59% des habitants de l’agglomération de Toulouse plébiscitent le RER
L’association “Rallumons l’étoile”, qui promeut la création d’une première phase du RER à Toulouse, a réalisé une enquête pour connaître l’avis des habitants sur son projet. La majorité est pour. L’association espère que les résultats de son étude va permettre de « faire bouger les lignes ».

« Comment vous déplacez-vous aujourd’hui ? Le RER toulousain pourrait-il améliorer votre quotidien ? Pourquoi ? ». Autant de questions que “Rallumons l’étoile” a posé dans le cadre de son enquête “Et si le RER toulousain changeait votre vie ?”. Cette association promeut la création d’une première phase du réseau express régional dans l’agglomération qui comprend notamment une tarification intégrée, des bus coordonnés, un nœud de correspondance à Matabiau et des trains cadencés de 5h à minuit. Elle souhaitait recueillir l’assentiment des habitants sur ce projet de RER à Toulouse.
L’association a ainsi lancé son enquête fin 2022. « Nous souhaitions avoir l’avis des habitants sur les mesures que nous proposons », indique Benoît Lanusse, le président de “Rallumons l’étoile”. Près de 5 000 habitants de 300 communes de l’agglomération et des alentours ont participé à cette enquête. La majorité d’entre eux pensent qu’une première phase du RER toulousain pourrait améliorer leur quotidien. « En moyenne, 59% des habitants ont répondu “oui, tout à fait” et 27% “plutôt oui”. Il y a donc un intérêt majeur », souligne Benoît Lanusse.
Les automobilistes et motards insatisfaits de leurs modes de déplacement
Après avoir relevé une appétence certaine des habitants pour le RER, l’association a cherché à comprendre ce qui la déterminait. Il leur a donc été demandé leur mode de déplacement principal. Ainsi, 53% utilisent leur véhicule individuel motorisé, 18% le vélo ou la marche, 15% les transports en commun autres que le TER et enfin, 13% le TER. Ces derniers ont ensuite dû indiquer s’ils étaient satisfaits de leurs modes de déplacement.
La plupart des sondés ont répondu par l’affirmative à l’exception des automobilistes et motards. « Deux tiers d’entre eux se disent insatisfaits de leurs modes de déplacement. Ces derniers sont 67% à estimer que le RER pourrait améliorer leur quotidien », relève le président de “Rallumons l’étoile”. Il poursuit : « Ces habitants disent que les transports en commun ne sont pas une alternative à la voiture car il n’y a pas assez de trains le soir et le week-end et le réseau de bus est insuffisant ».
Les habitants prêts à changer leurs habitudes de déplacement avec un RER ?
Selon cette enquête, 44% des automobilistes insatisfaits ne prennent jamais le TER. « Ils ne connaissent pas le train. Mais certains sont prêts à changer leurs habitudes de déplacement avec une première phase du RER », assure Benoît Lanusse. Pour affirmer ses dires, il cite une étude de Vincent Kaufmann sur l’évolution des logiques de choix modal dans les villes de Berne, Lausanne et Genève en Suisse, depuis 1994. « Dans ses travaux, il montre que la part des automobilistes exclusifs a baissé. Ils sont beaucoup plus usagers des TER, des transports en commun et du vélo », note le président de l’association.
Cela s’expliquerait notamment grâce à une « nouvelle place accordée aux modes doux » et des « améliorations notables de l’offre de transports publics ». « Si nous mettons une offre de transports en commun différente, une partie de la population est prête à évoluer », estime Benoît Lanusse. Pour lui, une première phase du RER toulousain serait donc « un levier intéressant ». « Les mesures que nous proposons pourraient répondre aux problématiques des habitants, améliorer leur quotidien ou le changer radicalement », appuie le président de l’association qui appelle d’ores et déjà à « optimiser le réseau existant ».
L’association demande aux principaux acteurs de trouver un accord sur le RER
L’association avait fait le vœu, en septembre, d’un accord entre l’État, la Région, Tisséo et la SNCF sur une première phase du RER toulousain. « Nous avons reçu le soutien de beaucoup d’élus. Plus d’une trentaine de conseils municipaux et intercommunaux ont délibéré pour appuyer cette proposition. Les élus de Toulouse Métropole ont en effet voté un vœu à l’unanimité en octobre et ceux du Sicoval au mois de mars », souligne Benoît Lanusse, le président de “Rallumons l’étoile”. Mais pour le moment, le projet de RER toulousain n’avance pas. Les principaux acteurs ne se sont pas encore mis d’accord.
« Il n’y a toujours pas de projet partagé entre eux », déplore Benoît Lanusse qui ajoute : « Il faudrait avancer maintenant ». D’ici cet été, le volet mobilité du Contrat de plan Etat-Région(CPER) 2021-2027 doit en effet être finalisé. « Pour nous, soit l’Etat, la Région, le Département, Tisséo et la SNCF se mettent d’accord sur une première phase du RER toulousain d’ici juin et il pourra y avoir des avancées, soit ils ne sont pas capables d’arriver à un accord et nous risquons d’être bloqués d’ici 2030. Nous n’aurons pas de financement et irons à la catastrophe », prévoit Benoît Lanusse.
Une enquête pour « faire bouger les lignes » à Toulouse
En attendant, l’association va continuer « à faire son travail de pédagogie, à mobiliser et à faire bouger les lignes pour accompagner les décideurs vers un accord » grâce à son enquête. “Rallumons l’étoile” veut aussi s’adresser aux habitants et entreprises. « Les problèmes qu’ils ont peuvent avoir des solutions. Nous voulons sortir des débats d’initiés afin qu’il y ait toujours plus d’habitants et d’entreprises qui demandent aux décideurs d’arrêter de tourner autour du pot », espèrent Benoît Lanusse.
L’association, qui a mobilisé 11 000 euros et plus de 200 heures de bénévolat pour cette enquête, ouvrira l’accès aux données récoltées. Le président de “Rallumons l’étoile” explique : « Il y a encore plein de choses à creuser. Nous avons eu 2 000 témoignages et n’avons pas exploité tous ces résultats. Il y a donc de la matière pour approfondir ». En effet, cette enquête est « une des rares recueillant autant de réponses et informant sur les déplacements des Toulousains ».