Le conseil de Toulouse Métropole a voté l’approbation du bilan de la concertation sur le projet de Jonction Est ce jeudi 16 février. Certains élus de l’opposition ont refusé de voter cette délibération. Ils estiment que les résultats de la concertation n’ont pas été pris en compte et dénoncent ce projet routier.
« La Jonction Est est un peu l’Arlésienne », estime Grégoire Carneiro, vice-président de Toulouse Métropole chargé de la voirie. Ce projet routier, qui prévoit notamment la création d’un échangeur sur le périphérique entre ceux de Montaudran et de Lasbordes, est en effet en discussion depuis plusieurs années. La majorité métropolitaine veut maintenant voir ce projet, dont la mise en service est prévue en 2028, aboutir. Le conseil de Toulouse Métropole, du jeudi 16 février dernier, a ainsi voté une délibération portant sur l’approbation du bilan de la concertation sur le projet de Jonction Est qui a eu lieu du 27 juin au 30 septembre 2022.
Les groupes d’opposition Alternative pour une métropole citoyenne (AMC) et Métropole écologiste, solidaire et citoyenne (MESC) ont voté contre. « Sur les 500 contributions, 94% sont opposées à la Jonction Est. Il y a donc un rejet massif et pourtant la conclusion est de poursuivre le projet. Nous voterons contre cette délibération car vous ne tirez aucun enseignement du résultat de la concertation », dénonce Hélène Cabanes, membre de MESC. Jean-Luc Moudenc, président de la Métropole, lui a répondu : « 94% de ces 500 personnes ont voté contre. C’est vrai et leur vote est légitime. Mais la métropole, c’est 800 000 habitants. Je tiens à rappeler les ordres de grandeur. »
Les élus de l’opposition ont aussi voté contre la délibération en opposition à ce « projet d’un autre temps ». « S’il devait se réaliser, il accroîtrait le trafic routier à l’heure où nous devons modifier nos comportements en termes de mobilité pour diminuer la pollution de l’air et réduire les émissions de gaz à effet de serre », rappelle Hélène Cabanes. Vincent Terrail-Novès, premier vice-président de Toulouse Métropole, rétorque : « Vous dîtes que la Jonction Est accroîtrait le trafic. Mais c’est tout le contraire qui est prouvé dans l’étude puisqu’il est indiqué qu’avec ou sans cette jonction le trafic augmenterait de 32% en 2030. Ce n’est pas un aspirateur à voitures. »
La #jonctionEST a été étudiée et réétudiée très sérieusement depuis 15 ans, les études ont toujours confirmé son efficacité. Elle fait partie de notre stratégie modes doux et multimodalités. Soyons solidaires des citoyens plus ruraux qui n'ont que la voiture pour se déplacer. https://t.co/bkFNLnAecI
— Dominique Faure (@FaureDominique) February 19, 2023
« Il est par ailleurs démontré que grâce à la Jonction Est, le trafic diminuerait de 16% sur l’échangeur de Montaudran, soit près de 1 000 voitures en moins par heure, et de 10% sur celui de Lasbordes, ce qui représente entre 400 et 500 véhicules en moins », ajoute le premier vice-président de Toulouse Métropole. Mais Hélène Cabanes souligne : « Cette étude ne parle pas de l’ensemble du périphérique, mais seulement de ces deux échangeurs alors qu’il y aura de toute façon une congestion sur la rocade. » « Cela fait des décennies que nous agrandissons les routes et en construisons des nouvelles. Est-ce que le trafic diminue ? Non », constate la membre de MESC.
Hélène Cabanes dénonce également le coût de ce projet routier. « Il est trop élevé pour les finances de la Métropole. D’autant plus dans le contexte d’inflation actuelle », souligne l’élue d’opposition. Pour information, le projet de Jonction Est devrait représenter un coût d’environ 60 millions d’euros. « Ces millions d’euros pourraient plutôt être utilisés dans un plan d’investissement d’urgence pour les transports en commun », suggère Agathe Roby, membre du groupe AMC. Face à ces propos, le président de la Métropole, Jean-Luc Moudenc, a tenu à indiquer que « 90% des budgets mobilités de la collectivité sont fléchés sur les transports en commun et le vélo. »
Vincent Terrail-Novès rappelle également que le projet de Jonction Est prévoit la mise en place d’une nouvelle voie verte traversant le périphérique. « Il y a un véritable intérêt à faire cette Jonction Est parce que ce projet ne concerne pas uniquement la circulation routière et automobile. C’est aussi la capacité à faire passer des vélos et des bus et de permettre aux habitants qui vont occuper cette zone de se déplacer de façon efficace », indique Vincent Terrail-Novès. Agathe Roby réplique : « Si vous voulez faire circuler des vélos, faites des pistes cyclables, si vous voulez faire circuler des bus, faites des lignes de bus en sites propres. »
Pour l’élue du groupe MESC, la Métropole « impose l’idéologie du “tout voiture” ». « Nous sommes d’accord qu’il faut changer de modèle. Mais pour vous cela signifie abandonner la voiture. Et c’est là où nous divergeons. Nous, nous changeons de modèle vers de la multimodalité, du partage, du covoiturage, des modes doux, du vélo, du métro et des bus. Il y a dans cette multimodalité des routes. Nous pensons qu’il y a aujourd’hui encore de la place pour construire quelques routes, à condition que nous compensions car nous sommes attachés tout autant que vous à la biodiversité », appuie Dominique Faure, conseillère métropolitaine de la majorité et ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales.
Hélène Cabanes riposte : « Vous dîtes qu’il faut partager. Mais aujourd’hui, la voiture prend une place énorme dans nos vies. Il n’y a pas du tout d’équilibre. Il y a un “tout voiture” ». Sauf que pour Dominique Faure, ce projet routier est nécessaire face à l’augmentation de la population à l’Est de la métropole. « Il faut offrir à ces habitants la qualité de vie à laquelle ils ont droit », déclare la conseillère métropolitaine. La membre du groupe Métropole écologiste, solidaire et citoyenne l’interroge : « Pourquoi offrir aux habitants à l’Est de Toulouse, la solution de la voiture pour se déplacer alors qu’elle coûtera de plus en plus en plus cher et pollue ? »
La "multimodalité" selon @FaureDominique, c'est construire de nouvelles routes dans une Métropole où 82 % des trajets se font déjà en voiture🚘🚘
— Groupe élu·e·s écologistes de Toulouse & Métropole (@Ecolo_ToulouseM) February 21, 2023
Etre "attaché à la biodiversité", c'est détruire… mais compenser !🤡
Sur le #climat & la #pollution de l'air, même pas un mot❌ pic.twitter.com/dZrDoO0gpW
Hélène Cabanes craint d’ailleurs que ce projet de Jonction Est ouvre la voie à d’autres futurs aménagements routiers prévus dans la Métropole de Toulouse. « Aujourd’hui, ce sont les maires des communes de l’Est qui demandent cette jonction. Demain, ce seront ceux de l’Ouest qui demanderont le boulevard urbain du canal de Saint-Martory et le boulevard urbain Ouest. Et après-demain ? » s’inquiète l’élue d’opposition. Vincent Terrail-Novès est justement favorable au lancement de tels projets. « J’espère que nous continuerons à parler de la Jonction Est dans quelques mois et années, mais aussi que nous irons plus loin », souhaite le premier vice-président.
L’élu, également maire de Balma, détaille : « J’espère que nous parlerons du boulevard urbain Nord et de l’aménagement de la N820 pour sécuriser la circulation automobile. J’espère aussi que nous parlerons de l’aménagement du barreau entre la N1 et RN224 sur l’Ouest, de la requalification du boulevard Eisenhower et du boulevard urbain du canal de Saint-Martory au niveau de Tournefeuille et Cugnaux. » En attendant, le conseil métropolitain a adopté la délibération portant sur l’approbation du bilan de la concertation sur le projet de Jonction Est. Prochaine étape : le lancement de l’enquête publique.
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