Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, et Sacha Briand, son adjoint aux finances, ont demandé la protection fonctionnelle après leur dépôt de plaintes pour diffamation contre François Piquemal, député LFI et candidat aux Municipales, et Agathe Roby, élue d’opposition. Pour le groupe Alternative municipaliste citoyenne, le maire se sert de « l’argent public pour attaquer ses opposants ».
« Jean-Luc Moudenc utilise l’outil institutionnel à des fins de cabale politique contre la gauche », dénonce Agathe Roby, coprésidente du groupe d’opposition Alternative municipaliste citoyenne (AMC). Deux demandes de protection fonctionnelle sont à l’ordre du jour du conseil municipal de Toulouse ce vendredi 26 septembre. L’une pour Jean-Luc Moudenc et l’autre pour Sacha Briand, adjoint au maire chargé notamment des finances. Et ce, suite à des plaintes en diffamation déposées, comme le rapporte Agathe Roby, contre François Piquemal, député La France insoumise et candidat aux Municipales à Toulouse, et contre elle-même.
« Sacha Briand a porté plainte contre moi », indique-t-elle avant d’ajouter : « J’ai fait un tweet qui ne lui a visiblement pas plu ». Dans celui-ci, posté sur X après la désignation de Sacha Briand en tant que directeur de campagne de Jean-Luc Moudenc pour les Municipales 2026, l’élue écrit : « Ça promet cette campagne ! Il a supprimé un bureau de vote sur cinq. Les investissements pour la troisième ligne de métro sont beaucoup plus importants qu’attendu. Il fait payer les habitants pour la campagne de Jean-Luc Moudenc en faisant payer à la collectivité des sondages IFOP ».
Pour Maxime Le Texier, également coprésident d’AMC, il s’agit « d’un tweet d’opposition politique qu’on peut qualifier de virulent ». « Mais il n’y avait pas d’insulte ad hominem », souligne le conseiller municipal qui détient, en revanche, « toute une liste des outrances verbales de Sacha Briand qui vont bien plus loin que ce simple tweet ». Dans sa plainte, l’adjoint au maire estime que « les mentions du message ainsi publié font directement référence aux délégations de fonctions dont il est titulaire et s’adressent donc manifestement à l’élu délégué aux finances de la Ville de Toulouse ». Il a donc porté plainte « compte tenu du caractère diffamatoire des propos » et demandé la protection fonctionnelle. « Protection fonctionnelle qui ne m’avait pas été accordée quand j’avais été menacée de mort », déclare Agathe Roby.
Pour rappel, en janvier dernier, l’élue d’opposition dénonçait sur les réseaux sociaux le caractère religieux des fèves dans les galettes des Rois distribuées aux écoles publiques de Toulouse. Une campagne de harcèlement s’en était suivie. La conseillère avait notamment reçu un courrier directement à son domicile. « J’ai eu des messages qui racontaient des choses horribles qui allaient m’arriver. J’avais donc besoin d’un huissier pour saisir tout ce qu’il y avait sur les réseaux sociaux. Ce qui coûte de l’argent. C’est pour ça que j’avais demandé la protection fonctionnelle », rapporte-t-elle. Mais elle lui avait donc été refusée. « Jean-Luc Moudenc se fait le chantre de la protection des élus. Sauf que, quand Agathe Roby subit des menaces de mort et de violences sexuelles, il refuse de lui octroyer la protection fonctionnelle. Nous dénonçons donc une inéquité complète sur la défense des élus et une dérive outrancière », déclare Maxime Le Texier.
Sur ce dernier point, l’élu fait également référence à la plainte du maire de Toulouse contre François Piquemal. « Il vient utiliser l’argent public pour attaquer ses opposants à la course municipale », estime-t-il. Ce qui lui fait dire, plus largement, que la majorité « utilise l’argent public pour museler l’opposition ». « Il y a véritablement une volonté d’instrumentaliser les choses. Et cela se fait, de surcroît, avec de l’argent public. Quand il demande à ses services juridiques de monter une plainte pour diffamation afin de défendre l’institution de Toulouse qui se fait attaquer par un opposant, il franchit un cap. Ici, on n’est plus seulement dans la protection fonctionnelle de l’élu », considère Maxime Le Texier. Pour lui, Jean-Luc Moudenc « a des pratiques de caniveau » en ce début de campagne pour les élections municipales.
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