Alors que la Semaine européenne de la vaccination se poursuit jusqu’au 10 mai, le centre municipal de Toulouse participe à l’événement en proposant gratuitement plusieurs vaccins indispensables. Le but de cette 21e édition est de mettre l’accent sur les seniors, dont le système immunitaire plus fragile rend la vaccination essentielle. Pourtant, en Haute-Garonne, le nombre d’injections est en baisse selon le dernier Bulletin de Santé Publique France.
Comme chaque année, le centre municipal de vaccination de Toulouse prend part à la Semaine européenne de la vaccination, qui se tient jusqu’au 10 mai partout en France. Cette initiative vise à rappeler l’importance de la vaccination, notamment chez les plus âgés, en raison d’une recrudescence de maladies comme la rougeole et les méningites. À cette occasion, les vaccins de base (rougeole et grippe A) sont proposés gratuitement sur rendez-vous. Malgré cette mobilisation annuelle, la Haute-Garonne affiche des taux de couverture vaccinale en recul selon Santé Publique France. Une tendance inquiétante qui interroge sur les causes du désengagement vaccinal local.
Chez les plus de 65 ans, seule une personne sur deux est correctement vaccinée contre la diphtérie, le tétanos, la polio ou la grippe. Les rappels sont de moins en moins réalisés avec l’âge. À 65 ans, seulement 50% sont à jour pour le DTP, 44% à 75 ans et à peine 34% à 85 ans. Pour la grippe, moins d’un senior sur deux, entre 65 et 74 ans, est vacciné. Et il ne s’agit pas que d’un oubli, puisque ce même désengagement est également observable chez les moins de trois ans.
En Haute-Garonne, la couverture vaccinale des nourrissons pour les trois doses du vaccin hexavalent (vaccin combiné qui protège en une seule dose de six maladies : diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, hib, hépatite B) est estimée à 90,2% en 2023. C’est moins qu’en 2022 (91,5%) et qu’en 2021 (92,2%). Cette baisse régulière s’inscrit dans une tendance nationale, mais la Haute-Garonne reste en dessous de la moyenne.
Malgré la sensibilisation auprès du grand public, la défiance envers certains vaccins reste ancrée. Le dernier baromètre de Santé publique France indique une adhésion stable à la vaccination autour de 63,7%. Une partie de la population doute encore de l’efficacité ou de la nécessité de certains vaccins, en particulier ceux non-obligatoires.
De plus, les oublis de rappels de vaccins se multiplient. Chez les adultes et les seniors, beaucoup ignorent qu’ils doivent recevoir des rappels réguliers. Le manque de communication ciblée sur ces rappels contribue à cette baisse. La crise sanitaire a aussi désorganisé durablement le parcours vaccinal. De nombreuses vaccinations faites en PMI ne sont pas intégrées aux bases nationales, et le retour à un suivi régulier tarde. Le département souffre également d’une baisse de fréquentation des structures de prévention.
Moins de vaccins, c’est plus de risques. La Haute-Garonne, comme d’autres départements en Occitanie, voit réapparaître des maladies que l’on pensait oubliées : rougeole, coqueluche, méningites… Le seuil de 95% de couverture vaccinale pour certaines pathologies n’est toujours pas atteint. Ce niveau est pourtant essentiel pour garantir une immunité collective et empêcher les épidémies.
« Au-delà de la protection individuelle, se faire vacciner est un geste profondément altruiste », assure le docteur Sophie Lemoine, généraliste à Toulouse. Il permet de créer une barrière collective contre la circulation des virus et bactéries. « Quand une majorité de personnes est vaccinée, cela protège aussi ceux qui ne peuvent pas l’être : les nourrissons trop jeunes, les patients immunodéprimés, les personnes âgées fragiles », poursuit-elle. En atteignant un taux de couverture élevé, la population agit comme un rempart. « La vaccination devient alors un acte solidaire, un engagement pour la santé des autres autant que pour la sienne », conclut la médecin.
Meïssa Hadjeb
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