L’opposition municipale à Toulouse n’a pas tardé à faire connaître son désaccord concernant la politique sécuritaire du maire, Jean-Luc Moudenc. Ce dernier a annoncé vouloir équiper les écoles de télésurveillance et la police municipale de lanceurs de balles de défense.
Pour sa conférence de presse de rentrée, Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, a décidé de faire un focus sur la sécurité. Ainsi, après avoir établi un bilan de l’action municipale sur ces dix dernières années, il a annoncé de nouvelles mesures d’ici la fin de son mandat. Parmi elles : le déploiement d’un réseau de télésurveillance dans toutes les écoles de la Ville rose d’ici 2026 « pour détecter en temps réel les intrusions ou anomalies ». Mesure qui a fait tiquer les membres du groupe d’opposition Alternative municipaliste citoyenne (AMC). « Cela nous inquiète un peu », déclare Agathe Roby, coprésidente du groupe municipal AMC. Elle explique : « L’année dernière, Jean-Luc Moudenc s’est illustré par une demande de sanction d’une directrice d’école qui avait mis à l’abri des enfants à la rue ». Pour rappel, des établissements scolaires avaient été réquisitionnés par le collectif de parents et d’enseignants “Jamais sans toit dans mon école” au mois de novembre dernier pour héberger des familles sans abri. Le maire, qui avait enclenché des procédures d’expulsion à leur encontre, avait également demandé au recteur de l’académie de Toulouse de lancer des procédures disciplinaires envers les enseignants « ayant une responsabilité dans les occupations ».
« Pour nous, Jean-Luc Moudenc est en train de préparer l’hiver avec ces dispositifs anti-intrusion. En effet, plutôt que de réfléchir à comment mettre à l’abri des familles qui sont en situation précaire, il a réfléchi à comment empêcher les parents et les enseignants de le faire dans les écoles », juge Agathe Roby. L’élue d’opposition tient à préciser qu’elle est d’accord sur le fait que « leur place n’est pas dans des établissements scolaires, mais dans des espaces d’hébergement d’urgence ». Or, « le bâtiment du Centre d’essais aéronautiques de Toulouse (CEAT) qui était utilisé jusqu’alors pour héberger ces familles ne sera plus disponible puisque ses travaux sont presque terminés ». Agathe Roby s’inquiète donc du sort de « ces familles sans abri qui seront nombreuses » cet hiver. Outre cela, Maxime Le Texier, également coprésident d’AMC, pointe du doigt l’investissement déployé pour mettre en place ce réseau de télésurveillance. « Jean-Luc Moudenc arrive à trouver 2,9 millions d’euros et annonce qu’en un an, il va réussir à équiper toutes les écoles toulousaines avec ce dispositif. Alors que pour installer des brasseurs d’air ou remplacer des menuiseries, on nous dit que c’est compliqué à mettre en place, que ça se fait dans le temps et qu’il faut y aller progressivement. On voit donc, que quand il y a une volonté politique, tout peut se faire », estime-t-il.
Lors de sa conférence de presse de rentrée, le maire de Toulouse a par ailleurs rappelé qu’il allait équiper « progressivement » de 25 lanceurs de balles de défense (LBD) la police municipale. D’après Maxime Le Texier, il s’agit là « d’une mesure de racolage pur, totalement dogmatique et coûteuse ». « Ce genre d’engin fait peur et accentue le décalage entre les policiers et la population, comme on l’a vu avec les Gilets Jaunes », affirme le conseiller municipal d’opposition qui déplore « un déficit de confiance dans la police aujourd’hui ». « Il faut restaurer cette confiance. Et cela ne passe pas par le surarmement », considère le conseiller municipal pour qui « le rôle de la police municipale est de tisser du lien et d’être auprès des habitants ». Il regrette donc que Jean-Luc Moudenc « essaie d’amener la police municipale sur le terrain de la police nationale qui a un rôle de répression fort et important » en la dotant d’équipements tels que des lanceurs de balles de défense. Et s’il salue la mise en place de certains « outils intéressants » comme les caméras portées par les policiers à Toulouse « plébiscitées à la fois par la police et par les habitants », l’élu d’opposition n’a pas manqué de dénoncer à plusieurs reprises « la politique purement répressive » de Jean-Luc Moudenc.
Une stratégie, selon Maxime Le Texier. En effet, il estime qu’en décidant d’équiper les policiers municipaux de LBD, le maire de Toulouse « fait des appels du pied au Rassemblement national (RN) ». « La grande peur de Jean-Luc Moudenc est de perdre l’élection municipale de 2026 si le RN fait plus de 10% à Toulouse. Pour éviter cette éventualité, deux choix s’offrent à lui : soit il peut faire comme le président de la République et adopter les idées de l’extrême droite pour que l’électorat du Rassemblement national se sente représenté par lui, soit il peut conclure une alliance », relève-t-il. Choix qui semble donc déjà avoir été fait à en croire le conseiller municipal. « Il est en train de “droitiser” son programme », appuie-t-il en se demandant « ce qu’il va se passer dans les rangs de la majorité municipale où certains se réclament de la fibre sociale ».
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