que de 60% quand les clubs sportifs sont assurés de percevoir 80% de leurs subventions habituelles, pourquoi cette différence ? » Sacha Briand, adjoint au maire en charge des finances, justifiait ce choix dans les colonnes de nos confrères de Médiacités, par la particularité de ces structures dont « la saison sportive et budgétaire a débuté depuis septembre ». Pour Caroline Honvault, cet argument ne tient pas : « Il ne s’agit-là que d’une mise au pas des associations. Seules celles qui seront “gentilles” avec la majorité obtiendront la totalité de leurs subventions. »
Au lieu d’un arbitrage arbitraire, l’élue d’opposition aurait souhaité une concertation avec les acteurs du monde associatif qui, selon elle, étaient prêts à concéder des efforts collectivement. « Ces organismes sont des partenaires de l’action publique, pas des prestataires de service qui peuvent devenir variables d’ajustement », argue-t-elle. Les membres d’Alternative Municipaliste Citoyenne reprochent ainsi à la majorité de vouloir s’assurer de la loyauté des associations dans un chantage dissimulé, « ce qui est contraire à l’éthique ».
Cette duplicité, l’opposition la relève également envers les agents municipaux. « Jean-Luc Moudenc dit être contraint de geler les embauches et de ne pas pouvoir remplacer les départs en retraite… Mais en réalité, cela fait 10 ans qu’il pratique déjà cette politique de l’austérité, en bloquant les carrières ou en interrompant des CDD à la moindre occasion », regrette Maxime Le Texier, conseiller municipal AMC, citant pour exemple des ruptures de contrats suite à un jour d’absence non-justifié. « Une réduction des droits des salariés qui génère un climat de peur chez les agents », aux dires de l’élu, qui estime que là encore « la loyauté envers la mairie fera sûrement la différence ». En résumé, « Jean-Luc Moudenc profite du contexte pour justifier ses pratiques », et ne serait en réalité que « le serviteur zélé du gouvernement » pour les élus d’Alternative Municipaliste Citoyenne. Un qualificatif que l’intéressé devrait apprécier lors du prochain conseil municipal prévu dans deux jours.
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