Marqué par le vote inédit d’une délibération proposée par le Conseil municipal des enfants, le Conseil municipal de Toulouse de ce vendredi 1er avril 2022 fait l’objet de débats sur la vente de plusieurs biens immobiliers municipaux emblématiques, la démission de Tugan Sokhiev et le projet de fermes urbaines des Pradettes.
C’était une première dans un conseil municipal. Ce vendredi 1er avril 2022, des élus de la République ont été appelés à se prononcer sur une délibération émanant d’un conseil municipal d’enfants. En effet, cette assemblée, composée à Toulouse d’élèves de CM1, CM2 et 6e, s’est réunie ce matin en grande pompe dans la salle des Illustres du Capitole et a officiellement proposé à ses aînés de donner le nom du Conseil municipal des Enfants à une place de la ville. Une proposition adoptée à l’unanimité par les apprentis élus et confirmée, dans la foulée et également à l’unanimité, par le Conseil municipal ”des adultes”. Et c’est finalement l’esplanade bordant la Garonne au fond du parc Raymond VI à Saint Cyprien qui a été choisie par la commission en charge de la dénomination des espaces publics pour être baptisée ”Place du Conseil municipal des Enfants”.
Après le vote anticipé de cette délibération, Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, a repris le cours habituel de la séance et ouvert les propos liminaires avec un discours évoquant la cérémonie d’hommages rendue en mémoire des attentats de 2012 ainsi que la guerre en Ukraine. Rappelant le lien de jumelage qui unit la Ville rose avec Kiev, la capitale ukrainienne, celui-ci a notamment insisté sur les initiatives mises en place par la collectivité pour permettre l’accueil de réfugiés. Que ce soit dans des locaux municipaux, dans des logements appartenant à des bailleurs sociaux du territoire ou grâce à la solidarité de citoyens toulousains disposés à héberger gratuitement des victimes de la guerre à leur domicile.
« À ce jour, une vingtaine d’enfants ukrainiens sont accueillis dans les écoles toulousaines », s’est félicité Jean-Luc Moudenc. Avant de proposer le vote d’une enveloppe de 110 000 euros qui viendrait s’ajouter aux 190 000 euros déjà alloués par Toulouse métropole afin de « soutenir des initiatives associatives précises oeuvrant pour la population ukrainienne ».
Après être revenu sur la démission de Tugan Sokhiev, l’ancien directeur musical de l’Orchestre national du Capitole d’origine russe, qu’il déplore et impute à la demande « inopportune » de Jean-Luc Moudenc de se prononcer sur le conflit actuel, Antoine Maurice, le président du groupe d’opposition Toulouse écologiste, solidaire et citoyenne (TESC) a interpellé la majorité sur la gestion de son parc d’établissements scolaires. L’élu écologiste a ainsi soulevé le paradoxe consistant à fermer « une école de quartier à taille humaine » d’un côté et, de l’autre, « de mettre en concurrence une nouvelle école avec le maintien de Mix’art Myrys, un lieu culturel historique ».
Outre ce choix auquel s’oppose son groupe, Antoine Maurice a également dénoncé l’envoi, au nom de la mairie de Toulouse, d’un courrier de « propagande honteuse qui entretient une confusion entre l’action municipale et celle du parti de la majorité ». En effet, ce document adressé aux habitants des quartiers Minimes et Ponts Jumeaux pour leur annoncer la création d’une future école souligne que « l’opposition métropolitaine d’extrême gauche à voté CONTRE cette cession ! (Du terrain et des locaux qui accueillent actuellement le Collectif Mix’art Myrys, NDLR) Autrement dit : l’opposition ne veut pas d’une nouvelle école à cet endroit ». Une formulation trompeuse et partisane, selon Antoine Maurice, dont le groupe avait reconnu « l’intérêt de l’implantation d’un groupe scolaire dans ce secteur » tout en appelant à étudier des pistes alternatives.
Autant d’arguments auxquels l’adjoint au maire Pierre Esplugas-Labatut est resté sourd. En effet, celui-ci a rappelé que cette décision découlait de la fermeture administrative des locaux de Mix’Art Myrys pour des raisons de sécurité. « Il était naturel de s’interroger sur quoi faire de ces locaux et de cette surface de 6 000 mètres carrés. (…) J’en déduis que vous êtes contre une école à cet endroit », insiste l’élu de la majorité. Avant d’agiter le spectre du projet politique [qui] porté par Mix’art Myrys, l’institution culturelle défendue par l’opposition, qui « remet en question les principes patriarcaux, coloniaux et capitalistes ».
Reprochant à Jean-Luc Moudenc d’organiser systématiquement la mise en concurrence et l’apparente incompatibilité entre divers projets d’intérêt public, Antoine Maurice a ensuite demandé au maire de Toulouse de s’engager en faveur de celui de ferme urbaine, porté par le comité de quartier des Pradettes. « Un bel exemple d’une nouvelle vision de l’aménagement qui concilie logements, espaces verts, îlots de fraîcheur et économie », selon l’élu d’opposition. Une position partagée par Aymeric Deheurles, élu municipal au sein du groupe Alternative Municipaliste citoyenne (AMC) : « Oui, le projet de ferme urbaine suppose un manque de bénéfices financiers par rapport à la création de logements, mais il offre des bénéfices humains indéniables ».
« Pour moi, il y a une idée, émise par le comité de quartier des Pradettes, mais pas encore de projet », nuance Jean-Luc Moudenc avant de rappeler qu’il s’était engagé avec les principaux intéressés à leur accorder un délai, jusqu’au 8 avril prochain, le temps de monter un dossier crédible. Soulignant que cette ferme prendrait la place de 375 logements, le maire de Toulouse a listé les conditions indispensables et préalables à l’étude de cette alternative par la collectivité : compenser les pertes de recettes qui s’élèvent à plusieurs millions d’euros, garantir les fonds permettant les investissements nécessaires, assurer un budget de fonctionnement et une trajectoire financière pérenne et, enfin, présenter un agriculteur disposer à s’engager dans cette aventure. « Alors seulement, l’idée deviendra un projet. Dans le cas contraire, nous reviendrons au projet initial. Ce qui sera une bonne nouvelle pour les milliers de Toulousains qui attendent un logement », a averti le maire de Toulouse.
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Enfin, les propos liminaires ont fait une part belle au débat sur des délibérations actant la vente de différents biens immobiliers appartenant à la ville. « Vous poursuivez votre politique consistant à vendre Toulouse avec la cession de lieux et espaces stratégiques. Vous gérez le patrimoine municipal comme de la promotion immobilière alors que nous préférons assurer la maîtrise publique pour anticiper l’avenir et répondre aux besoins de notre ville », défend Antoine Maurice dont le groupe a déposé un vœux demandant à ce que la ville reste propriétaire de la Caserne Vion afin d’y créer un pôle de services publics. Une réhabilitation qui serait trop coûteuse pour la majorité qui a finalement rejeté cette proposition.
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