Ils tirent la sonnette d’alarme seulement une semaine après la rentrée. Les syndicats de l’Education Nationale dénoncent la fermeture de huit classes supplémentaires en Haute-Garonne, décidée par la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN) de la Haute-Garonne, le jeudi 4 septembre dernier. Ils appellent à la mobilisation et à la grève ce mercredi 10 et le jeudi 18 septembre prochain.
« Pourquoi sommes-nous venus ? », c’est l’interrogation de Julia Zinutti du Syndicat des Enseignants (SE) – UNSA 31 après la rencontre entre l’intersyndicale de l’Education Nationale et le nouveau Directeur académique des services de l’Éducation nationale (DASEN) Christian Mendivé, le jeudi 4 septembre dernier, à l’occasion des instances de carte scolaire. Un sentiment partagé par sa consœur Jennifer Pelissier, co-secrétaire de la FSU-SNUipp 31 : « A quoi ça sert d’avoir des instances et du dialogue social si finalement rien ne bouge et que nous ne sommes pas écoutés ? ». Lors d’une conférence de presse tenue ce mardi 9 septembre, l’intersyndicale a dénoncé un manque de considération de la part du DASEN, ce dernier ayant décidé de fermer huit classes supplémentaires en Haute-Garonne, une semaine après la rentrée. Une mesure, inédite dans le département depuis 2020, très contestée par les syndicats. Pour Annick Camalet, du Snudi-FO 31, « c’est complètement dérisoire. C’est beaucoup de chamboulement, beaucoup de stress, mettre les écoles à mal, juste pour récupérer huit postes, quand on sait qu’il nous en manque des centaines dans le département. Ca n’a aucun sens, aucun intérêt ». L’année dernière, déjà, les syndicats s’étaient fortement mobilisés pour empêcher ces fermetures.
D’après les institutions, ces dernières permettraient un meilleur encadrement des élèves et une amélioration du dispositif de remplacement. Pourtant, les enseignants alertent sur des postes non pourvus et non remplacés et sur une brigade de remplacement quasiment épuisée en cette rentrée 2025. « Aujourd’hui, dans la plupart des circonscriptions de Haute-Garonne, il n’y a plus de remplaçants disponibles. Au mieux, nous en avons cinq mais nous n’allons pas tenir une année scolaire comme ça », annonce Jennifer Pelissier. Dans un communiqué de presse, diffusé le 4 septembre dernier, la FSU-SNUipp 31 affirme que les près de 300 contractuels du 1er degré, en poste en juin dernier, n’ont toujours pas été renouvelés.
Par conséquent, les enseignants se retrouvent avec des classes surchargées, et quand ces derniers sont absents et ne sont pas remplacés, leurs collègues peuvent se retrouver seuls à gérer plusieurs classes en même temps. « C’est la sécurité qui est en jeu. L’année dernière, il y avait parfois un adulte pour 50 élèves. C’est de la mise en danger des enfants », alerte Jennifer Pelissier. « Ce phénomène nouveau », d’après Julia Zinutti, inquiète particulièrement les syndicats, d’autant plus qu’il s’ajoute à une réalité bien concrète : les établissements ne sont pas conçus pour accueillir autant d’élèves dans de telles conditions. « Une collègue a passé la journée dans la cour de récréation parce qu’elle n’avait pas la place d’accueillir tous les élèves dans sa classe », raconte Annick Camalet. « On sait que la cour est un endroit particulièrement accidentogène. Plus on reste dans une cour de récréation, plus il y a de l’agitation et des risques de blessures et d’accidents », explique Jennifer Pelissier.
Face à cette détérioration des conditions de travail, difficile pour les enseignants de voir une issue. « Il n’y a aucune amélioration en perspective. Rien n’est proposé pour que ça se passe mieux. Il y a une telle souffrance au travail », déplore la co-secrétaire de la FSU-SNUipp 31. Avant de donner les chiffres concernant les saisies au Registre Santé Sécurité au Travail (RSST) : plus de 2 000 signalements ont été enregistrés en 2024 en Haute-Garonne. Un chiffre dangereusement en hausse, année après année. Sur la période 2023-2024, près de 1 500 saisies ont été effectuées au RSST, moins de 1 000 sur l’année scolaire 2022-2023.
Les syndicats demandent donc le recrutement immédiat de personnels titulaires pour la Haute-Garonne, 3 000 postes d’enseignants, dont 2 000 pour le 1er degré, 500 postes d’AESH ainsi que des postes santé-sociaux et administratifs. Ces revendications seront à nouveau abordées lors de la prochaine instance du DASEN, ce vendredi 12 septembre, durant laquelle un rassemblement se tiendra devant le Rectorat de Toulouse à partir de 12h.
En attendant, les syndicats appellent à la mobilisation et à la grève ce mercredi 10 et le jeudi 18 septembre pour «exiger un vrai budget pour l’Ecole ».
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