Ancien joueur de tennis à haut niveau, Eyal a troqué la raquette pour un micro. Il incarne aujourd’hui la nouvelle voix du groupe tarbais Boulevard des Airs. Portrait.
Vous l’avez peut-être connu avec son tube “Ma Toulousaine”. Eyal est dédormais le nouveau visage de Boulevard des Airs. Après quatre ans d’absence, le groupe de musique tarbais a en effet fait son retour sur scène cette année, mais sans Sylvain Duthu. Le chanteur ayant décidé de se lancer dans une carrière en solo. C’est donc Eyal qui est le nouveau chanteur du groupe. « Avec mon arrivée, c’est une nouvelle page de Boulevard des Airs qui s’écrit. Si son ADN est conservé, j’apporte ma touche personnelle au groupe », souligne-t-il. Une nouvelle aventure musicale qui ne figurait, toutefois, pas au programme du Toulousain de 34 ans. Il sortait, en effet, d’une tournée en solo lorsqu’on lui a proposé de rejoindre le groupe et comptait poursuivre sur sa lancée.
« Ce n’était pas prévu », indique Eyal qui a d’ailleurs « beaucoup réfléchi » avant d’accepter. « Est-ce que je suis capable d’y arriver ? », s’est questionné le chanteur qui craignait notamment de chanter sur scène les classiques du groupe. « C’était ma plus grande inquiétude. Je me suis demandé comment j’allais m’approprier ces chansons », raconte-t-il. Mais après avoir longuement discuté avec les autres membres du groupe, il se lance. Et ça marche. « Je me sens complètement intégré dans le groupe aujourd’hui », affirme-t-il. Même si travailler à plusieurs n’est pas toujours chose aisée. « Je pense que le plus difficile au début a été d’accepter la prise de décision en collectif. On peut estimer avoir une super idée, la proposer aux autres et un des membres ne l’aime pas du tout. Elle finit donc aux oubliettes, ce qui peut être frustrant. Mais il faut s’adapter pour que les textes parlent à tout le monde », appuie Eyal qui a construit le nouvel album “Je rentre avec la maison” avec le groupe. Une difficulté qui n’est rien à côté de « l’expérience fabuleuse » qu’il vit aujourd’hui. « Avoir la chance de chanter devant autant de gens aussi souvent, c’est extrêmement enrichissant », sourit le Toulousain qui aura d’ailleurs « la chance » de faire l’Olympia avec Boulevard des Airs en mars prochain.
« Un rêve » pour le chanteur qui souhaitait pourtant « faire Roland-Garros » lorsqu’il était enfant. Il faut dire qu’avant de se produire sur scène, Eyal passait son temps sur les courts. « J’ai fait du tennis à haut niveau. Je faisais même partie des meilleurs jeunes à Toulouse », précise-t-il. Mais il lâche le tennis au début de sa vingtaine, au profit de la musique « qui le rendait plus heureux ». C’est en allant voir ses amis se produire lors de jam sessions, c’est-à-dire de séances musicales improvisées, qu’il se découvre « une fibre musicale ». « J’adorais l’ambiance », se remémore le Toulousain qui s’achète alors une guitare et commence à apprendre des accords « tout seul sur Internet » et à écrire des chansons. Lui qui aimait déjà chanter petit et aller au karaoké suit également des cours de chant avec la professeure de sa sœur. « Elle me faisait notamment apprendre des chansons de Christophe Maé », une de ses inspirations avec Michel Berger, Alain Bashung, Serge Gainsbourg ou encore Bob Dylan. Il découvre alors un tout autre univers dans lequel il se sent « beaucoup plus épanoui ».
« Quand je jouais au tennis devant des gens, ça me mettait mal-à-l’aise », livre Eyal qui « était stressé » en entrant sur le court. Tout l’inverse de quand il est sur scène. « Lorsque j’ai fait la tournée des Zénith en première partie de Boulevard des Airs, j’étais très stressé avant d’entrer sur scène, mais plus du tout une fois devant le public », assure le chanteur qui, il faut le dire s’y était bien préparé. « Pendant longtemps, je me suis imaginé me produire devant plein de personnes. Je chantais mes chansons dans ma chambre et je faisais comme s’il y avait des milliers de personnes devant moi. J’avais tellement visualisé cette scène que j’avais l’impression de l’avoir déjà vécue », relate-t-il. Autre problème qu’il avait avec le tennis : l’affrontement. « J’avais du mal avec le côté duel qu’il faut toujours remporter », avoue Eyal qui trouve que la musique « correspond plus à sa personnalité », lui qui est « assez sensible ». « Le tennis était un moyen d’expression qui m’aidait beaucoup. Mais la musique m’a permis d’extérioriser davantage de choses », considère-t-il.
Après avoir passé son diplôme d’entraîneur de tennis, comme le lui conseillait sa famille, il décide « d’aller plus loin » dans la chanson. « J’ai commencé à chanter dans des bars à Toulouse pour kiffer », retrace le Toulousain qui donne des cours de tennis à côté pour « gagner sa vie ». Quand il se fait repérer et parvient à signer avec une entreprise d’édition de musique, Eyal lâche totalement la raquette pour vivre de la musique. Pour autant, son aventure avec Boulevard des Airs n’aurait peut-être jamais vu le jour sans le tennis. « J’avais demandé des conseils sur ma musique à Florent Dasque [membre fondateur du groupe, NDLR] par message. Il m’a alors proposé de venir à Tarbes pour faire un tennis ensemble et, à l’issue du match, en discuter », retrace-t-il. Eyal prend sa voiture direction la ville des Hautes-Pyrénées. « Je ne l’ai pas laissé gagner le match », rit le Toulousain qui se voit proposer, quelques jours plus tard, la première partie de la tournée des Zéniths du groupe : « J’étais comme un fou, moi qui chantais encore dans des bars et surtout beaucoup dans ma chambre » et qui a aussi dû aussi organiser sa tournée solo.
« J’appelais moi-même les salles de concert et je me faisais passer pour le manager d’Eyal », rit-il. Une expérience « dont il est fier », mais qui est loin derrière lui maintenant. Il se produit effectivement devant des dizaines de milliers de personnes désormais, sans avoir à organiser lui-même sa tournée, et plus seul sur scène. Et même si cette nouvelle aventure avec Boulevard des Airs l’oblige à être « encore plus vagabond qu’avant » puisqu’il fait des allers et retours entre Tarbes, où vivent les membres du groupe, Toulouse, où il vit, et Paris, il se dit « heureux dans sa vie ». Et le trentenaire espère le rester. C’est d’ailleurs son vœu le plus cher aujourd’hui. « Je veux pouvoir continuer à vivre de ma passion, faire de la musique avec mes amis et chanter des chansons avec le plus de gens possible. En clair, faire ce que j’aime. Je pense que c’est la base de tout. Mon rêve, c’est donc que tout ça dure le plus longtemps possible parce que ça peut s’arrêter à tout moment », conclut Eyal.
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