Airbus décide d’annuler la livraison de 19 A350 commandés par Qatar Airways. Les deux géants sont en conflit depuis l’été 2021. En cause, la dégradation de la surface du fuselage des avions.
Le conflit opposant l’avionneur européen et la compagnie de Doha se durcit encore. Airbus a décidé d’annuler le reste de la commande d’A350 passée par Qatar Airways, selon l’agence de presse Reuters, mercredi 3 août. Le constructeur devait encore livrer 19 appareils à la compagnie pour un montant de 7 milliards d’euros, selon le prix catalogue, qui n’est en réalité jamais appliqué.
Les deux géants sont en conflit depuis août 2021 lorsque la compagnie qatarie a décidé de clouer au sol une partie de sa flotte de gros porteurs A350. D’abord 13 puis 21 avions sur les 53 qu’elle possède. En cause, la dégradation de la surface du fuselage des avions. Les Qataries réclament 200 000 dollars d’indemnisation par avion et par jour d’immobilisation. Soit 1,4 milliard de dollars un an après le début du conflit.
L’avionneur considère que son avion est sûr et qu’il peut voler en dépit de ce défaut qui ne serait qu’esthétique. Pour y remédier, il a proposé des solutions certifiées par l’Easa, l’Agence européenne de la sécurité aérienne. Elles ont été mises en œuvre par d’autres compagnies concernées. Mais Qatars Airways, soutenue par l’autorité de régulation du secteur dans son pays, ne l’entend pas de cette oreille et estime qu’il est trop tôt pour déterminer si la sécurité de l’appareil est compromise. D’ailleurs, le Qatar est le seul pays du monde à avoir immobilisé des A350 pour cette raison.
Airbus et Qatar Airways se livrent une guerre inédite dans le milieu aérien. L’avionneur a ainsi déjà annulé une commande de 50 A321 passée par la compagnie du Golfe. Il s’appuie sur une clause selon laquelle un défaut d’un client sur les termes d’un contrat ouvre le droit au constructeur de renégocier ou de résilier d’autres contrats avec le même client. Le défaut en question, la compagnie cliente a refusé de prendre livraison d’A350.
L’affaire a d’ailleurs été portée par Qatar Airways devant la justice britannique qui a donné raison à Airbus. Il n’est pas exceptionnel qu’une compagnie aérienne demande l’annulation d’une commande, pour des raisons financières ou à cause d’un changement de conjoncture par exemple. En revanche, il est remarquable qu’un constructeur choisisse de ne pas livrer des avions à une compagnie qui a les moyens de payer.
Bryan Faham
Bryan Faham écrit pour le Journal Toulousain depuis 2021. Formé à l’ISJT, il est passé par le France-Guyane, 20 minutes, La Tribune et Freshr.
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