Comme l’a annoncé le gouvernement, Toulouse Métropole fait partie des collectivités qui vont devoir faire des économies. Et c’est une contribution de l’ordre de 45 millions d’euros à laquelle s’attend la Métropole.
« Hallucinantes », « mortifères », « asphyxiantes », « ubuesques ». Voilà comment les élus de Toulouse Métropole ont qualifié, lors du conseil communautaire de ce jeudi 17 octobre, les annonces du gouvernement de Michel Barnier. Pour rappel, celui-ci a déclaré que les collectivités territoriales allaient devoir réaliser 5 milliards d’euros d’économie en 2025 pour ramener le déficit public à 5% du PIB. Et la Métropole de Toulouse ne va pas échapper à ce coup de rabot. L’association Intercommunalités de France avait ainsi chiffré que la collectivité devrait s’alléger de 13,9 millions d’euros. Mais ce sera finalement de bien plus, comme l’a révélé Jean-Luc Moudenc, son président. En effet, il faudrait plutôt s’attendre à « un coût de 45 millions d’euros ». « Donc, bien au-dessus des estimations que j’ai vues ici ou là », souligne Jean-Luc Moudenc qui précise, toutefois, que « ce chiffre n’est pas définitif, puisque le Parlement n’a pas adopté la loi de finances ».
Mais alors, comment expliquer cette différence colossale de 31 millions d’euros ? « Les services finances de la collectivité ont, depuis les annonces de la semaine dernière, procédé à des travaux pour évaluer l’impact financier sur la Métropole de Toulouse. Et il n’y a pas seulement cette cotisation de 5 milliards d’euros qui doit être prise en compte. Il y a également une hausse des cotisations à la caisse de retraite des collectivités et une stagnation des dotations qui sont annoncées pour participer à l’effort de redressement des finances publiques. Ce qui fait que l’ensemble des mesures va, en réalité, impacter à hauteur de 8 milliards d’euros nos collectivités », détaille Jean-Luc Moudenc. Et s’il n’est pas contre le fait que les collectivités doivent participer à l’effort, il estime que cette contribution est « injuste et démesurée ». Les élus de l’opposition métropolitaine sont d’accord avec lui sur ce dernier point.
« Faire contribuer dans de telles proportions les collectivités est inacceptable », dénonce Karine Traval-Michelet, vice-présidente de la Métropole chargée de l’habitat et du logement, présidente du groupe d’opposition Métropole solidaire, écologique et démocratique (MSED) et maire de Colomiers. D’autant que, comme elle le rappelle, « les collectivités ont l’obligation de voter leurs budgets à l’équilibre ». Ce qui fait dire à Jean-Luc Moudenc que « l’Etat s’autorise ce qu’il nous a interdit ». « Et tant mieux qu’il nous l’ait interdit, mais c’est dommage qu’il ne l’ait pas appliqué à lui-même », estime l’élu qui affirme que « les collectivités n’y sont pour rien dans cette situation ». Et pourtant, ce n’est pas ce que l’État a laissé entendre selon Joseph Carles, membre du groupe des indépendants et maire de Blagnac. « Il n’a cessé de diffuser cette petite musique laissant entendre que la situation dans laquelle nous nous trouvons est aussi la faute des collectivités territoriales », rapporte-t-il.
Toujours est-il que la Métropole va devoir se serrer la ceinture. Et notamment réaliser des économies de fonctionnement. Ce qui inquiète les élus de l’opposition. « Notre crainte est que ce soient encore les services publics, les missions de solidarité et les gens en difficulté qui aient le plus à souffrir de cette austérité qui s’installe », s’inquiète Marc Péré, membre du groupe d’opposition Alternative pour une métropole citoyenne et maire de L’Union. Toutefois, Jean-Luc Moudenc assure qu’il n’est « pas question de casser les services publics ». Sacha Briand, vice-président de la Métropole chargé des finances, d’ajouter : « Il ne s’agit pas de prendre des décisions qui seraient de nature à mettre en difficulté la mise en œuvre des politiques publiques. Mais il y a ici beaucoup de maires et d’élus qui voient bien que nous sommes capables de mieux gérer et de mieux dépenser, tout en conservant la capacité à atteindre des objectifs politiques ».
Au-delà de ça, Karine Traval-Michelet note que « cette contribution risque de conduire à la réduction de l’investissement local qui représente quand même 70% de l’investissement public ». Ce que confirme Jean-Luc Moudenc. « Nous allons devoir faire des choix parce que je pense que nous ne pourrons pas soutenir raisonnablement un effort d’investissement tel que nous l’avons prévu », regrette le président de Toulouse Métropole qui appelle de ses vœux à un dialogue sur les contributions demandées aux collectivités. « Cette contribution doit être discutée. Aujourd’hui, il n’y a pas eu le moindre début de dialogue. Toutes les associations d’élus en demandent donc un. Il y a évidemment une ouverture, prévue par la loi, de dialogue entre l’exécutif et le Parlement. Mais il doit y en avoir aussi une discussion avec les associations d’élus de toutes les collectivités », réclame-t-il.
Commentaires
KEDMAN le 07/11/2024 à 09:40
Quand on "offre" 21 millions d'Euros/an à Veolia, il ne s'agit plus de mauvaise gestion ou d'erreur d'appréciation.
La métropole mène le même train de vie que l'Élysée, dépenser sans compter.
Au lieu de faire dans la restriction budgétaire sur des comptes peu importants, on fait dans l'augmentation des taxes et impôts locaux, ce qui induit l'effet d'exaspération des citoyens et notamment des commerçants et autres acteurs économiques.