La Métropole de Toulouse a présenté “C mon quartier”, son ambition urbaine autour de la ligne C du métro. Ce projet à long terme vise à accompagner le développement urbain de la Ville rose, mais aussi des communes traversées par la future ligne, tout en prenant en compte les spécificités des quartiers desservis.
« Que les choses soient claires : aujourd’hui, nous ne présentons pas un projet ficelé », souligne Jean-Luc Moudenc, président de Toulouse Métropole et maire de Toulouse. La collectivité a dévoilé les contours de son ambition urbaine autour de la ligne C du métro qui, pour rappel, doit entrer en service en 2028. Le nom de ce projet : “C mon quartier”. « Quand on construit une ligne de métro aussi importante, structurante et impactante, il n’y a pas que des questions de mobilité qui sont sur la table, mais aussi de fabrication de la ville », estime l’élu. Des « enjeux d’urbanité » qui concernent Toulouse et également les autres communes qui vont être desservies par la future troisième ligne et où « l’arrivée d’un transport en commun lourd va profondément modifier les enjeux urbains autour des stations de métro et plus largement dans la ville », considère Karine Traval-Michelet, maire de Colomiers et vice-présidente de Toulouse Métropole en charge de l’habitat et du logement.
« Nous voulons porter un projet urbain harmonieux sur les communes de la métropole traversées », indique Jean-Luc Moudenc. Selon lui, il aurait été « incongru de réfléchir à des aménagements urbains ville par ville ». « Nous avons partagé une réflexion sur les trois communes avec un parti pris ; faire en sorte que la ligne C soit l’occasion de produire des éléments de qualité, d’améliorer le cadre de vie de nos concitoyens, de végétaliser, de diversifier l’offre de logements, de développer les services publics de proximité et de dynamiser les cœurs de quartier. Le tout, avec des principes communs qui assurent la cohérence du projet urbain », explique le président de la collectivité. De la cohérence, mais pas d’uniformité. « Les quartiers traversés par la ligne C sont différents les uns des autres. Nous ne voulons surtout pas faire passer un rouleau compresseur qui mettrait en danger l’identité de chacun d’eux », affirme-t-il.
Pour preuve, le linéaire a été découpé en six zones géographiques comprenant deux ou trois stations pour que « les spécificités de chaque quartier soient prises en compte » : Colomiers Gare – Fontaine Lumineuse – Saint-Martin-du-Touch, Blagnac – Sept-Deniers-Stade Toulousain – Ponts-Jumeaux, Fondeyre – La Vache Gare-Le Grand Marché – Lycée Toulouse Lautrec – Raisin – Bonnefoy – Matabiau Gare, Côte Pavée – Limayrac-Cité de l’Espace – Ormeau et Montaudran Gare-Piste des Géants – Aérospace Campus. Des séquences sur lesquelles plusieurs équipes pluridisciplinaires, composées notamment de designers, d’ingénieurs ou de géographes, ont travaillé « à la fois sur les enjeux d’urbanisme, d’architecture, techniques, d’attractivité du territoire, de paysage et de proximité », précise Karine Traval-Michelet. « C’est une vraie nouveauté », révèle le président de la Métropole. Mais concrètement, qu’est-ce qu’ont prévu ces urbanistes ?
« Souvent, il s’agira de réparer, c’est-à-dire de donner une cohérence architecturale à certains secteurs qui n’en ont pas », annonce Jean-Luc Moudenc. C’est notamment le cas du quartier Jean Maga à Blagnac, « martyrisé par la rocade et l’arrivée du tram », regrette Joseph Carles, maire de la commune et vice-président de la collectivité. « Ça sera aussi l’occasion de requalifier un certain nombre d’entrées de villes pour créer des espaces qui soient agréables. Et puis, compte tenu des enjeux démographiques, il faut aussi intégrer du logement », détaille le maire de la Ville rose. Et ce, en respectant le Plan local d’urbanisme pour l’agglomération toulousaine (PLUiH) et l’objectif de Zéro Artificialisation nette (ZAN). « C’est-à-dire que nous allons sans doute construire plus haut, mais en prenant soin de dégager des espaces de pleine terre », relève Jean-Luc Moudenc. Là encore, les aménagements seront différents selon les situations urbaines.
Il est ainsi envisagé de surélever les bâtiments ou/et de densifier sur des espaces déjà imperméabilisés. Annette Laigneau, adjointe au maire de Toulouse en charge de l’urbanisme et vice-présidente de la Métropole chargée des projets urbains, tient à préciser : « Il n’y aura pas d’opérations type ZAC de la Cartoucherie. Nous sommes dans des opérations de renouvellement urbain ». Plusieurs types d’habitat sont aussi prévus pour répondre à la demande des habitants. « Sur chaque station, nous allons construire une résidence dédiée. Cela peut être une résidence jeune, senior ou une pour femmes victimes de violences », annonce la maire de Colomiers. Le logement social sera par ailleurs majoritaire. « Ce projet urbain va générer 60% de logements à prix contraints. Pour nous, urbaniser, ce n’est pas laisser la ville se gentrifier. Ainsi, 40% de logements seront libres, que ce soit du logement locatif ou en accession pure et dure, et le reste à prix maîtrisés. Ce projet a donc une ambition sociale », appuie Jean-Luc Moudenc qui prévoit « la possibilité que la collectivité procède à des acquisitions foncières ».
Par ailleurs, face au dynamisme économique de la Métropole, le projet comprend la « requalification des zones d’activités ». « Cette partie du Nord-Ouest de l’agglomération concentre 90 000 emplois », note Joseph Carles. Auxquels s’ajoutent les 75 000 dans le secteur de Montaudran et bien d’autres. En tout, 141 000 emplois se trouveront sur le tracé de la ligne C. « Et, compte tenu des prévisions de croissance économique, nous pensons que d’ici une dizaine d’années, ce sont 20 000 de plus qui vont s’ajouter sur cette épine dorsale », déclare Jean-Luc Moudenc. Le maire de Blagnac met donc en avant l’importance d’un « équilibre », c’est-à-dire « de trouver les fonciers nécessaires pour le logement, sans pour autant pénaliser la dynamique économique ». En ce sens, les études urbaines proposent de « faire évoluer l’offre immobilière » sur les zones artisanales et industrielles desservies par la future ligne C « en développant des locaux pour les activités tertiaires et les industries de pointe adaptés aux besoins des entreprises », comme un bâtiment de logistique à étages aux abords du MIN.
Mais tout cela ne se fera pas sans l’avis des habitants. « Ces évolutions urbaines se concrétiseront de façon progressive et de manière concertée avec les citoyens, c’est-à-dire celles et ceux qui vivent et qui travaillent à proximité de ces stations de métro », indique le président de la Métropole. Travail qui a d’ailleurs déjà commencé à Colomiers. « Nous organisons des réunions publiques et des ateliers avec les habitants et le bailleur social Altéal pour envisager les capacités de mutation des quartiers, notamment ceux qui sont anciens comme Ossau-Vignemale, dans ces logiques d’aménagement et de qualité de vie », informe Karine Traval-Michelet. Mais le gros du travail de concertation ne sera pas lancé avant plusieurs mois. « Cela se fera sans doute après les élections », évoque Jean-Luc Moudenc.
Et si rien ne presse, puisque ce projet se fera dans le temps long (jusqu’en 2050 précisément), les élus sont convaincus de l’importance de travailler d’ores et déjà sur le projet “C mon quartier”. « Si nous ne le faisons pas dès aujourd’hui, nous prenons le risque que la vision des politiques publiques, que nous voulons inscrire dans ces territoires, ne soit pas préservée. C’est pour ça qu’il nous faut travailler maintenant à inscrire des schémas cohérents d’aménagement correspondant aux visions que nous avons pour notre ville demain », déclare la maire de Colomiers. Joseph Carles la rejoint : « C’est un sujet de long terme, mais qui doit être anticipé. C’est maintenant que nous devons le préparer pour être à l’heure au moment où les choses vont se mettre en place ».
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