Véritable hommage au monde paysan et plus particulièrement au pastoralisme, le second roman de l’auteure Toulousaine Maylis Adhémar, “La grande ourse” vient de paraître aux éditions Stock. Il raconte l’histoire de Zita, fille d’éleveurs dans les Pyrénées, dont le quotidien déjà compliqué va se retrouver chamboulé par la découverte du cadavre d’un ours sur l’estive où paissent les brebis de sa famille.
La réintroduction des ours dans les Pyrénées est un sujet ô combien délicat. L’auteure toulousaine Maylis Adhémar a décidé de s’en emparer dans son second roman “La grande ourse“. Publié aux éditions Stock en janvier dernier, il nous plonge dans la vie de Zita. Fille d’éleveurs, qui a grandi dans la vallée d’Ossèse en Ariège, cette jeune femme était vouée à devenir bergère. Mais elle décide de quitter les Pyrénées et partir à la découverte du monde.
Cette envie d’ailleurs des enfants de paysans, Maylis Adhémar a pu en être témoin. « Beaucoup de mes amies, filles d’agriculteurs, sont parties, puis revenues à la ferme », indique l’écrivaine qui a grandi dans « un petit village du Tarn ». Comme elles, Zita revient aussi sur la terre de ses ancêtres, cinq ans après les avoir quittées. Le roman débute au moment où elle quitte tout pour retrouver les montagnes pyrénéennes, son père, sa mère, son frère et sa grand-mère.
De retour à Ossèse, Zita croise le chemin de Pierrick, un Toulousain. La fille des montagnes et le citadin se plaisent et s’installent ensemble à Toulouse. Mais Zita doit alors apprendre à vivre avec la fille de son compagnon, Inès, et… son ex-femme. Situation qu’a bien connue l’auteure. « J’ai été belle-mère à 25 ans avant de devenir mère. Nous sommes dans une société où cette position est encore compliquée. J’avais envie de m’emparer de ce sujet », confie Maylis Adhémar.
Zita peine à trouver sa place au sein de la famille de Pierrick, mais aussi dans la Ville rose. « Elle a envie d’être dans sa montagne. Mais elle ne peut pas en vivre », raconte l’écrivaine. Alors, Zita ne cesse d’aller et venir entre Toulouse, où elle habite et travaille, et la vallée d’Ossèse, où sa famille et son cœur se trouvent. Mais elle ne peut être partout à la fois et rate inévitable des événements importants.
Le quotidien déjà compliqué de Zita est alors bouleversé par la découverte du cadavre d’un ours sur l’estive où paissent les brebis de sa famille. « Cet événement va venir tout chambouler », appuie Maylis Adhémar. Entre pro et anti ours, Zita va effectivement se retrouver d’autant plus tiraillée. « Elle est sur un fil de crête », appuie l’auteure. D’autant que la fille du compagnon de Zita devient une fervente défenseuse des ours.
« C’est toute la complexité d’une famille recomposée. Ce sont des personnes qui sont obligées de vivre ensemble et sont parfois en désaccord sur certains sujets, comme celui de l’ours », constate l’écrivaine toulousaine qui ajoute : « Mon but était ainsi de faire entrer un sujet politique dans l’intime ». Une manière pour Maylis Adhémar de « faire comprendre la détresse des agriculteurs ».
« J’ai des amis agriculteurs qui sont en souffrance et ont le sentiment d’être méprisés alors que ce sont eux qui nous nourrissent », souligne l’auteure. Après avoir réalisé une chronique de la bourgeoisie ultra catholique dans “Bénie soit Sixtine“, la Toulousaine fait ainsi « un hommage au monde paysan » avec “La grande ourse“. Et si Maylis Adhémar a choisi d’aborder le pastoralisme, c’est pour « mieux comprendre la complexité du sujet ».
« J’ai une sœur vétérinaire en Ariège qui travaille avec des éleveurs et constate des prédations sur des brebis. Dans le même temps, j’entends beaucoup d’avis positifs sur l’ours à Toulouse. Il y a un décalage entre ce que pensent les urbains et la détresse des agriculteurs. Je voulais donc être bousculée par les pro ours et les éleveurs », déclare la Toulousaine qui a ainsi vécu quelque temps auprès de ces paysans pour pouvoir écrire son roman.
Ni pro, ni anti ours, comme l’héroïne de son second roman finalement, Maylis Adhémar confie : « Au départ, je voulais donner la parole aux éleveurs. Mais finalement, je me suis rendue compte de toute l’hypocrisie sur le sujet de la réintroduction des ours. Celle-ci s’est faite sans les éleveurs des Pyrénées. On leur impose l’ours alors qu’il aurait fallu faire en sorte qu’ils puissent cohabiter », déplore l’écrivaine qui ne se définie pas comme anti ours pour autant.
Davantage que son premier ouvrage, l’auteure nous livre un roman très intime avec “La grande ourse“. « J’ai mis plus de choses de moi dedans », révèle Maylis Adhémar qui a beaucoup de points communs avec Zita. Toutes deux ont été dans un lycée agricole, sont parties en estive… « Mais Zita reste un personnage de fiction », assure Maylis Adhémar. En effet, son roman « s’ancre dans le réel, mais porte une histoire romanesque » qui nous transporte au fil de ses pages dans le difficile quotidien des éleveurs et à travers la superbe vallée d’Ossèse.
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