Le maire de Cugnaux, Albert Sanchez, a récemment retiré les délégations de cinq de ses adjoints évoquant « la perte de confiance affectant le bon fonctionnement de l’administration communale ». Il se retrouve alors avec seulement quatre adjoints.
Liste dissidente, retrait de délégation… À moins de six mois des Municipales, rien ne va plus au sein de la majorité à Cugnaux. Lors du dernier conseil municipal, les élus ont voté le retrait de délégation de cinq adjoints, à la demande du maire. Cela concerne notamment Dorine Béna, adjointe au sport et à la participation citoyenne, Maryse Drouillet, adjointe à l’éducation et à la jeunesse, Muriel Limondin, adjointe à cohésion sociale et aux solidarités et Frédéric Goudal, adjoint à l’urbanisme et à la transition écologique. Des élus démissionnaires de la majorité fondatrice de “Cap Citoyen” qui ont constitué le nouveau groupe politique “Cugnaux OSE” (Objectif social écologique) en 2021 à la suite de « désaccords avec le maire dès le début du mandat », rappelle Thomas Karmann, conseiller municipal au maraîchage. « Depuis, ils ont un pied dedans, un pied dehors », estime Albert Sanchez.
Toutefois, le maire de Cugnaux concède : « Nous avons travaillé de manière très transversale avec les élus de “Cap Citoyen”, ceux de “Cugnaux OSE” et l’administration sur des thématiques variées. Et cela a très bien fonctionné jusqu’au mois de juin ». C’est à ce moment là que les élus de Cugnaux OSE ont annoncé travailler à l’élaboration « d’une liste pour permettre la victoire de la gauche en 2026 » dans leur commune, mais « sans le maire sortant », évoquant un mandat « entaché par des multiples controverses et des polémiques récurrentes l’impliquant ». Et ce, « alors que nous étions encore en train de discuter sur le fait de partir tout ensemble », déplore Albert Sanchez. Pour autant, il affirme qu’il n’avait « pas l’intention de supprimer les délégations » de ces élus à l’annonce de la liste dissidente.
« Je pensais bien arriver jusqu’au bout du mandat. Sauf que cet été, ils ont écrit aux Cugnalais des lettres avec en-tête de la mairie, sans le feu vert du cabinet, ni celui de l’administration. Ce qui nous a mis en difficulté auprès des habitants », fait savoir le maire avant d’ajouter que cela a également « causé une période de trouble dans l’administration ». Sur ce point, Thomas Karmann déclare : « Il ne nous a jamais reproché de vive voix l’envoi de ces courriers d’information qui sont tout à fait de droit pour les conseillers municipaux, de la majorité ou de l’opposition, d’ailleurs. Donc, selon moi, c’est un non-sujet. Ou, à minima, un sujet qui aurait pu donner lieu à une discussion avec le maire, mais qui ne justifie pas un retrait de délégation ». Sauf qu’Albert Sanchez voulait « clarifier la situation vis-à-vis de l’administration et de la population ».
« C’était impossible de rester comme ça », appuie-t-il. Pour appuyer son choix, il cite en exemple le vote, au mois de décembre prochain, du Schéma de cohérence territoriale (SCOT), un document d’urbanisme qui détermine, à l’échelle de l’agglomération toulousaine, un projet de territoire. « Cela a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Ces élus allaient s’y opposer. Cugnaux aurait alors été la seule des 114 communes à voter contre ce document structurant, qui, pour ne pas être bloqué, doit avoir un avis favorable de l’ensemble des villes concernées », souligne Albert Sanchez qui regrette que les élus de “Cugnaux Ose” aient cherché à « pourrir la situation de la ville ». Thomas Karmann explique : « Dans ce document, on retrouve de nombreux projets auxquels les écologistes sont opposés, que ce soit la jonction Est, le boulevard urbain qui viendrait mettre des voitures sur le parc de la Ramée, celui qui viendrait faire un contournement autour de Tournefeuille en passant à travers les quartiers résidentiels de Cugnaux. Ce sont des projets avec lesquels nous ne sommes pas d’accord. Nous ne pouvions pas voter pour ».
Albert Sanchez a donc annoncé, le mardi 16 septembre, le retrait des délégations de cinq de ses adjoints et de trois conseillers municipaux « par voie de presse, couplée d’un mail du directeur du cabinet du maire », comme le révélaient les élus concernés. « Il est clair que je ne les ai pas convoqués les uns après les autres pour leur dire qu’ils étaient hors des clous. Parce qu’ils l’étaient depuis un moment », note l’édile. Cela a, pour autant, une grande surprise pour eux. « Nous ne nous y attendions pas », révèle Thomas Karmann qui poursuit : « Il n’y a eu aucune discussion, en amont, qui pouvait laisser présager une décision aussi brutale ». Et ce, même si les élus d’OSE avaient ressenti « une petite crispation » du côté du maire, après l’annonce de leur liste. Pour eux, ce retrait de délégation est donc « davantage en lien avec les élections que liées à la vraie gestion de la commune ». D’ailleurs, selon les élus, cette décision va « plonger, une fois de plus, la commune dans une situation de grande instabilité ». « Est-ce que nous allons avoir une réelle capacité à développer et continuer les politiques publiques menées ? Ou est-ce que nous allons être encore paralysés pendant six mois de plus ? », s’interroge le conseiller municipal.
L’objet de ses inquiétudes, notamment : le budget. « Il y a un vrai enjeu puisque c’est ce qui permet de faire fonctionner la ville. Et si nous ne votons pas de budget avant les prochaines élections municipales, cela risque d’être compliqué pour l’équipe qui prendra le relais à la tête de la ville », détaille Thomas Karmann. Le maire, de son côté, se veut rassurant : « Le budget de fonctionnement 2025 sera reporté sur 2026 à partir du 1er janvier. Les services pourront donc continuer à travailler. Concernant le budget investissement, la loi prévoit qu’on reporte automatiquement un quart du montant de celui de l’année précédente qui était de 10 millions d’euros. Nous allons ainsi pouvoir basculer 2,5 millions d’euros afin de démarrer les premiers mois de l’année ». Albert Sanchez n’est d’ailleurs pas pour un vote du budget 2026 avant les Municipales. « C’est exactement le contraire de ce qu’il faut faire. Le budget 2026 sera le résultat des élections. Il doit correspondre au programme qui sera présenté aux électeurs », affirme-t-il.
Outre le budget, Thomas Karmann s’inquiète de « la politique communale qui va être menée d’ici la fin du mandat ». « Est-ce qu’il va y avoir de nouveaux écarts majeurs au programme que nous avions élaboré, comme cela a pu être le cas avec l’annonce de l’installation de caméras de vidéosurveillance, alors que nous avions écrit noir sur blanc dans le programme que nous ne le ferions pas ? ». Le maire, lui, se réjouit de « pouvoir remettre sur la table des projets qui ont été stoppés par des positionnements idéologiques, dogmatiques, de l’équipe de OSE. Il y a des projets majeurs concernant la mobilité, les travaux ou encore l’environnement qui vont être libérés parce que nous avions une chape de plomb nous empêchant de faire quoi que ce soit dans cette commune », déplore-t-il.
Concernant le fonctionnement du conseil municipal, Albert Sanchez, qui a perdu cinq de ses neuf adjoints, se dit « serein ». « Nous sommes encore 13 élus à Cap Citoyen. Nous nous sommes répartis les délégations. Nous travaillerons en sincérité, sans calcul, ni manipulation », informe le maire. Dans le détail, Albert Sanchez garde l’urbanisme et l’éducation, la cohésion sociale a été affectée à son septième adjoint Christian Berho, la culture à sa neuvième adjointe Carole Teillais, le maraîchage à son huitième adjoint Patrick Jeanbon et la coordination à la vie des quartiers au conseiller municipal Serge Soca. « Ils sont prêts, ils ont déjà pris leurs marques et rencontré les services. Tout se passe bien », garantit l’édile.
Les élus qui ont perdu leur délégation se disent, eux, « attristés de la situation ». « Nous sommes engagés dans nos fonctions depuis 2020 et avons toujours voulu porter le projet pour lequel nous avons été élus », certifie Thomas Karmann. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils n’ont pas souhaité démissionner de leurs fonctions d’adjoints. « Nous avons toujours été très clairs sur notre volonté d’aller au bout du mandat et du programme. Et notre place, elle était, à notre sens, dans l’exécutif. Le groupe “Cugnaux Ose” a permis des rappels permanents au programme de 2020. Cela nous paraissait assez logique de continuer à défendre ces positions au sein de la majorité, même s’il peut y avoir des désaccords », exprime le conseiller municipal qui conclut : « Maintenant, nous allons faire tout notre possible pour continuer à faire vivre cette alternative à travers la liste de Frédéric Goudal en 2026 ».
Commentaires