Lors du conseil municipal de rentrée, les élus de l’opposition et de la majorité à Toulouse se sont adonnés à une bataille de chiffres concernant la sécurité. Les uns dénonçant « une explosion des atteintes aux personnes » et les autres assurant que « la délinquance est en baisse ».
En ce conseil municipal de rentrée à Toulouse, la sécurité était, il fallait s’en douter, au centre des débats. Rien de surprenant, en effet. Depuis plusieurs jours, précisément depuis la conférence de presse de rentrée de Jean-Luc Moudenc, les élus s’écharpent sur la question. Ainsi, quand ceux de l’opposition estiment que la politique sécuritaire du maire est « purement répressive », ceux de la majorité rétorquent être « dans une politique de protection ». Tout en s’invectivant au passage. Les premiers estimant ainsi que les seconds « font des appels du pied au Rassemblement national (RN) » et les seconds de juger les premiers « dangereux pour Toulouse ». Des échanges musclés qui ont continué lors du conseil municipal de ce vendredi 20 septembre où les élus se sont notamment livrés à une véritable bataille de chiffres sur la sécurité à Toulouse.
Tout d’abord, Antoine Maurice, président du groupe d’opposition Toulouse écologiste, solidaire et citoyenne (TESC), a tenu à réfuter les dires de Jean-Luc Moudenc. Ce dernier, durant sa conférence de rentrée, faisait état d’un « été assez apaisé » dans la Ville rose, estimant ainsi que « ses rues et places sont plus sûres ». « Et ce, alors que deux fusillades faisant un mort ont éclaté dans les quartiers d’Empalot et de Bagatelle la veille de la déclaration. Ces violences, liées au trafic de drogue, montrent la réalité de notre ville. Toulouse est confrontée à une montée inquiétante des crimes », relève l’élu en indiquant que « trois morts et une quinzaine de tentatives de meurtre liés aux stupéfiants » ont ainsi été recensés depuis le début de l’année. De même, il note « une explosion des atteintes aux personnes » dans la Ville rose.
« Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, les coups et blessures volontaires ont augmenté de plus de 30% entre 2016 et 2023. Pour le trafic de stupéfiants, les cas ont doublé. Et les violences sexuelles aussi, passant de 526 cas en 2016 à plus de 1 000 en 2023 », détaille Antoine Maurice. Pour Emilion Esnault, adjoint au maire chargé notamment de la police municipale, le président de TESC a « sélectionné les indicateurs qui l’arrangent ». « On sent que vous avez gratté pour en trouver quelques-uns qui sont, en effet, malheureusement à la hausse », observe-t-il. Toutefois, l’adjoint tient à préciser : « Oui, nous constatons un développement des violences sexuelles. Mais il y a aussi une libération de la parole et une prise de plaintes systématique quand, avant, il n’existait qu’une simple main courante. Tout cela explique cette augmentation ».
En ce qui concerne les chiffres liés au trafic de stupéfiants cités par Antoine Maurice, Emilion Esnault estime que « les seuls qui doivent s’étonner d’une augmentation, ce sont les dealers ». Il explique : « Cette hausse du trafic de stupéfiants correspond, en fait, aux infractions relevées par les services. Et donc, plus nous mettons de policiers, plus nous constatons ces infractions et plus les chiffres augmentent. Ceux-ci n’ont ainsi rien à voir avec une évolution de la délinquance », déplore l’adjoint au maire. Antoine Maurice de lui répondre : « Les chiffres que j’ai avancés ne sont pas choisis. Ce sont ceux des violences faites aux personnes quand vous ne parlez que des violences, des crimes et délits qui relèvent du matériel. Alors que je crois qu’il est important de parler de l’humain ».
Effectivement, lors de la conférence de presse du groupe de la majorité municipale, Emilion Esnault faisait notamment état d’une diminution de 50% du nombre de cambriolages de 2016 à 2023, de vols violents sans armes et de vols d’accessoires sur véhicules dans la Ville rose. « Que vous le vouliez ou non, la délinquance à Toulouse baisse, et ceci grâce à un certain nombre d’investissements majeurs que nous avons faits en matière de sécurité », affirme l’adjoint au maire Pierre Esplugas-Labatut en s’adressant à Antoine Maurice. Il rappelle ainsi qu’en 2014, la Ville rose comptait 21 caméras, contre 630 actuellement, mais également 165 agents de police municipale, contre 380 aujourd’hui qui « patrouillent désormais 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 ». « La baisse significative du nombre de cambriolages et de vols est le résultat de la mise en place d’une vraie police municipale de proximité », appuie l’adjoint.
Et aux élus de l’opposition qui dénoncent une autosatisfaction de la majorité face à ces chiffres, Emilion Esnault rétorque : « Ce n’est pas le cas. Je vais vous dire combien, à chaque fois que nous lisons les rapports d’activité de la police municipale ou les SMS d’astreinte, cela nous ramène à une forme d’humilité par rapport à tout ce qu’il reste à accomplir ». Sur ce point-là, Antoine Maurice est d’accord avec l’élu de la majorité. Il juge effectivement que « le travail reste immense ». « Pour autant, ce n’est pas parce que la tâche est immense, et que le contexte national en matière de sécurité est extrêmement difficile, qu’il ne faut pas dire quand les choses s’améliorent », considère l’adjoint.
Commentaires
Annie ROCHER le 09/10/2024 à 18:20
Je vis au coeur du quartier des Izards. Et oui, c'est bien plus tranquille. On dort un peu mieux. On est moins soumises aux remarques et crachats. Les dealers tentent un retour mais sont sans cesse harcelés par la police.