Une usine d’enrobage devrait s’installer durant quelques mois à Gragnague pour permettre la rénovation des chaussées de l’A68, mais des habitants dénoncent les risques de cette centrale sur la santé et l’environnement. Quels sont-ils ?
Elle suscite l’inquiétude chez certains habitants de la commune. Une usine d’enrobage à chaud devrait s’installer temporairement à Gragnague. Porté par la société Eurovia, ce projet de centrale doit permettre la rénovation des chaussés de l’autoroute A68, sur une section de 17 kilomètres comprise entre Toulouse et Gémil. L’usine servira en effet à la production d’enrobé nécessaire à ces travaux de maintenance.
Cette dernière serait en activité d’avril à septembre prochain, puis démontée à la fin des opérations et le site sur lequel elle se trouve « remis en état », assure Vinci Autoroutes, maison-mère d’Eurovia. Même si elle est temporaire, certains habitants ne veulent pas de cette centrale d’enrobage. Ils ont ainsi constitué un collectif, “Non à l’usine à goudron à Gragnague”, en février pour « alerter les pouvoirs publics sur l’impact de ce projet ».
« L’enrobage est un processus industriel qui implique l’utilisation de produits chimiques et de matériaux polluants, tels que les hydrocarbures aromatiques polycycliques et les métaux lourds. Reconnues comme cancérigènes par l’OMS et le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC), ces substances sont dangereuses pour la santé humaine », soulignent les membres du collectif.
Gragnague se révolte contre cette bombe sanitaire 💣 d’usine à goudron à côté d’un centre équestre et d’habitations véritable projet écocide‼️#environment #ecologie #faunes #habitationendanger #cancerinfantile pic.twitter.com/auES1tv2Gm
— NON à l'usine à goudron à Gragnague (@NonUsineGoudron) March 6, 2023
Selon eux, l’usine aurait aussi « des conséquences graves sur la biodiversité et l’environnement ». « Elle pourrait contribuer à la destruction d’espèces protégées de la faune et de la flore, ainsi qu’à la détérioration d’habitats naturels », estiment-ils. Le collectif dénonce par ailleurs « l’insuffisance de l’étude d’impact environnemental et sanitaire présentée dans le dossier pour demander l’autorisation à la préfecture d’exploiter le site ».
Eurovia a effectivement fait une demande d’autorisation à la préfecture de Haute-Garonne qui a ainsi lancé une consultation publique. Dans celle-ci, il est possible de constater « l’incidence potentielle de l’installation » sur l’environnement, notamment les risques sanitaires causés par les « rejets atmosphériques des centrales d’enrobage », indique Vinci Autoroutes. Et ce n’est pas tout.
L’usine sera aussi source de trafics « liés à l’approvisionnement en matériaux et à la livraison des enrobés », de bruit « lié au fonctionnement des centrales et au trafic sur site », d’odeurs, de rejets dans l’air « constitués des gaz d’échappement des véhicules circulant sur le site et des rejets gazeux émis par les cheminées du dépoussiéreur », mais également de rejets liquides, « uniquement des eaux usées sanitaires et pluviales ».
Face à tous ces risques, Vinci Autoroutes mettra en place plusieurs mesures, à commencer par le traitement spécifique des poussières et fumées « dans le dépoussiéreur qui permet de collecter l’ensemble des éléments fins qui sont réintroduits dans l’enrobé ». Les fumées, « constituées de vapeur d’eau provenant du chauffage des granulats d’enrobés », feront également l’objet de « contrôles par un laboratoire extérieur indépendant pour s’assurer en continu qu’elles ne constituent pas un risque pour l’environnement en veillant au strict respect de la réglementation ».
Pour limiter les émissions de poussières générées par le trafic sur le site, les pistes seront « régulièrement arrosées avec de l’eau prélevée dans les bassins de traitement et/ou recyclée depuis d’autres postes du chantier ». De même, afin de réduire les nuisances olfactives, « les camions de livraison des enrobés seront bâchés immédiatement après leur chargement ». Vinci Autoroutes assure par ailleurs que « le niveau sonore des centrales ne dépassera pas les niveaux admissibles » ou encore que « les rejets dans l’air seront conformes » à la réglementation.
La consultation du public sur le projet de centrale d’enrobage à chaud prendra fin le lundi 20 mars prochain. À l’issue de celle-ci, la préfecture de Haute-Garonne rendra son avis. « L’installation fera l’objet soit d’un arrêté préfectoral d’enregistrement, éventuellement assorti de prescriptions, soit d’un arrêté préfectoral de refus », précisent les services de l’Etat dans le département.
Vinci Autoroutes assure : « En cas d’autorisation du préfet, l’usine fera l’objet de contrôles par un bureau extérieur et indépendant durant son fonctionnement. Ces mesures permettront de s’assurer de la protection de l’environnement par le bon respect des normes sanitaires et environnementales inscrites dans l’arrêté sur le plan de la protection de l’air, l’eau, le bruit, avec un suivi des seuils réglementaires réalisés par les services de l’Etat ».
Mais cela ne suffit pas au collectif d’habitants. Si l’arrêté préfectoral s’avère favorable, ses membres annoncent en effet « s’engager dans la constitution d’un recours contentieux auprès du tribunal administratif ». En attendant, la mobilisation continue. Une nouvelle manifestation est d’ailleurs prévue devant le futur site de la centrale d’enrobage à chaud ce samedi 18 mars.
Le précédent rassemblement du collectif contre l’usine avait réuni 200 personnes, dont le maire de Gragnague. Le collectif a par ailleurs lancé deux pétitions, dont une qui a recueilli plus de 2 000 signatures. Ses membres ont également envoyé plusieurs courriers auprès des administrations, notamment la préfecture et les mairies des communes voisines, pour les alerter sur ce projet.
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