Plusieurs affaissements de terrain ont été constatés à Toulouse, dans le quartier Bonnefoy, sur le tracé de la future ligne C du métro. Le passage du tunnelier a mis en évidence la fragilité du sous-sol. Tisséo et ses partenaires renforcent leur dispositif de surveillance.
Depuis avril, les incidents se multiplient dans le quartier Bonnefoy, dans l’Est de Toulouse. Le creusement de la ligne C du métro a provoqué des affaissements de sol, allant jusqu’à l’effondrement du plancher d’une maison, le 20 juin, rue Louis-Massé. Plusieurs habitants ont été évacués.
Ces instabilités seraient liées à la présence de poches de sable, difficilement identifiables lors des enquêtes de sous-sol. Lors du passage du tunnelier, ces cavités se vident, laissant des vides souterrains qui fragilisent le sol.
Bonnefoy est situé sur un terrain en pente, en contrebas de la butte de Jolimont. Cette configuration géologique entraîne l’accumulation de matériaux peu cohésifs, selon un géologue travaillant avec Tisséo. « La molasse, couche profonde et stable, est plus fine ici. On atteint rapidement une zone moins résistante », explique-t-il.
Avant le lancement des travaux, des sondages ont été effectués tous les 40 mètres sur le tracé de la ligne C, avec une fréquence accrue dans les zones sensibles. Une campagne de diagnostic a également été menée sur plus de 3 000 bâtiments.
« À partir de ces données, il a été défini une certaine tolérance, avec un seuil de tassement que peuvent absorber ces bâtiments », détaille Franck Coulaud, directeur de projet ligne C de Toulouse.
Des capteurs, au nombre de 4 000, entre les secteurs de Raisin et Matabiau, surveillent en temps réel les mouvements du sol, l’inclinaison des façades et les vibrations. Le tunnelier lui-même enregistre les données géotechniques.
« L’objectif n’est pas d’éviter totalement les mouvements. Ils sont normaux. En revanche, ces instruments doivent permettre de rester dans des seuils acceptables par la structure des bâtiments », indique Alain Richelmi, directeur général des travaux chez Eiffage Génie Civil.
Le 9 avril, des mouvements inhabituels ont été détectés rue Louis-Massé, mais ils étaient dans la limite de ce qui pouvait être attendu. Pourtant, le 20 juin, un plancher s’est effondré. Ce dysfonctionnement a conduit Tisséo à revoir son système de surveillance.
« L’alerte n’était pas adaptée. Nous avons donc travaillé sur une conjugaison de nouveaux paramètres. Un tel accident ne doit pas se reproduire », affirme Jean-Jacques Laporte, directeur du grand projet Ligne C.
Depuis cet événement, les dispositifs ont aussi été renforcés. « Ce qui s’est passé nous a amenés à revoir nos protocoles de contrôle sur l’ensemble des tunneliers », ajoute Jean-François Lacroux, directeur général de Tisséo Ingénierie.
L’ensemble des études de sol est en cours de réévaluation sur les tronçons non encore creusés. « Les études ont été réalisées avec des sociétés expérimentées. Mais dès qu’un événement particulier se produit, nous adaptons le processus », précise Jean-François Lacroux.
Interrogé sur une éventuelle suspension des travaux, le dirigeant se veut rassurant : « Toutes les dispositions prises permettent d’assurer la sécurité des habitants. Avec les dispositions complémentaires mises en œuvre, nous n’aurions pas eu l’affaissement de sol de la rue Louis-Massé. »
À ce jour, une partie des riverains évacués a pu regagner son logement, mais une trentaine de personnes sont toujours prises en charge par Tisséo. Les investigations se poursuivent et les relogements pourraient durer encore plusieurs mois. Par ailleurs, la mise en service de la ligne est toujours prévue pour la fin d’année 2028.
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