Depuis la mise en place du contrôle automatisé du stationnement à Toulouse, le nombre de forfaits post-stationnement explose : plus de 500 000 en 2024. Si les verbalisations augmentent avec le système LAPI, la part des recours baisse, signe d’un dispositif plus performant mais débattu politiquement.
La Ville de Toulouse connaît une hausse spectaculaire du nombre de forfaits post-stationnement (FPS). En 2024, plus de 500 000 amendes ont été émises pour ce motif, confirmant la montée en puissance du système de lecture automatisée des plaques d’immatriculation (LAPI). Déployé depuis août 2022, le dispositif a rapidement transformé la gestion du stationnement toulousain. Dès son premier mois d’utilisation, le nombre de contraventions avait été multiplié par 2,5 par rapport à la moyenne de 2021. Selon les chiffres communiqués à l’époque par la Mairie, 35 000 FPS avaient été envoyés en septembre 2022, contre une moyenne mensuelle d’environ 13 000 l’année précédente.
Grâce aux deux véhicules banalisés équipés de caméras, la mairie pouvait alors contrôler jusqu’à 90 000 véhicules par mois sur les 16 000 places payantes de la ville. Un tiers d’entre eux avaient été verbalisés pour non-paiement, générant une recette estimée à plus d’un million d’euros mensuels. L’adjoint au maire chargé de la sécurité, Émilion Esnault, expliquait en 2022 que « le dispositif permettait de contrôler l’ensemble des places payantes de Toulouse une fois par jour ». Une capacité d’inspection inédite, mais jugée inégalement répartie selon les quartiers par l’opposition municipale, qui avait demandé la communication des itinéraires empruntés par les voitures LAPI, une requête restée sans suite.
Deux ans plus tard, les effets du contrôle automatisé se font pleinement sentir. En 2024, ce sont désormais cinq voitures banalisées équipées de radars qui circulent dans les rues de Toulouse. Elles ont enregistré 506 933 forfaits post-stationnement, soit une hausse de 15% par rapport à l’année précédente. Cependant, le nombre de dossiers de contestations (RAPO, pour recours administratifs préalables obligatoires) déposés par les automobilistes ne suit pas la même tendance. Avec 30 078 dossiers enregistrés, la part des contentieux baisse légèrement, passant de 6,4% en 2023 à 5,9% en 2024.
Pour la collectivité, cette évolution traduit une meilleure efficacité du dispositif et une réduction des erreurs de constatation. « Cette amélioration reflète la qualité du travail réalisé par les services compétents et renforce la fiabilité du service public rendu aux usagers », indique la Mairie dans son rapport annuel. Sur l’ensemble des recours, 76% ont été jugés en faveur des automobilistes, un chiffre stable par rapport à l’année précédente.
Le recours à la technologie LAPI est donc jugé performant par la Municipalité, mais sa mise en place ne s’est pas faite sans heurts. Dès 2022, l’opposition municipale avait pointé un risque d’iniquité dans la répartition des contrôles. Aymeric Deheurles, élu du groupe Alternative Municipaliste Citoyenne, avait demandé des garanties sur la couverture de tous les quartiers, estimant que certains secteurs pouvaient être surreprésentés.
Autre sujet de préoccupation : le traitement des situations particulières, notamment celles des personnes à mobilité réduite. L’élue Odile Maurin dénonçait régulièrement des verbalisations injustifiées faute de vérification humaine. La mairie assure depuis avoir repris des recrutements d’agents ASVP, afin d’effectuer des « levées de doute » sur le terrain, c’est-à-dire des contrôles physiques en cas de signalement automatisé, et de revenir à un effectif d’environ 40 agents. Les effectifs avaient chuté de 67 agents en 2017 à une vingtaine en 2022, mais la Mairie défend cette évolution en arguant que l’automatisation réduit les besoins humains. « Le système LAPI permet de contrôler davantage de places sans augmenter les effectifs », justifiait Émilion Esnault lors d’un précédent conseil municipal (novembre 2022).
Aujourd’hui, Toulouse compte près de 19 000 places payantes, réparties dans 54 quartiers résidentiels, contre environ 12 000 avant la mise en place de Forfait de Post-Stationnement en 2018. L’extension des zones dans lesquelles se garer est payant et la modernisation des contrôles visent à fluidifier la circulation et à garantir une meilleure rotation des véhicules, selon la Mairie.
Reste que les délais de traitement des recours et la transparence des contrôles automatisés demeurent des enjeux clé pour la collectivité. La Ville assure qu’elle poursuit ses efforts pour « assurer une information claire et accessible sur les voies de recours », tout en maintenant une politique de stationnement « au service de la mobilité et de l’équité entre usagers ».
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