Les différends se multiplient entre le maire de Saint-Lys, Serge Deuilhé, l’État et les élus de l’opposition concernant l’implantation dans la ville d’un Centre de préparation au retour (CPAR) devant accueillir 120 migrants dont les demandes d’asile ont été rejetées et qui souhaitent volontairement rentrer dans leur pays d’origine.
Serge Deuilhé, le maire de la commune de Saint-Lys, située dans le Nord de la Haute-Garonne, organise ce vendredi 30 septembre à 18h un rassemblement sur le parking de l’école Tabarly. L’objectif ? Contester la décision de l’État d’installer, à Saint-Lys, un Centre de préparation au retour (CPAR), autrement dit un établissement d’accueil pour les migrants dont les demandes d’asile ont été rejetées, et qui souhaitent volontairement retourner dans leur pays d’origine.
Le problème, selon l’édile, n’est pas d’accueillir ces migrants. Mais bien de ne pas avoir été informé en amont des projets d’installation d’un Centre d’accueil dans les locaux de ce qui était autrefois une maison de retraite, baptisée “La joie de vivre”. « Il y a un an, nous avons appris l’achat de ces locaux. Plusieurs mois et beaucoup de ténacité ont été nécessaires pour identifier les acquéreurs. À notre plus grand étonnement, il s’agit de l’État qui a mandaté le groupe Adoma pour installer un CPAR d’une capacité de 120 personnes. Jamais nous n’avons été informés de cette opération auparavant. Nous avons été mis devant le fait accompli », s’indigne Serge Deuilhé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux de la Ville.
De plus, la mairie s’agace que l’État, en constante demande de production de logements sociaux, utilise cet établissement situé « dans une entrée de ville et à proximité de tous les services publics » pour installer un Centre d’accueil, et non pour créer des habitations à destination des familles moins favorisées. « Il n’est pas question pour la municipalité de s’opposer à l’accueil de migrants, mais pas dans ces conditions. Ce projet est disproportionné et incompatible avec les spécificités et capacités du territoire », insiste Serge Deuilhé.
En plus d’avoir voté une motion refusant le projet en octobre dernier, le maire de Saint-Lys affirme avoir écrit, dès la rentrée 2021, au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, ainsi qu’à Monique Iborra, députée (Renaissance) de la sixième circonscription de Haute-Garonne, « afin de trouver un compromis acceptable pour tous, une solution qui favorise la cohésion sociale et territoriale ». « Force est de constater que nous n’avons pas été entendus. Aucune réponse concrète n’a été donnée et aucun rendez-vous n’a été honoré à ce jour », ajoute Serge Deuilhé, qui a donc décidé d’organiser ce vendredi une manifestation sur le parking de l’école, situé devant la résidence hôtelière des Ondes. Établissement où une vingtaine de migrants délogés des allées Jules Guesde de Toulouse demeurent, en attente que la préfecture statue sur leur situation.
Une version des faits toutefois contredite par la députée haut-garonnaise dans les colonnes de La Dépêche du Midi : « Comme d’habitude, monsieur le maire de Saint-Lys doit trouver des boucs émissaires à des situations qu’il crée lui-même par manque d’anticipation », attaque-t-elle. Monique Iborra y explique son étonnement et affirme que des « réunions de concertation avec monsieur le maire, Adoma et madame la sous-préfète (Cécile-Marie Lenglet) » ont bien eu lieu. « Je ne puis regretter encore une fois, que sachant que l’Ehpad actuel devait être libéré, monsieur le maire n’ait pas fait de propositions qui visiblement auraient pu éviter la situation que nous avons aujourd’hui. La proposition qui m’a été présentée par monsieur le maire dans une longue lettre est arrivée trop tardivement, et était hors sujet », conclut-elle.
De son côté, l’opposition municipale se positionne, à l’image de Serge Deuilhé, contre l’installation du CPAR. En revanche, elle a signé un communiqué commun reprochant au maire, tout comme la députée Monique Iborra, son manque d’anticipation face à la situation : « Depuis 2016, l’Ehpad la “Joie de Vivre” doit quitter Saint-Lys. Hélas, première erreur faute de volonté, monsieur le maire n’a pas acheté en son temps, lors de sa mise en vente, le terrain et les bâtiments de cette maison de retraite. Il n’a pas su y concevoir une ambition communale. De ce fait et par cette faute originelle, ce vide municipal, un projet de CPAR s’y est organisé. Nous le savons depuis plus d’un an déjà. Monsieur le maire et son équipe majoritaire sont donc seuls responsables. À quelques mois du déménagement de l’Ehpad et de sa perte pour Saint-Lys, monsieur le maire, dos au mur, se victimise pour faire oublier son manque de dynamisme et de vision d’avenir ».
Ainsi, et malgré leur opposition à l’implantation du Centre de préparation au retour dans la ville, les élus de la minorité déclarent qu’ils ne participeront pas à la mobilisation ce vendredi 30 septembre. Une décision qui s’explique notamment par « l’absence de dialogue citoyen » en amont de l’organisation d’une telle manifestation. « Au-delà des effets de manche et de la piètre communication de monsieur le maire, nous lui demandons donc d’organiser une réunion publique préalable à toute autre action afin d’informer et de discuter avec la population sur ce thème grave qui engage l’avenir de notre territoire », conclut l’opposition.
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