Basée à Toulouse depuis plus de trois ans, la start-up Murmuration développe une carte permettant d’indiquer le nombre maximal de touristes que peut accueillir un site naturel, sans avoir d’impact négatif sur l’environnement.
Une solution pour limiter l’impact environnemental du tourisme de masse. La start-up Murmuration, basée au sein de l’incubateur La Cité de Toulouse, travaille actuellement sur la conception d’une carte interactive permettant d’indiquer le nombre maximal de visiteurs que peut accueillir un site, sans risquer de le détruire. Pour cela, l’entreprise croise les données fournies par l’opérateur téléphonique Orange, qui permettent d’évaluer les déplacements des populations, avec les données satellitaires fournies par le Centre national d’études spatiales (Cnes), pour déterminer l’impact environnemental de la fréquentation touristique sur une destination précise.
Concrètement, si au mois de juillet un grand nombre de visiteurs arrivent dans une station balnéaire de la côte méditerranéenne, telle que le Cap d’Agde, Murmuration sera capable de dire à partir de quel moment la qualité de l’air, de l’eau et de la biodiversité, se détériore. « L’objectif est que, grâce à ces résultats, les collectivités puissent définir un seuil de touristes à ne pas dépasser dans un même site, sur une période donnée », explique Cathy Sahuc, directrice générale de Murmuration.
Le projet n’en est qu’à ses prémices. Les premières données concernant un site touristique d’Occitanie – qui n’a pas encore été choisi pour l’expérimentation – devraient être publiées au printemps prochain.
La start-up Murmuration a été créée au mois de mars 2019 par Cathy Sahuc et Tarek Habib, deux ingénieurs issus du domaine spatial. « À ce moment-là, beaucoup de débats portaient sur l’impact environnemental du tourisme de masse. Et nous avons réalisé que les données satellites, que nous utilisions déjà dans nos travaux respectifs, pouvaient servir à donner davantage d’informations sur l’état environnemental des territoires en fonction des flux touristiques. Alors, nous nous sommes dit qu’il serait intéressant de pouvoir transmettre ces données aux institutions, collectivités et structures territoriales, et notamment aux acteurs du tourisme, pour les aider à mieux anticiper les risques de dégradation de l’environnement, en ayant déjà connaissance de l’impact que peut avoir la venue des touristes sur un site déterminé », détaille la cofondatrice de l’entreprise.
En Occitanie particulièrement, « les lieux touristiques jouent un rôle économique très important. Il est donc essentiel de les préserver. Si un site est complètement détruit par les visiteurs et qu’il ferme, de nombreuses personnes risquent de perdre leurs emplois », poursuit Cathy Sahuc, qui travaille en collaboration avec une vingtaine d’ingénieurs, chercheurs et informaticiens au sein de la start-up. Son nom, “Murmuration”, fait d’ailleurs référence à l’union des oiseaux dans le ciel, qui se rassemblent en vol pour paraître plus gros, plus forts. « Nous souhaitons nous aussi créer une communauté autour du tourisme durable, pour lutter, de manière plus grande et plus forte, contre le dérèglement climatique », ajoute-t-elle.
Dès 2019, le premier projet sur lequel a travaillé Murmuration pour tenter de limiter l’impact environnemental du tourisme s’appelle “Flockeo”. Accessible au grand public, ce dernier est une plateforme en ligne qui référence les acteurs du tourisme durable à l’échelle mondiale. « L’idée est de proposer aux touristes de passer leurs vacances dans des hébergements engagés, mais aussi de faire appel à des agences ou à des guides qui portent une attention particulière à la préservation de l’environnement », souligne Cathy Sahuc. Chacun de ces établissements paie un abonnement, à hauteur de 60 euros par an, pour être référencé sur le site.
Une carte interactive est également disponible sur Flockeo. Elle indique aux internautes quels sont les lieux les plus fréquentés, les sites protégés, les zones urbanisées, la qualité de l’air et les ressources en eau des territoires. Ceci, pour inciter les vacanciers à privilégier des vacances en Normandie pendant la période estivale, plutôt que sur la côte Atlantique, afin de ne pas aggraver la pression environnementale qu’exercent les touristes présents en nombre sur les plages pendant l’été.
Murmuration propose également la conception de tableaux de bord personnalisés à destination des acteurs du tourisme ou des collectivités locales qui souhaitent limiter leur impact environnemental. À l’intérieur, des cartes et des graphiques permettent de donner davantage d’indications sur : la qualité de l’eau (turbidité, algues) la qualité de l’air (polluants), le climat (températures, phénomènes météorologiques), la biodiversité (santé de la végétation, déforestation) et l’urbanisation (artificialisation des sols, îlots de fraîcheur).
« Ces informations peuvent par exemple permettre de mesurer l’impact environnemental des politiques locales, telles que la mise en place progressive de la Zone à faibles émissions (ZFE) à Toulouse, la création d’îlots de fraîcheur dans les centres-villes, la construction de complexes hôteliers en périphérie, etc », donne pour exemple la cofondatrice de l’entreprise. De plus, ces données satellitaires permettent de bénéficier d’une vision globale de l’évolution d’un territoire sur le long terme. Elles indiquent notamment la progression de l’urbanisation d’une ville sur les 30 dernières années. Et peuvent donner des prévisions climatiques jusqu’en 2100.
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