Une délibération portant sur la compensation écologique du projet de Jonction Est était à l’ordre du jour du dernier conseil municipal de Toulouse. Plusieurs élus de l’opposition ont dénoncé « une pseudo-compensation ».
La Jonction Est a de nouveau fait l’objet de débats lors du dernier conseil municipal de Toulouse. Ce vendredi 26 septembre, les élus étaient effectivement invités à voter une délibération concernant ce projet routier qui prévoit notamment la création d’un échangeur sur le périphérique Est afin de fluidifier le trafic. Celle-ci portait sur « l’approbation et la signature d’une convention de mise à disposition au profit de Toulouse Métropole dans le cadre de la compensation écologique par la Jonction Est et promesse d’obligations réelles environnementales ».
Comme le précise la délibération, le projet comprend en effet des mesures de compensation écologique « afin de satisfaire aux obligations du principe éviter-réduire-compenser ». Et, pour cela, la Métropole doit « assurer la maitrise foncière de plusieurs zones de compensation environnementale » d’une surface de 20,4 hectares, dont 17,42 sur le territoire de la commune de Toulouse. Ce qui implique la signature d’une convention entre la Ville et la collectivité.
Toutefois, les « mesures de compensation écologique » présentées dans cette délibération sont loin de satisfaire l’opposition. Agathe Roby, coprésidente du groupe d’opposition Alternative municipaliste citoyenne, tient tout d’abord à rappeler que le projet de Jonction Est « une aberration, qui consiste à créer un échangeur à deux ponts là où il n’y en a pas besoin et qui aura pour conséquence de rajouter de la circulation sur une rocade déjà bouchée ». Hélène Cabanes, membre du groupe Toulouse Ecologiste, Solidaire et Citoyenne (TESC), est du même avis : « Sa création ne résorbera en rien les difficultés de mobilité dans l’Est toulousain. Son implantation ne fera qu’aggraver les îlots de chaleur et la pollution induite sur le trafic routier, plutôt que de conserver des terres et des espaces verts dont nous avons tant besoin ».
Elle dénonce également « un projet daté et pensé au siècle dernier ». Ce que réfute Sacha Briand, adjoint au maire, notamment en charge du patrimoine communal et immobilier. « C’est un projet, contrairement à ce qui a été dit, qui n’est pas du siècle dernier. Il a été lancé il y a maintenant quelques années, c’est vrai », concède l’élu avant d’affirmer que la jonction Est permettra bien « l’amélioration de la circulation ». « Il s’agit d’améliorer les conditions de vie des habitants. Le projet permet la liaison avec la liaison multimodale Sud-Est et le bouclage par les transports en commun entre le Sud de l’agglomération et ce secteur », précise-t-il. Au-delà de ces problématiques de trafic, les deux élues de l’opposition déplorent le « coût exorbitant du projet », évalué à plus de 90 millions d’euros, et la destruction de dizaines d’hectares.
« 27 hectares qui vont être bitumés à 100% et pour lesquels vous nous proposez de voter une compensation. Mais je suis désolée, monsieur Moudenc, j’ai quand même l’impression que vous prenez les gens pour des idiots car, clairement, le compte n’y est pas », déclare Agathe Roby. Elle explique : « Si des terres 100% naturelles deviennent à 100% du bitume, il faut compenser d’autant à côté. Or, que voit-on dans les annexes de la délibération ? Des parcelles avec gestion conservatoire, d’autres avec simplement des renforcements de haies ou, encore mieux, avec maintien des pratiques de gestion actuellement mises en place. C’est ça votre compensation ? ».
Pour Hélène Cabanes, il s’agit là d’une « pseudo-compensation pour se donner bonne conscience ». « Il est illusoire de croire que la mise en place d’une zone de compensation, quelle qu’elle soit, puisse réparer la destruction d’une autre zone. Nous savons que l’être humain ne peut pas reproduire à l’identique et compenser dans un lieu les dommages qu’il a réalisés dans un autre », affirme l’élue avant d’estimer qu’il « serait plus simple de ne pas construire cette Jonction Est car elle affectera trop la biodiversité, les espaces verts et donc la vie humaine ». Sacha Briand déclare qu’il « entend les observations qui sont faites à la fois contre le principe même du projet et sur les conditions de compensation qui sont rendues nécessaires ». Mais « il lui semble que cette délibération participe » à ces conditions. Il souligne d’ailleurs que le projet, en lui-même, inclut « des éléments qui témoignent de la prise en compte de la dimension environnementale », comme spécifié dans l’avis de l’autorité environnementale.
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