Le Centre de rétention administrative de Cornebarrieu, près de Toulouse, est critiqué dans le rapport de la Cimade pour l’année 2023. En cause, des placements entravant l’accès aux droits, exacerbant la promiscuité et la détérioration de la santé des personnes enfermées.
Le Centre de rétention administrative (CRA) de Cornebarrieu, près de Toulouse, fait l’objet de vives critiques dans le rapport annuel de la Cimade pour l’année 2023. Cette association, spécialisée dans l’accompagnement des personnes étrangères, souligne une série de dysfonctionnements et d’atteintes aux droits fondamentaux des personnes enfermées.
Le document révèle « un très grand nombre de placements limitant l’accès des personnes enfermées à leurs droits », avec environ 1 500 individus, dont une forte proportion d’origine algérienne, ayant séjourné en rétention. Un tiers des personnes retenues reste moins de 48 heures au centre, mais la durée moyenne de rétention est de 22 jours. Pour certains, elle va jusqu’à 90 jours.
La restructuration du Centre de rétention administrative de Cornebarrieu en avril 2023 a augmenté sa capacité à 126 personnes, exacerbant la promiscuité et le stress. En conséquence, les audiences du juge des libertés et de la détention surchargées et les visites familiales retardées ou annulées, faute de personnel suffisant, ont entravé l’exercice des droits des retenus. Les conditions d’accueils sont aussi pointées : « Malgré la construction récente d’une piste cyclable, il n’existe ni abri, ni parking, ni arrêt de bus à proximité du CRA », écrit la Cimade.
Le rapport cite aussi des difficultés d’accès aux communications personnelles, une hygiène insuffisante des locaux, et un usage excessif de l’isolement disciplinaire.
« La rétention administrative implique intrinsèquement et systématiquement de la souffrance physique et psychique pour toute personne enfermée. Or, l’enfermement de personnes déjà vulnérables et malades s’est poursuivi en 2023, provoquant souvent la détérioration de leur état de santé. Par exemple, deux femmes enceintes ont été enfermées pendant l’année », selon la Cimade.
Le rapport critique également la réitération des placements sans examen approfondi des situations individuelles, incluant des personnes en situation régulière ou même de nationalité française. Des femmes victimes de violences se retrouvent enfermées alors qu’elles devraient être protégées.
L’association raconte : « De nombreuses femmes ont été enfermées alors que leurs enfants se trouvaient sur le territoire français. Parmi elles, plusieurs ont été ainsi séparées de leurs enfants mineurs, alors qu’il n’y avait aucun autre représentant légal des enfants sur le territoire. »
Bryan Faham
Bryan Faham écrit pour le Journal Toulousain depuis 2021. Formé à l’ISJT, il est passé par le France-Guyane, 20 minutes, La Tribune et Freshr.
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