Depuis plusieurs semaines déjà, un collectif s’est monté pour dénoncer les conditions de travail à la Fondation Bemberg à Toulouse. La direction du musée d’Art toulousain a licencié de nombreux salariés depuis 2020. Et alors que l’établissement a rouvert ses portes après quatre ans de travaux, la tension reste palpable.
Que se passe-t-il à la Fondation Bemberg, véritable institution culturelle à Toulouse ? Cécile Pistre, ancienne cadre, a décidé de se battre contre la direction et témoigne des conditions de travail et des licenciements qu’elle juge abusifs. Après avoir travaillé pendant 28 ans à la Fondation en tant que responsable des services éducatifs, l’ancienne salariée fait partie des employés récemment licenciés. Selon elle, une stratégie de licenciement déguisée a été mise en place depuis 2020, utilisant les importants travaux de rénovation comme prétexte pour des ruptures conventionnelles : « La plupart des employés ayant accepté ces ruptures étaient censés être réembauchés à la réouverture du musée, mais cela ne s’est pas passé ainsi. »
Selon le témoignage de Cécile Pistre, seuls quatre employés sont restés durant les travaux pour maintenir la visibilité du musée et préparer sa réouverture qui devait avoir lieu au bout d’un an de chantier. Cependant, avec l’arrivée de la nouvelle direction en juillet 2022, ils ont subi un « management toxique ».
Cécile Pistre et une de ses collègues reprochent alors à la nouvelle directrice d’avoir instauré « un climat de travail insupportable », ciblant spécifiquement les anciens employés avec des salaires élevés et beaucoup d’ancienneté, les poussant à bout jusqu’à devoir quitter leurs postes pour des raisons de santé. « Cela a duré plusieurs mois jusqu’en janvier 2024 lorsqu’une collègue et moi-même avons été licenciées pour inaptitude, juste avant la réouverture du musée », rapporte Cécile Pistre.
La direction de la Fondation Bemberg de Toulouse, face à ces accusations, a apporté des réponses détaillées au Journal Toulousain. Elle reconnaît ainsi que, lors de la fermeture du musée pour travaux en 2020, « un accord de rupture conventionnelle collective a été conclu avec l’ensemble des salariés, incluant une promesse de réembauche pour ceux qui le souhaitaient. » Sept salariés ont effectivement fait valoir leur droit à la réembauche au moment de la réouverture. Seulement, la direction n’a pas le même discours concernant la suite des événements : « La Fondation a donc, pour ce faire, voulu planifier des entretiens avec chacune des personnes concernées et malgré plusieurs relances, ces personnes n’y ont pas donné suite. »
Concernant le chiffre avancé par le collectif, qui précise que 21 salariés sur 22 ne font plus partie du personnel, la direction précise que 16 salariés étaient concernés par l’accord de rupture conventionnelle, et que 9 d’entre eux n’ont pas souhaité revenir travailler à la Fondation. Puis, la Fondation affirme être tenue à une obligation de réserve concernant la situation de ses anciens salariés mais confirme cependant que deux salariées ont été licenciées pour un motif qu’elle considère « indépendant de [sa] volonté ».
La direction réfute ainsi l’existence d’un plan de licenciement. Elle explique que l’arrêt des activités du musée pour travaux a nécessité la mise en place d’options pour les salariés, incluant « des accompagnements individuels, des formations qualifiantes, des aides à la mobilité géographique et à la création ou reprise d’entreprise, ainsi que des indemnités de départ supérieures à celles prévues en cas de licenciement. » La Fondation réaffirme donc son ouverture au dialogue et regrette que les anciens salariés aient choisi de médiatiser leur situation plutôt que de poursuivre les échanges qu’elle a « toujours cherché à maintenir ».
De son côté, le collectif Bemberg, formé par les anciens employés, a souhaité sensibiliser le public à leur situation, en organisant des manifestations, en lançant une pétition en ligne et écrit plusieurs fois au président de la République. Ils souhaitent obtenir justice et reconnaissance pour les préjudices subis. Bien qu’ils préfèrent éviter un long procès, ils sont prêts à « faire le nécessaire » pour obtenir les indemnités qui leur sont dues et mettre en lumière les pratiques « abusives » de la direction de la Fondation.
Commentaires